Dans l’Aisne, au cœur de le campagne Axonaise, Alexandre Carette, 39 ans, est directeur de magasin de la grande enseigne multisport à fond la forme, et comme Obélix : il est tombé dans la marmite de quand il était petit. Non loin de Villers-Cotterêts, il a été animé par la chasse du petit gibier dès les premières heures de sa jeunesse et il a voulu redonner vie aux terres agricoles de son enfance.
Texte et photos : Margaux Huntress
Fruit de la ruralité, Alexandre Carette est fils d’un père agriculteur et d’une mère bras droit, qui a œuvré pour le bon fonctionnement de la ferme. Il a très vite appris à connaître les animaux en côtoyant le vivant et en acceptant la mort. Elle est d’ailleurs peut-être là, la différence entre nous chasseurs, ruraux, et tous ces bobos-écolo tant déconnectés de la réalité de la vie. Dès son plus jeune âge, il marche dans les pas de son père lorsqu’il partait, fusil sur l’épaule, taquiner lièvres, faisans et perdrix grises avec quelques copains sur ses terres. Ensuite est venue l’heure de partir dans la traque derrière les fox de son père pour débusquer le grand gibier. C’est durant ces moments de partage qu’Alexandre à tout appris : le respect des animaux, leurs habitudes, la reconnaissance de leurs traces et bien d’autres choses encore en lien avec la vie sauvage et son évolution dans son environnement.
Pour Alexandre, la chasse passe avant tout par un amour profond pour la nature. Il est hors de question d’associer cette passion à seulement une sortie, fusil sur l’épaule. Il a appris à apprécier la chasse dans son intégralité et dans son dur labeur qu’est la gestion d’un territoire. Chasseur dans l’âme et dans le sang, la pratique de la chasse se fait pour lui par conviction. Et sa vie professionnelle lui a réservé bien des surprises ! Certaines rencontres avec des amoureux inconditionnels du petit gibier l’ont poussé à s’investir… Il a la chance de se trouver dans une région où le lièvre, le faisan et la perdrix grise parcourent les plaines. Au-delà de ça et de la convivialité, c’est également le travail des chiens d’arrêt qui l’ont séduit à déserter peu à peu les chasses du grand gibier, sans pour autant les abandonner complètement. Son constat sur l’abandon du petit gibier au profit du grand le conforte dans ses choix.
D’autant plus qu’il est convaincu que la chasse du petit gibier est la porte d’entrée à la revalorisation de notre passion auprès des non-initiés et le meilleur moyen de recruter de nouveaux chasseurs, qu’ils soient jeunes ou non. Formé par son aîné, il a pu observer et s’en inspirer. C’est avec beaucoup d’admiration qu’il le voit encore et encore se démener pour ses chasses. C’est donc naturellement qu’il a pris exemple sur lui pour reproduire ce que son père lui a toujours appris. Son envie de pouvoir retrouver les populations de petit gibier de son enfance et plus particulièrement la perdrix l’a poussé à créer une chasse de copains au petit gibier.
Sur les traces de son enfance
Sa « petite chasse de copains », composé essentiellement de jeunes, se trouve sur deux territoires à seulement quelques kilomètres l’un de l’autre. Et les 400 ha vont lui donner bien du travail. Le premier, c’est celui du cœur, celui qui l’a vu grandir. Situé sur le GIC de l’Ourcq, il s’agit des anciennes terres où son père cultivait. Quand il a cédé la ferme il y a une quinzaine d’années à son départ en retraite, ils ont gardé le droit de chasse. Puis petit à petit, ils ont abandonné la gestion de celui-ci. La passion pour le grand gibier avait pris le dessus. C’était le grand gibier avant tout. Mais cette terre étant ancrée au plus profond de lui, il a décidé de lui redonner vie en retroussant ses manches et en laissant couler quelques gouttes de sueur. Mais, pour cela, il a fallu abandonner les journées de chasse au grand gibier (pas toutes) qui le faisaient tant vibrer. Puis après plusieurs mois de boulot, un ami a commencé à voir la réelle motivation d’Alexandre pour faire revenir le petit gibier sur ses terres. Il lui a donc proposé de s’occuper de l’aménagement de son territoire situé en limite du GIC de Retz en contrepartie de pouvoir jouir de la chasse avec son groupe d’amis et ainsi pouvoir retrouver les sensations de son enfance.
Avec son expérience, Alexandre s’est vite rendu compte que la réussite passait avant tout par une bonne relation avec les différents acteurs locaux. Sur le territoire du GIC de l’Ourcq, certaines choses facilitent un peu la bonne entente. La maire du village n’est personne d’autre que sa sœur. Pas chasseresse mais éduquée dans une famille attachée à la terre, elle comprend la nécessité de chasser. Donc quand Alexandre lui demande de sensibiliser ses agents communaux sur le non-broyage des chemins, son amour pour la biodiversité apporte le résultat escompté. Ce n’est peut-être pas grand-chose direz-vous, mais c’est un excellent début. Il participe aussi avec ses amis à Hauts-de France-Propres car montrer aux gens du village que les chasseurs ne sont pas là uniquement pour tuer est important dans son combat. Alexandre part de rien, donc chaque pas est une petite victoire dans son rêve de revoir la reine des plaines parcourir son territoire. Quant aux agriculteurs qui ont repris l’exploitation familiale, il a fallu apprendre à les connaître et installer une relation de confiance. Sans cette confiance, l’agriculteur ne l’appellerait pas avant le fauchage des prairies pour qu’il effarouche les oiseaux avant de causer des dégâts sur les populations présentes. Quant au territoire du GIC du Retz, son ami qui lui donne le droit de chasse est agriculteur, il a donc été naturel pour lui d’œuvrer en faveur du petit gibier. Il a d’ailleurs, de sa propre initiative, implanter une bande de Miscanthus sur environ 800 mètres de long et 4 mètres de large. La bonne entente avec les gardes des deux GIC est également essentielle dans son projet. Cela lui permet d’avoir une surveillance permanente sur le terrain et des mains pour le piégeage. Il peut également compter sur le noyau dur de son équipe, qui compte 2-3 personnes qui s’investissent à 100% et plus particulièrement Bastien et Alexandre, des jeunes motivés qui ne rechignent pas à aller remplir les abreuvoirs régulièrement en période de sécheresse ou à venir planter des buissons sous un temps plus que maussade. D’ailleurs, Alexandre est bien conscient qu’à plusieurs ils sont plus forts pour réussir à accomplir la reconquête du petit gibier.
En partant de rien…et en faisant beaucoup !
Il y a quatre ans, lorsque Alexandre a décidé de reprendre les choses en main, il partait de zéro. Il ne s’en cache pas, il a commencé par lâcher de la perdrix rouge. Mais, il s’est vite rendu compte que ce n’était pas ce qu’il voulait. Alors peu à peu il s’est documenté, il a cherché auprès de plus expérimentés et la perdrix grise est devenue son cheval de bataille. Il a mis en place 24 agrainoirs répartis sur les 2 territoires. Il en a même installé chez son voisin qui était demandeur. Et ce avec les moyens du bord ! Il a récupéré des extincteurs et expliquer son projet à un ami agriculteur et bricoleur qui a façonné et même améliorer le système qu’Alexandre avait imaginé. Et l’avantage de l’extincteur, c’est que sa solidité résiste à un fléau que tout gestionnaire de petit gibier connaît : le sanglier. Il a installé également autant de bacs à eau. Preuve qu’ils sont utiles, en période de grosse sécheresse, les perdrix attendent les ravitailleurs en eau près des abreuvoirs. Dès le printemps, il installera de la paille autour de ses agrainoirs pour attirer les insectes et ainsi offrir sur un plateau la nourriture préférée des jeunes perdrix.
La prédation est également un fléau qu’il essaye de combattre. Une vingtaine de renards sont prélevés chaque année entre le tir d’été et le piégeage.
Mais il ne souhaite pas pour autant tous les enlever car ils prédatent aussi les rongeurs qui viennent piller les vivres au pied des agrainoirs. C’est un équilibre qu’il faut trouver. Il a également mis en place une corbeautière et s’est mis à réguler les becs droits car ils sont de plus en plus nombreux. Cependant, il y a encore des ajustements à faire, car il ne se trouve pas très bon dans l’exercice…
Depuis 2 ans, pour repeupler les campagnes, la fédération propose des perdrix grises de type F2. Ce sont des oiseaux issus de souches naturelles ayant une connaissance génétique sur la fuite face à la prédation. Une cinquantaine d’oiseaux sont lâchés après moisson, en même temps que quelques dizaines de faisans commun, à la seule condition de ne pas les chasser la première année. Des perdrix de type F3 sont elles aussi implantées sur le territoire grâce à des cages de prélâché. Cette méthode demande une surveillance accrue afin que cela fonctionne. Il faut pouvoir observer le comportement des perdrix déjà implantées sur le territoire pour savoir si les nouvelles arrivantes peuvent être adoptées. L’année dernière, 180 perdrix ont été lâchées grâce au soutien financier de la fédération et à l’investissement via les actions qu’il propose.
Quand il a commencé à réintroduire la perdrix grise, ces dernières préféraient aller voir ce qu’il se passait chez le voisin… Mais cette année ; bonne surprise ! L’ouverture fut un festival. Des compagnies de perdrix sauvages connues étaient au rendez-vous et les nouvelles compagnies récemment installées ne se sont pas laissé manœuvrer comme des débutantes, ce qui a rendu une chasse difficile, pour le plus grand bonheur d’Alexandre. C’est le point de départ d’une grande aventure. Il ne va d’ailleurs pas s’arrêter en si bon chemin.
Avec un nouveau coup de pouce de la part de sa fédération, il a planté pas plus tard que le 13 décembre), 525 buissons composé de troènes, prunelier, charme, églantier et cornouiller pour apporter de nouveaux abris. Dès le printemps prochain, de nouveaux plots de Miscanthus viendront prendre place entre ces buissons pour apporter davantage d’abris.
Aujourd’hui, Alexandre ne peut pas quantifier l’évolution de ses populations sur son territoire. Même s’il voit une réelle évolution positive, les comptages n’ont plus lieu chez lui depuis plusieurs années. Mais dès le mois de mars, ses lopins de terre seront à nouveau comptés. Ses efforts commencent à payer mais il sait qu’il s’agit d’un travail sur plusieurs années. Cependant ces premiers résultats prometteurs ne peuvent que l’encourager à persévérer.
Les Nouveaux Prédateurs
Comment ils menacent les hommes sans protéger les animaux ?
Un essai engagé qui met en évidence les dérives de l’écologie radicale et des militants antispécistes. Protéger les animaux, leur assurer des conditions de vie décentes, consommer autrement en respectant notre environnement… Qui serait en désaccord avec ces principes fondamentaux ? Mais, on le sait, l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions. Aujourd’hui, les activistes antispécistes et les militants écologistes les plus radicaux détournent ces idées partagées par le plus grand nombre. Animés par une idéologie radicale, convaincus que l’intimidation peut remplacer l’échange démocratique, ils imposent, peu à peu, leur vision du « meilleur des mondes ».