Chien d’arrêt : anglais ou continental ?

Chasse Actu
date 21 juillet 2022
author Richard sur Terre

Comme il est parfois difficile pour le chasseur amateur de chiens d’arrêt de choisir celui qui sera son futur compagnon pendant une bonne douzaine d’années. Celui-ci va devoir faire le choix entre un chien continental et un chien de grande quête anglais, ce qui est loin d’être évident. Pour compliquer son problème, il a entendu de tout et son contraire sur les uns et sur les autres, ce qui ne l’aide pas à prendre une décision… Essayons d’y voir plus clair.

Par Alain Philippe

Il est tout d’abord impératif de comprendre les caractéristiques de ces deux familles antinomiques. Les chiens d’arrêt de races britanniques et les continentaux modernisés, c’est-à-dire pointérisés, n’offrent pas aux chasseurs les mêmes qualités pratiques que les chiens continentaux restés plus ou moins purs ayant gardé leurs dispositions de chasse classique. Mais s’ils n’offrent pas les mêmes aptitudes, ils en offrent d’autres, tout aussi intéressantes. Les chiens de grandes quêtes anglais et leur métis, exclusion faite des sujets déséquilibrés et hypernerveux, possèdent des qualités remarquables. Mais l’instrument le plus perfectionné ne donne un avantage à l’ouvrier que dans l’exécution du travail pour lequel il a été conçu. Les qualités naturelles d’une race quelconque ne sont forcément mécanisées que par le dressage, et l’on peut donner ce dernier à n’importe quel animal, comme laisser libre cours à ses qualités naturelles. Ces qualités naturelles, pour s’exercer spontanément, présupposent des aptitudes au travail personnel intelligent et utile au chasseur. Car il faut bien constater que la plupart des chiens métis, lorsque le caractère braque est complètement dominé par le caractère pointer, exigent un dressage, disons, assez rude. On ne peut pas tout apprendre à un chien. Certaines aptitudes sont innées et ne peuvent s’acquérir. Elles sont plus ou moins développées chez des individus ou certaines familles, mais des races ou des familles ne peuvent parfois les posséder, ou elles ne les ont que par hasard ou à l’état embryonnaire, car leur constitution physique et leur mental s’y opposent par principe. Et s’ils les possédaient, ils ne pourraient en posséder d’autres qui justifient leur raison d’être et sont le propre de leur race.

Bien sûr, il ne faut pas généraliser. Des chiens anglais et des continentaux pointérisés chassent parfois sans dressage et possèdent des dispositions propres aux chiens continentaux, mais en ce cas, les qualités attendues de leur nature sont forcément atténuées, ils n’ont plus leur formule totale. Là, le caractère braque a pris le pas sur le caractère pointer. Car n’oublions jamais que ces derniers étaient tous à l’origine… des braques, et que pointers et braques possèdent indéniablement des aptitudes bien différentes. 

Galopeurs !

Les chiens d’arrêt anglais sont des galopeurs intégraux. Aussi, leur domaine idéal est la plaine. Plus elle est rase et étendue, mieux ils peuvent y exploiter leurs qualités de vitesse et de grande quête. Ils ne peuvent s’attarder pour suivre une piste à terre, et s’ils le faisaient, ils devraient pour cela baisser leur encolure et ralentir leur allure, sans quoi l’équilibre serait rompu. Les quadrupèdes galopeurs, non bâtis ras de terre, ont l’encolure longue et, dans l’action, ils sont obligés de porter la tête dans le prolongement du corps, car elle leur sert de balancier. S’ils la relèvent ou l’abaissent, ils ralentissent forcément leur allure, car elle agit comme un frein. Setters et pointers sont donc obligés de ne saisir que les émanations directes et de les capter d’assez loin afin de s’arrêter à prudente distance, et non près du gibier qui prendrait son essor avant. Cette disposition est exploitée à fond dans le double dessein d’accroître parallèlement la vitesse et nez, et pour battre dans le minimum de temps le maximum d’espace pour y déceler le gibier. Ces aptitudes s’amenuiseraient si le chien s’intéressait à pister un gibier blessé ou non, cette mauvaise habitude qu’il risque de prendre quand on sert de lui comme retriever, si l’on chasse le long d’une haie ou des buissons ou encore dans les couverts, ces oiseaux piétards, durs à lever, comme le perdreau rouge, la caille, le râle ou la bécassine sourde. Ces chiens de feu sont donc surtout destinés à chasser l’oiseau noble, le perdreau et notamment le gris qui tient en principe mieux que le rouge. Là, on décrit l’idéal inhérent à ces races, c’est-à-dire grand galop, le nez haut et arrêt de longueur. Diminuer ces aptitudes est, plus ou moins, rapprocher du continental un chien que son tempérament, sa construction et son atavisme ne prédisposent pas à chasser comme ce dernier. S’il le fait, il lui manque toujours quelque chose, ou bien il a quelque chose de trop. Le moins, c’est l’aptitude naturelle au petit travail d’artisan d’un continental, fait de patience et de ténacité, de roublardise avec certains gibiers, l’art de retrouver un désailé et de ne travailler que pour son maître. Le plus, c’est un emportement fréquent, une impatience, une quête trop ample avec pour conséquence un travail personnel. Mais on constate parfois que des chiens de grandes quêtes de races anglaises se comportent fort bien sûr la plupart de tous les gibiers à plumes, tant en plaine qu’au bois, et même en montagne et au marais. Dans ce cas, le chien anglais chassant exactement comme un continental n’est plus un insulaire qu’au physique ; mais alors ce dernier lui est un handicap, quant au moral, il est une exception, une erreur, il est contre nature. En aucune façon on ne saurait d’ailleurs compter sur lui pour transmettre à sa descendance des facultés contraires à sa race. Car, s’il est pur, les lois de l’hérédité lui en laissent peu de chance. S’il ne l’est pas, son cas ne prouve rien.

Loin de moi de reprocher aux chiens anglais de posséder des qualités qui fait justement leur renommée. Pointers et setters sont des chiens uniques dans les fonctions qui sont leur raison d’être, et si j’avais l’emploi de ces fonctions, je n’en voudrais pas d’autres. Mais je ne vois pas l’avantage à les employer pour un travail auquel sont mieux adaptées d’autres races. Il est évident que beaucoup de chasseurs s’épargneraient bien des déboires s’ils choisissaient leur chien idoine à leurs besoins, leur âge et leur tempérament, plutôt qu’en se fiant aux slogans de la mode et aux publicités intéressées.

Mes chiens, mes complices, mes amis …

J’ai chassé avec différents chiens au cours de ma vie. Avec du recul, il m’est aujourd’hui impossible de déterminer celui ou celle qui m’a donné le plus de satisfaction. Il est vrai que mes chiens anglais de grande quête m’ont laissé de fabuleuses visions indélébiles d’arrêts sur perdreaux, bécassines et bécasses. Par contre, tous mes chiens continentaux se sont toujours montrés particulièrement efficaces. En réfléchissant objectivement, lorsque nous chassions dans les plaines de Beauce, sur Millevaches, dans les pâtures en Normandie ou dans les Montagnes noires de Bretagne, j’ai pu constater que peu de chiens anglais arrivaient à égaler le nombre d’oiseaux arrêtés par mes chiens continentaux. Ce qui causait systématiquement le soir entre chasseurs passionnés, des discussions interminables sur le bon ou moins bon choix d’un Trialer pour cette pratique.  

J’ai eu la chance de posséder quatre chiens continentaux qui se sont vite révélés être de redoutables auxiliaires. Tout d’abord, Noé, un braque français mâle, chien retors, fin de nez, au physique puissant, qui pistait les oiseaux sur de longs trajets et qui arrivait toujours à les bloquer à bonne distance. Du grand art ! Puis, Noisette, une griffonne Korthals, qui possédait un odorat d’enfer allié à une intelligence supérieure. Malgré des moyens physiques qui pouvaient sembler ordinaires, Sybelle, ma deuxième chienne Korthals, s’est toujours montrée extrêmement meurtrière. Et pour finir, Jacka, une femelle épagneul breton qui s‘est immédiatement démarquée comme étant hyper douée pour arrêter ou retrouver des oiseaux qui se défilaient dans des situations impossibles.

Entre-temps, l’envie du changement a fait que j’ai également acquis plusieurs chiens anglais de grande quête. Mon premier chien a été un setter anglais à l‘allure modérée, Tommy, qui ne chassait qu’en émanation directe, et qui avait la particularité de contourner systématiquement son gibier par de grands « en-avant », lorsque celui-ci se défilait. Céacé, une femelle pointer de feu à l’arrêt de plomb, qui, malgré un savoir-faire incontestable sur la plume, avait le grave défaut d’être folle de grand gibier. Et puis, Orange, une de ses filles au nez extraordinairement puissant, remarquable en grande quête. Orange avait la particularité de posséder une robe blanche et orange qui aurait certainement bien plu aux inconditionnels du braque saint germain…

Alors, qu’en conclure ? Il est toujours difficile de faire des comparaisons, surtout avec ses propres chiens, les situations comme conditions climatiques, terrains, et densité d’oiseaux n’étant jamais les mêmes. Cependant, ce qui est sûr et certain, c’est que mon prochain, et certainement dernier chien, sera un épagneul breton…

Bécassines de l’Adour, des prairies de Carentan, des 400 coups, perdreaux gris de Beauce, de Bapaume, bécasses que j’ai traquées sur Millevaches, dans les pins des Landes, dans les miséreux bois de Sologne, sur les Montagnes noires de Bretagne, je vous dois mes émotions les plus intenses. Dans mes souvenirs, votre poursuite est toujours associée à un de mes chiens, dont j’entends encore tinter votre grelot, bien après qu’il s’est tu.

Le Salon de la Chasse et de la Faune Sauvage 2023

Le Salon de la Chasse et de la Faune Sauvage de Rambouillet, qui aura lieu sur l’île Aumône, située en plein milieu de la Seine à Mantes la Jolie est connu comme le salon de chasse couvert le plus grand. Des exposants venus du monde entier se rassemblent pour présenter et démontrer les dernières nouvelles de l’industrie de la chasse en plein air couvrant autant des fusils de chasse que les vêtements à un public qualifié et intéressé. L’événement est une plate-forme de communication et information pour tous les chasseurs et les amateurs offrant d’excellentes occasions pour établir des nouveaux contacts.

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1 Commentaire :
  1. Arké
    16/01/23

    Je vais clore le débat … VIVE LES BROUSAILLEURS (humour)

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