Sur les routes sinueuses des gorges de l’Aveyron, nous sommes partis en compagnie de l’ancienne gloire du cyclisme français Didier Rous et deux de ses amis à la poursuite de la bécasse. Une bouffée d’oxygène que le directeur sportif de l’équipe B&B Hotels p/b KTM s’accorde chaque saison sur ses terres natales afin d’échapper un moment à une vie professionnelle qui ne lui offre aucun répit.
Texte : Jérôme Meilliere / Photos : Bruno Bade & Jérôme Meilliere
C’est plus précisément à cheval entre Tarn et Tarn-et-Garonne que le trio Pascal, Christophe et Didier se retrouve. Amis de longue date, Didier et Pascal se sont rencontrés lors du passage au professionnalisme du champion. Il était mécanicien et chasseur. Le rapprochement s’est donc fait naturellement. Christophe également passionné de cyclisme et de chasse est boucher charcutier de son état. Il a rejoint le duo depuis une dizaine d’années et arpente depuis avec lui le biotope très exigeant de gorges vertigineuses et de causses.
Un terrain de jeu grandiose
C’est sous une pluie fine et ininterrompue que se déroule la première étape de notre découverte. Après un café et quelques viennoiseries qui rempliront nos estomacs pour la journée, le temps est venu de se préparer. Il n’y aura pas d’entractes, les trois compères chassent d’une traite. Il n’est pas tout à fait 10 heures quand nous arrivons sur le lieu de ce premier acte. La sauvagerie des lieux donne l’impressionne d’être au milieu de nulle part.
Pour cette première journée humide, les trois amis sont accompagnés de la setter Osaka et des deux pointers Passion et Rebelle. Une équipe très jeune. Rebelle, 6 mois, effectue ses premiers pas en cette fin de saison. Certains diront que c’est trop tôt mais ces sorties auront pour but d’aiguiser sa curiosité et de prendre ses marques avec ses grandes « sœurs ». Pour Passion, qui n’est pour l’instant sortie que sur du terrain relativement plat et plus ouvert, c’est aussi le moyen de découvrir un nouveau territoire qui peut sembler difficile pour cette race à poil ras qui préfère des quêtes amples et « roulantes ».
Ici, l’environnement est cassant, très fermé et abrasif. L’oiseau se mérite. La plus expérimentée du jour est Osaka, 3 ans. Quelques coups durs durant cette saison ont forcé Didier et ses amis à miser sur la jeunesse.
Dans tous les cas, le cycliste ne se focalise pas : « Elles sont jeunes mais ne pas les faire chasser avec de vieux chiens ne m’inquiète pas, au contraire. Elles n’ont pas de concurrence, s’il y a des oiseaux elles auront tout le temps nécessaire de les trouver. Un chien avec de la bouteille peut mettre un frein à leur initiative, en « ramassant » les oiseaux sur un secteur qu’il connait déjà parfaitement ». Les sonnailles autour du cou posées et les hommes imperméabilisés, nous voilà partis. Osaka est équipée d’un biper, une technologie bien utile dans ce genre de tènement.
Didier aime à comparer ses chiens à des sportifs de haut niveau. « Nous laissons énormément d’initiative à nos auxiliaires. Même avec des sujets jeunes, voire très jeunes. Je ne suis pas pour les amener sur les places connues et je n’aime pas les avoir dans les pieds. Ici il faut qu’ils arrivent à trouver les bécasses seuls. Malgré certaines parcelles inaccessibles, j’apprécie les efforts fournis pour aller arrêter les oiseaux dans des remises souvent stupéfiantes. Nous ne les bridons pas et le biper est un précieux allié. Même si nos chances de réussite sont infimes par rapport aux nombres d’oiseaux arrêtés ».
Quelques allers-retours tambour battant pour se dégourdir les pattes et après s’être vidées, Osaka et ses copines s’engagent sans sommation dans une première coupe où s’entremêlent jeunes pousses de conifères, buissons noirs et épais ronciers. Après seulement quelques minutes, la sonnerie du biper se fait déjà entendre. Osaka est immobile. Le temps d’arriver l’oiseau s’est volatilisé. Le miroir déposé en guise de carte de visite ne laisse planer aucun doute, la belle était bien là, furtive. Le ton est donné, ces oiseaux de fin de saison ne se laisseront pas approcher facilement. Qu’importe, le but étant que les chiens trouvent. Comme le rappelle Didier : « le prélèvement est vraiment anecdotique, je ne chasse pas pour ça ! ».
Les campanes retentissent sans discontinuer. La petite Rebelle n’a pas froid aux yeux. Souvent aux basques de Passion, elle montre déjà de belles attitudes et ne rechigne pas devant les nombreux obstacles. La météo ne lui facilite pourtant pas la tâche. Le difficile apprentissage se poursuit. Toujours accompagnés par cette équipe benjamine, les trois amis continuent d’arpenter ce terrain qui exige un minimum de condition physique. Malgré cet oiseau rapidement arrêté, les jeunes auxiliaires n’ont pas eu de nouvelles pistes à exploiter. Le beeper reste muet et les sonnailles tournent toujours à plein régime. Alors que nous sommes dans la deuxième partie de la boucle, nous entrons dans une veine profonde où la belle des bois aime se remiser.
L’OVNI (Oiseau Volant Non Identifié) était bien une bécasse
La direction pris par cet OVNI ne laisse aucun doute. Pensant au départ à une grive ou un merle, il faut se rendre à l’évidence… C’était une sorcière et elle ne nous a pas attendu.
Pascal préconise de remonter la veine jusqu’à sa pointe. La pluie redouble. Le substrat calcaire caillouteux n’empêche pas les buis, chênes, genévriers ou autres houx de s’entremêler et d’offrir à notre oiseau un lieu de remise idéal. Ce joli décor qui semble plaire aux oiseaux. Tout à coup la cloche laisse place à l’électronique. L’attitude d’Osaka ne ment pas. Cette fois Scolopax rusticola est là, bloquée.
Le triangle formé par nos trois chasseurs lui est fatidique. Forcée à prendre son envol, elle est cueillie avant d’atteindre la cime des arbres. Une Osaka coriace a réussi à dompter cette mordorée qui a cru jusqu’au bout à la possibilité d’entrevoir le 20 février saine et sauve. Elle a été vaincue quasiment sur la ligne d’arrivée. Pascal marque la belle comme le veut la réglementation. Il est maintenant temps de rentrer. La pluie aura eu raison de l’appareil photo.
Une semaine pour faire sécher le matériel avant de prendre le départ de la deuxième étape.
Nôtre deuxième acte s’annonce avec un changement radical concernant la météo. Le soleil est enfin revenu, le ciel est d’un bleu éclatant. Nous sommes le 15 février et la fermeture approche à grands pas.
Entre deux courses, Didier revient donc pour sa dernière sortie de la saison cynégétique en compagnie de Christophe et Pascal mais avec deux setters de plus. À Rebelle, Passion et Osaka, s’ajoute donc Osis et Gohan. Ce dernier est un vieux briscard auquel sera offerte la retraite après cette belle journée. Dans ces contrées, la longévité de la carrière des auxiliaires canins est souvent mise à mal car le biotope ne leur laisse guère de répit.
Après des dizaines et des dizaines d’oiseaux arrêtés, Gohan méritera de couler des jours tranquilles sur le causse tarnais. Osis revient sur le devant de la scène après une petite semaine de repos. Un problème cardiaque contraint à préserver le cœur de cette jeune setter. Malgré sa fougue, Osis ne sort pas autant qu’elle le souhaiterait, mais aujourd’hui, c’est fête !
Une belle boucle est prévue au programme à travers des paysages magnifiques et diversifiés. Nous allons commencer par un plateau où poussent quelques sapins avec à leurs pieds une végétation dense et piquante. Les chiens n’ont pas attendu le feu vert pour se lancer à la recherche des derniers oiseaux de la saison. La météo est douce. Malgré les pluies diluviennes qui se sont abattues depuis plusieurs semaines sur l’ensemble du sud-ouest de la France, tout a déjà vite séché. Le soleil enfin revenu et le vent ont juste laissé quelques flaques sur les chemins argileux. Le contraste est saisissant par rapport à notre première journée. Les chiens ont maintenant pris possession des lieux.
Les sonnailles résonnent ici et là. Osis et Osaka prospectent à un rythme soutenu. Les allers et venus prennent de l’ampleur. Même s’il est difficile de poser les yeux et de suivre l’évolution de ces infatigables auxiliaires, Didier se régale toujours autant de leurs prises d’initiatives dans un biotope qui pourrait en rebuter plus d’un : « Je pourrais sortir sans arme, mon vrai plaisir est là. Observer leurs comportements dans ce milieu si compliqué est sans aucun doute le meilleur moment de la chasse. Évidemment, un prélèvement de temps en temps pour les récompenser est nécessaire mais ma vraie et seule satisfaction est de les voir remonter et démêler une piste. L’arrêt ferme puis la récolte d’un oiseau, c’est la cerise sur le gâteau ».
Pas de tir sans arrêt
Les chiens redoublent d’activité, apparemment plusieurs mordorées sont présentes. Le beeper nous met en alerte à diverses reprises. Mais à l’approche de la source sonore les cloches traditionnelles remplacent le sonnaillon électronique, signe que les belles ont pris la tangente. Mais se frayer un chemin sans affoler tout le monde est un exercice insurmontable. Il faudra que les bécasses soient complètement cadenassées pour avoir l’espoir d’approcher et surtout de se placer dans de bonnes conditions. À la végétation dense s’ajoute maintenant un relief en dent de scie. Juste avant de se lancer dans la prospection d’une veine abrupte creusée dans la roche, une fuyarde est décrochée après avoir fait s’employer pleinement les chiens. Passion est fière de rapporter cette belle qui était remisée dans des couverts d’épines noires, pas très hauts mais inextricables. Nous nous se lançons maintenant dans les pentes qui jouxtent les gorges de l’Aveyron. Le sol est recouvert d’un amas de roches calcaires. La flore se fait plus clairsemée. L’impression de changer de région en quelques mètres. Quelques arbustes et buissons dénudés sont posés sur de grands éboulis caillouteux tandis que des bandes de conifères donnent un peu de couleur au tableau.
Oiseau déroutant et fascinant
Tout le monde se fait surprendre
Didier peste de ne pas avoir fait suffisamment confiance à la jeunesse. C’est sur cet « échec » que les trois amis décident de rentrer tranquillement. Il fait chaud, les vieilles pattes de Gohan ont du mal à remonter la pente et il faut penser au cœur d’Osis.
Si Didier Rous aime à voir ses chiens remonter les émanations bécassières, sa vie de cycliste professionnel lui a donné l’occasion de monter sur divers podiums de courses prestigieuses. Son caractère combatif et son talent lui ont permis de se forger un palmarès qui en ferait pâlir plus d’un. Ses 13 participations au Tour de France suffisent à résumer sa longue et riche carrière. Mais ses deux plus grands coups d’éclats restent ses deux titres de champion de France récoltés en 2001 et 2003. Sacré dans le Morbihan en 2003, il réalisera ce jour-là l’exploit de finir seul après 80 kilomètres en solitaire. Même son dauphin du jour Richard Virenque n’y pourra rien. Didier a récolté également bon nombre de victoires dans les courses à étapes (dont une sur la Grande Boucle en 1997) et sur de nombreuses classiques. Après l’annonce de sa retraite sportive en 2007, il est resté dans le monde cycliste en endossant naturellement le rôle de directeur sportif, une fonction qu’il mène avec passion.
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