L’automne au Québec est un enchantement qu’il faut absolument vivre une fois dans sa vie. La Belle Province, magnifique mais aussi parfois rude, est un « pays » de contraste où la nature a toujours le dernier mot. Elle est aussi, incontestablement, à certains moments de l’année, une merveilleuse terre de bécasses…
Texte et photos (sauf mentions contraires) : Rémi Ouellet
Pour les Européens et plus particulièrement pour les cousins Français, le francophone Québec déborde de stéréotypes dont, entre autres, les grands espaces et l’été indien même s’ils ont depuis longtemps perdu une part de leur candeur. Pourtant, il y a bel et bien là une magie qui opère en automne. En ce qui nous concerne, cette magie c’est la chasse de la bécasse d’Amérique, un gibier sauvage roublard et splendide. Sa sauvagerie est elle aussi haute en couleurs. Le phénomène chimique complexe lié à l’apparition des couleurs est jumelé à la photopériode qui commande la vie des animaux et la migration.
Terre de bécasses
Les temps changent, nos enfants grandissent et quittent la maison, des amis prennent quelques rides, d’autres disparaissent, mais une chose demeure : la chasse de la bécasse. Que seraient les contrées de l’Amérique du Nord sans ce fabuleux oiseau ? Juste le fait de savoir qu’il revient des états du sud sous les étoiles pour se reproduire chez nous, au Québec, relève de l’exploit. La mordorée doit sur ce voyage braver des vents contraires et des tempêtes de neige tardives. Son trajet est jalonné d’obstacles, de montagnes, de gratte-ciels, de pylônes électriques et de parcs éoliens pour revenir nidifier près du boisé qui l’a vu naître. La bécasse est comme le saumon de l’Atlantique qui voit le jour dans une rivière, redescend à la mer pour revenir systématiquement pondre dans le cours d’eau où il est né.
L’évolution des conditions météorologiques, les changements de paysages (refaçonnés par l’homme au fil des ans) ajoutent aux embûches du voyage du charadriiforme pour compléter son cycle vital. Avec l’hirondelle, le chant nasillard du mâle bécasse dans la campagne annonce le retour du printemps. La croule du coq pour séduire une poule est spectaculaire. Après une suite de vocalises appelées « peent », il s’élance pour accomplir une série de figures aériennes très vives, ailes sifflantes dans l’air humide du soleil couchant. Cette danse nuptiale assez spectaculaire du mâle bécasse lui a d’ailleurs valu le nom de “Sky dancer ” dans la langue de Shakespeare. Au Québec, la chasse de la bécasse et des oiseaux migrateurs relève du gouvernement fédéral. L’ouverture générale et celle de la mordorée se situent le troisième samedi de septembre. Ce jour les bécassiers l’attendent avec fébrilité et leurs auxiliaires canins sont prêts, mentalement et physiquement.
Juillet…
La saison du bécassier québécois débute dès le premier juillet. Évidemment la chasse n’ouvre pas au cours de ce mois estival mais la loi nous autorise à aller au bois avec les chiens. À cette période, les jeunes de l’année ont atteint leur taille adulte et sont bien volants. C’est un réel bonheur que de se retrouver entre amis avec nos auxiliaires canins et de se régaler des premières notes des cloches tôt le matin, c’est un genre d’ouverture. Ces sorties estivales donnent un avant-goût de la véritable saison de chasse à venir. En été, les oiseaux sont éparpillés dans la forêt verte et dense.
Août…
Chaud Septembre…
Arrive enfin septembre avec sa féerie de couleurs et le grand jour de l’ouverture de la chasse à la bécasse mais aussi de la gélinotte huppée, notre fameuse « perdrix sylvestre ». Comme en plein été pour l’entrainement de nos chiens, nous chassons avant midi avant de nous accorder une longue pose pour reprendre en fin de journée afin de profiter de la fraîcheur des ombres. Depuis quelques années, soit depuis les chambardements climatiques, le temps chaud persiste tard en septembre.
Comme rien n’est statique, les boisés accueillants pour la gente bécasse changent et vieillissent vite. Il nous faut constamment être en quête de nouvelles places. C’est le crédo des bécassiers du Québec d’explorer et de prospecter.
En plus du vieillissement naturel de nos tènements, il y a l’évolution de la société, l’étalement urbain, la construction d’autoroutes et des parcs industrielles qui grignotent année après année les jeunes peuplements des zones périurbaines. Pour le chasseur clairvoyant la technologie moderne est un atout majeur. En plus des cartes papiers conventionnelles, il y a maintenant les cartes électroniques où sont indiqués les plans de coupes et les stades de régénération des essences. Ce précieux outil évite à bien des égards des déplacements inutiles en donnant en temps réel l’évolution du couvert forestier. Sachant que la bécasse affectionne les jeunes peuplements de 10 à 15 ans la prospection n’en est que plus précise et amène le chasseur sur les terrains prometteurs. Mais là encore rien n’est gagné. Il faut parcourir ces places avec les chiens pour apprécier la vivacité des sites répertoriés.
Enfin l’ouverture
La végétation est dense. Les arbres sont en feuilles et le sol est recouvert de broussailles, de framboisiers, de hautes herbes, de terribles ronces tranchantes comme des lames ou encore de fougères qui font en sorte que lorsque les chiens prennent un arrêt la fenêtre de tir est limitée. Il y a aussi le cornouiller sanguin que nous appelons hart rouge dont les longues et fines branches de couleur rouge sang s’entrelacent et forment une infranchissable barrière quand vient le temps de monter servir les chiens à l’arrêt. Graduellement, il y a également l’aulne, le noisetier, le peuplier faux tremble et le bouleau. Quelques érables et merisiers croissent lentement ici et là et enfin on trouve les résineux. Ces exploitations agricoles abandonnées sont de plus en plus rares, il faut garder le secret sur ces sites. Les prairies se referment petit à petit mais le phénomène est lent et laisse toujours de bénéfiques trouées. Les bécasses affectionnent le pourtour des ouvertures. Ce sont des places de choix pour la qualité de l’abri qu’ils procurent.
Quand la pression fait exploser le couvercle de la marmite c’est l’apothéose. La bécasse choisit l’envol en chandelle et traverse les feuillages. Bruit d’ailes, boucan des cloches qui s’affolent la manœuvre a réussi… Elle a gagné. Nous la perdons de vu 2 secondes pour l’entrevoir une dernière fois avant qu’elle ne disparaisse derrière le mur de forêt.
Roublardes locales
Les bécasses d’ouverture sont nées ici, elles connaissent le terrain par cœur. Vu à hauteur d’homme la végétation semble impénétrable mais quand on se baisse et que l’on regarde attentivement, le sol est dégagé sous les fougères. Les oiseaux s’y déplacent allègrement et à grande vitesse. Il y a 40 ans nos mordorées québécoises avaient la réputation de tenir devant le chien, de ne pas piéter. Or, depuis 20 ans c’est différent.
B725 G5 : fiabilité, élégance et innovation sont les maîtres mots du B725 G5
Cette version luxe du B725 possède une gravure élégante entièrement retouchée à la main. Ses bois de qualité supérieure sont en grade 5 poncés huilés. Ce fusil est offert avec sa bagagerie de luxe opaline pour un transport sécurisé et stylé.