France Inter s’accapare mon travail

Cher lecteur, il faut que je te raconte une histoire. Une histoire qui concerne le service public et sa vision particulière du « service public ». En l’occurrence, je vais parler de France Inter et des échanges surréalistes que nous avons eus, eux et moi, chacun bien à sa place : l’un assis sur une montagne d’argent public, l’autre dans un couinant fauteuil de bureau Ikéa.

Texte : Richard sur Terre

Il y a quelques semaines, je sortais cette vidéo qui revenait sur les bons mots de Gaspard Proust dans une interview menée par Léa Salamé sur France Inter. Si tu ne l’as pas encore vue, et que tu veux apporter un peu de contexte à cette chronique, la vidéo s’appelle : « Gaspard Proust atomise les écolos ». Alors je sais que tu verras peut-être dans ce titre une tentative bassement « putaclic » de faire venir le chaland, et peut-être que tu auras bien raison. J’aurais pu lui préférer « analyse sociologique de l’écologie politique par le prisme d’un aphorisme Dostoïevskien », mais je t’assure, cher lecteur, que les résultats auraient été bien plus mitigés.

Parce que oui, à l’échelle de ma chaîne, cette vidéo a bien marché : 80 000 vues en quelques heures (150K aujourd’hui). Pas de quoi faire pâlir les géants de YouTube, mais un résultat tout de même encourageant pour le petit créateur que je suis.

Mais à peine me congratulais-je de ces bons résultats, que je recevais un mail de la part du géant américain :

« Bonjour Richard sur Terre,

Après examen manuel, le titulaire des droits d’auteur a revendiqué du contenu utilisé dans votre vidéo.

Votre vidéo est en ligne, et les paramètres de visibilité que vous avez sélectionnés lui ont été appliqués. Cependant, elle est à présent monétisée par le titulaire des droits d’auteur. »

Cher lecteur, laisse-moi te traduire ce mail : France Inter, après avoir pris connaissance de ma vidéo qui reprenait des extraits de leurs programmes, a décidé de réclamer l’argent qui m’était dû par YouTube. Oui, tu as bien lu : tous les revenus publicitaires générés par cette vidéo partent directement dans les caisses de France Inter.

Passé le moment d’incrédulité que tu imagines (oui, ayant travaillé une semaine sur cette vidéo, j’en attendais bêtement rémunération) j’ai décidé de porter réclamation auprès de Radio France en lui rappelant un léger point de détail : la loi française est de mon côté.

L’article L. 122-5 3° du Code de la propriété intellectuelle dispose que
« lorsque l’œuvre a été divulguée, l’auteur ne peut interdire, sous réserve
que soient indiqués clairement le nom de l’auteur et la source, les analyses
et courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique,
pédagogique, scientifique ou d’information de l’œuvre à laquelle elles sont
incorporées. »

Et sois en sûr, j’ai tout bien fait. Me restait à attendre, confiant, la décision du média public qui allait se rendre compte de son erreur et me rendre mon argent. Voici sa réponse :

« Bonsoir,

Nous avons bien pris connaissance de votre contestation. Notre revendication sur la vidéo vous permet quand même de diffuser cette vidéo sur votre chaîne. Nous n’avons pas bloqué son utilisation.

Bien cordialement. »

Parce que oui, ils auraient pu, selon les lois américaines, faire supprimer ma vidéo. Mais, grands seigneurs qu’ils sont, ils ont préféré la laisser en ligne et s’approprier les fruits de mon travail. En substance, « Te plains pas ça aurait pu être pire ».

Voici ma réponse :

« Bonsoir,

Je me rends bien compte que vous n’avez pas purement et simplement fait supprimer ma vidéo.

Mais vous avouerez que le procédé est pour le moins étrange : Je parle de votre radio, je mets les liens vers votre chaîne YouTube, je m’appuie sur vos contenus pour étayer une idée, et vous venez me prendre les quelques piécettes que me donne YouTube ?

Nous parlons ici de quelques dizaines d’euros qui ne signifient sans doute rien pour vous, mais qui comptent pour moi.

Vous saviez que YT rémunère les créateurs environ 1,50€/1000 vues ? 1,50€ qui partent désormais dans les caisses d’une radio du service public que je finance avec mes impôts ? (Mieux) qu’on m’oblige à financer avec mes impôts ?

Vous ne voyez pas comme un petit souci éthique ? »

A priori non. Ils n’en voient pas puisque chaque publicité que tu vois pendant cette vidéo continue de générer des revenus pour eux et qu’ils n’ont même pas daigné me répondre.

Là, cher lecteur, tu te demandes peut-être pourquoi je n’attaque pas le géant français aux 570 millions d’euros de budget qui viennent directement de la redevance audiovisuelle (oui te tes impôts !). Eh bien parce que la somme dépensée en frais de justice dépassera de loin les quelque 225€ qu’ils m’ont pris (pour l’instant).

France Inter, non contente de diffuser la propagande anti-chasse la plus ridicule dès que l’occasion se présente, a décidé d’aller un peu plus loin dans le foutage de gueule. Un peu plus loin dans cette fracture qu’elle a savamment entretenue entre les français « du bien » et ceux de nos terroirs. Avec un cynisme parfait, elle oblige cette partie de la France à la financer pour mieux ensuite lui cracher dans les bottes et organiser sa marginalisation.

Il me semblait, à moi, que la notion de service public allait au-delà des guerres de chapelles. Mais force est de constater que tout le monde paye pour qu’une vision unilatérale du « vivre ensemble » soit mise en avant par un beau concept devenu organe de propagande.

 

 

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