GEO ADO manipule les ados

Anti-chasse
date 03 septembre 2024
author Léa Massey

Le magazine en ligne GEO ADO, pour lancer un débat putaclic, pose des questions orientées sur la chasse. Analyse de (sous) texte.

Image générée par une IA

Dans une époque où les adolescents sont confrontés à une surabondance d’informations souvent orientées, il est plus que jamais crucial de préserver leur capacité à se forger une opinion libre et éclairée. Malheureusement, la publication de GEOADO consacrée à la chasse semble s’inscrire dans une tendance inquiétante, celle de la manipulation subtile des jeunes esprits par le biais d’une formulation biaisée des questions.

Tout d’abord, le texte, que vous pouvez retrouver ici :

« Les vacances sont finies pour les humains et… pour les animaux sauvages de nos campagnes, puisque la chasse reprend en ce mois de septembre. La France compte environ 1,1 million de personnes détentrices d’une licence de chasse (c’est moins que pour la licence de foot, mais plus que pour la licence de tennis). Ce nombre a tout de même été divisé par 2 en une quarantaine d’années, et la plupart des personnes qui pratiquent cette activité ont plus de 50 ans. Pourtant, il existe aussi des ados de plus de 15 ans qui chassent, et d’autres encore plus jeunes qui accompagnent des membres de leur famille… Et toi, qu’en penses-tu ? Trouves-tu acceptable de tuer des animaux pour le plaisir à notre époque ? Penses-tu que les chasseurs sont utiles pour la nature, comme ils l’affirment ? Ou bien considères-tu que cette pratique devrait être interdite ? Donne ton avis ci-dessous !« 

GEOADO le 02 septembre 2024

Sous couvert de solliciter l’avis des adolescents sur un sujet aussi sensible que la chasse, l’article oriente habilement la réflexion en posant des questions qui n’offrent guère de place à une véritable neutralité. Dès le début, le texte énonce que « la chasse reprend en ce mois de septembre, » ce qui est factuel, mais la suite de la phrase, « les vacances sont finies pour les humains et… pour les animaux sauvages de nos campagnes, » fait déjà peser un jugement implicite. En plaçant sur un pied d’égalité la fin des vacances humaines et la reprise de la chasse, l’article suggère que cette activité représente une menace pour la faune, plutôt qu’une pratique réglementée et historiquement enracinée.

A lire aussi : De la propagande anti-chasse dans les écoles

Le choix des mots et la manière de présenter les faits laissent transparaître une intention implicite de dissuader toute réponse favorable à la chasse. Prenons l’exemple de la question suivante : « Trouves-tu acceptable de tuer des animaux pour le plaisir à notre époque ? » Le terme « plaisir » est ici choisi avec une lourdeur qui frôle la caricature. En associant la chasse exclusivement à une forme de jouissance sadique, l’article ignore délibérément les arguments qui la voient comme une activité de gestion des populations animales et/ou une tradition culturelle. La formulation « à notre époque » renforce cette vision en suggérant que la chasse est une pratique archaïque, inadaptée aux valeurs contemporaines.

En précisant que le nombre de chasseurs a « été divisé par 2 en une quarantaine d’années, » l’article s’attarde sur le déclin de cette pratique sans en explorer les causes profondes ni les contextes régionaux variés. Ce type de comparaison sert à relativiser l’importance de la chasse en la réduisant à une activité marginale, presque obsolète, ce qui influence insidieusement l’opinion des jeunes lecteurs.

L’article enchaîne avec une autre question orientée : « Penses-tu que les chasseurs sont utiles pour la nature, comme ils l’affirment ? » Cette formulation suggère que l’utilité des chasseurs pour l’environnement est un simple argument de défense avancé par les intéressés, et non une réalité potentielle. Cette manière de poser la question incite les adolescents à douter de la légitimité des chasseurs avant même d’avoir pu examiner les faits ou d’entendre des arguments en leur faveur. De surcroît, en ajoutant « comme ils l’affirment », l’article sous-entend que cette utilité est une justification douteuse, fragilisant ainsi toute défense en faveur de la chasse.

A lire aussi : L’antispécisme à la tribune dans Marianne

Enfin, la dernière question, « Ou bien considères-tu que cette pratique devrait être interdite ? » pousse les lecteurs vers une conclusion extrême en la présentant comme une option tout aussi valable que les autres. En proposant l’interdiction pure et simple de la chasse comme une réponse possible, l’article incite les jeunes lecteurs à considérer cette solution radicale comme raisonnable, sans les encourager à explorer des alternatives moins manichéennes.

Au-delà de l’aspect idéologique, il ne faut pas être dupe : le sujet clivant de la chasse est aussi un moyen pour la publication de faire le plein de clics. En jouant sur la corde sensible et en suscitant des réactions fortes, GEOADO s’assure un engagement maximal de la part de son jeune public, parfois au détriment d’un débat serein et constructif. Cette stratégie, bien que rentable sur le plan du trafic en ligne, soulève des questions éthiques quant à l’exploitation des polémiques pour accroître l’audience, surtout lorsqu’il s’agit d’un public aussi impressionnable que celui des adolescents.

Ce type de démarche pose une question essentielle : quel est le rôle d’une publication destinée aux adolescents ? Est-ce d’inciter ces derniers à adhérer à une vision prédéterminée du monde, ou bien de leur offrir les outils nécessaires pour qu’ils puissent, en toute indépendance, se forger leur propre opinion ? Le défi des médias de demain, et particulièrement ceux qui s’adressent aux plus jeunes, est de ne pas céder à la tentation du discours simpliste et partial. Car, plus que jamais, la formation d’un esprit critique doit être au cœur de l’éducation de nos adolescents, et non l’adhésion forcée à une doxa environnementale qui ne tolère guère la contradiction.

A voir en vidéo :

Partager cet article
2 Commentaires :
  1. gaston F
    03/09/24

    En voyant cet article, je suis allé direct sur GéoAdo poser un petit commentaire (très poli) à l’auteur.
    Bizarrement mon commentaire n’a pas été publié !??!?
    Encore un magazine militant qui n’aime pas la contradiction.

  2. mouchous
    03/09/24

    Je viens de leur envoyer le commentaire suivant: bonjour je viens d’apprendre que dans votre publication géoado vous faite un sondage orienté contre la chasse. J’ai lu vos question c’est d’une intolérance totale concernant le le pouvoir de réflexion et de pensé de vos lecteurs. Je suis abonné depuis plusieurs années à GEO mais si votre direction prends cette orientation sans laisser à quiconque d’exposer des contres arguments, je résilie celui ci. De plus je vous précise que les chasseurs son les premiers écologistes de france. On verra s’ils me répondent

Soumettre un commentaire

Dans la même catégorie

Articles les plus récents