Gérard Charollois : le penseur

Chasse Actu
date 15 mai 2025
author Richard sur Terre


Dans son dernier prêche, Charollois s’envole très haut : lui incarne la Vie, le chasseur incarne la Mort. Bien sûr, la subtilité est non fournie.

Il ne discute pas. Il assène. Gérard Charollois n’écrit pas un article : il livre des commandements. Dans son dernier texte paru dans Savoir Animal, le président de la Convention Vie et Nature n’argumente pas, il excommunie. Il ne décrit pas le monde, il le purifie. Et malheur à qui ne pense pas comme lui : il sera jugé inhumain, arriéré, voire… pétainiste.

« Le chasseur tue par jeu, par pur loisir, à titre de récréation et pour assouvir une inquiétante pulsion », décrète-t-il d’entrée. Pas un mot sur la diversité des pratiques, sur la gestion des milieux, sur les réalités de nos terroirs. Non, Gérard sait. Il voit dans le chasseur un barbare mal dégrossi, accro aux armes et à la souffrance, un homme qu’il faut non pas convaincre, mais abolir.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : abolir. Le mot est lancé comme on pose une bombe. « La chasse ne doit pas être réformée mais abolie pour une raison éthique. » Et puisque l’éthique, chez Charollois, n’est pas une réflexion mais une révélation, il l’impose sans discussion, comme une sentence. Un dogme.

Mais le plus spectaculaire vient lorsqu’il convoque l’Histoire – ou plutôt l’instrumentalise : « En vertu d’une ordonnance du 28 juin 1941 signée du maréchal PÉTAIN […] un lobby corporatiste était né. » Voilà comment, en deux lignes, il habille les fédérations de chasse d’un soupçon vichyste. Peu importe que tout l’État français moderne repose en partie sur des structures issues de cette période. Quand on n’a pas d’arguments, on insinue.

A lire aussi : Naissance de la post-vérité… et du mensonge animaliste ?

Le texte de Charollois ne cherche pas à convaincre les indécis. Il cherche à galvaniser les convaincus, à flatter leur sentiment de supériorité morale. Il oppose les “civilisés” et les “sauvages”, les “évolués” et les “archaïques”, les “empathiques” et les “virilistes”. L’élu rural qui serre la main d’un président de fédération devient un politicien « soumis », complice de « choix désastreux ». Tout est binaire. Tout est bête.

L’apothéose rhétorique se produit quand Charollois inscrit la chasse au panthéon des horreurs humaines : « N’a-t-on pas aboli l’esclavage, la torture, le bagne et la peine de mort ? » Il ne manque que le mot “crime contre l’humanité” pour compléter la panoplie. L’amalgame est grossier, mais il fonctionne sur l’émotion. La chasse n’est plus une activité : elle devient une honte historique.

Enfin, comme tout bon tribunal moral, le texte se clôt par une question piégée : « L’homme a-t-il le droit moral de soumettre un être sensible à la souffrance et à la mort pour jouir du plaisir d’occasionner ces tourments ? »
La réponse est contenue dans la question. Répondre non, c’est signer l’arrêt de mort de la chasse. Répondre oui, c’est se ranger du côté de la cruauté. Voilà comment on enferme la complexité du réel dans un syllogisme de bistrot.

Il ne faut pas s’y tromper : Gérard Charollois n’argumente jamais. Il moralise. Il essentialise. Il pathologise. Et surtout, il caricature. Son monde est propre, rangé, manichéen. Le Bien y est végétalien. Le Mal sent le fusil, les terroirs et la liberté. Et ça, il ne peut pas le supporter.

Mais la morale ne remplace pas la pensée. La solennité ne fait pas la vérité. Et les grandes déclarations éthiques ne dispensent pas de regarder le réel en face.

Le vivant, ce n’est pas un slogan. C’est une complexité. Et le balayer à coups de formules indignées, c’est souvent la manière la plus confortable de ne pas le servir.

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1 Commentaire :
  1. Pat22
    15/05/25

    Encore un champion qui mérite la médaille d’or de la connerie .
    Je ne connaissais cet individu .
    Est ce que ça vaut le coup d’envoi parler ici ?

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