Le chasseur : cet ennemi confortable

Anti-chasse
date 05 février 2024
author Richard sur Terre

Ce weekend, je suis allé me balader dans la campagne avec ma famille. Et j’ai croisé un panneau « chasse en cours ». J’ai fait demi-tour, et 5 kilomètres plus loin, j’ai trouvé un autre endroit pour faire courir les chiens. Ça vous semble dingue, ça ? Moi j’appelle ça « partager », justement.

J’aurais pu tomber sur une route fermée à la circulation pour cause de blocage des agriculteurs, ou même sur une course cycliste. J’aurais fait demi-tour pareil. Parce qu’en tant que citoyen, j’accepte que ma liberté soit provisoirement entravée par des gens qui font d’autres trucs.

Quand on parle de chasse, ces évidences sont balayées par des excités qui voudraient tout interdire au nom de la sacro-sainte liberté de circuler qui, de part sa portée symbolique, cache de son gros fondement une haine du chasseur tenace.

La chasse est bien souvent la seule occasion qui se présente à ces gens pour faire des rapports circonstanciés sur les réseaux sociaux, et ainsi récolter des petites décharges de dopamine en forme de pouces en l’air.

« J’ai croisé les vilains chasseurs, ça tirait de partout, j’ai dû remettre mon enfant et mon chaton dans le coffre par peur de mourir »

J’exagère à peine. Ces récits pleuvent de partout, et ils ont toujours leur petit succès. C’est que l’ennemi numéro un des campagnes (nous) possède la vertu (très sous-estimée) de rapprocher les mémères à chat sur Facebook ou les militants de canapés sur X. Se réunir autour d’un ennemi commun, c’est hyper tendance ma gueule, et ça permet des truc de fou comme ça :

Renforcement de l’identité de groupe : La présence d’un ennemi commun renforce le sentiment d’appartenance à un groupe. Les utilisateurs des réseaux sociaux se rassemblent autour de valeurs, d’opinions ou d’objectifs communs pour faire face à cet ennemi perçu (nous).

Polarisation : Et de manière attendue, ça créé une polarisation sociale, où les groupes se radicalisent et s’opposent de manière plus marquée à ceux qu’ils considèrent comme l’ennemi (re-nous). Les débats deviennent hostiles, et ils alimentent les tensions au sein de la société.

Débilisation des enjeux : L’identification d’un ennemi commun conduit aussi à une simplification excessive des enjeux sociaux et politiques. Ça rend difficile la compréhension nuancée des problèmes et favorise des solutions simplistes en formes de dingueries.

Impact sur le débat public : Et surtout, la présence d’un ennemi commun détourne l’attention des problèmes réels et urgents en créant des distractions. Ça tape franchement sur la qualité du débat public et sur la capacité de la société à aborder des questions importantes de manière constructive.

Bref, les chasseurs sont victimes de la débilisation du débat public. Même si la plupart des opposants sont virtuels et qu’ils ne prennent même pas la peine de se lever le gracieux un dimanche pour aller manifester (Sinon ils ne seraient pas 8 pendant les manifs). Ce sont les indignés des heures ouvrables. Au point que j’en arrive à penser que l’antichassisme est un loisir, les cousins. Un truc qu’on fait comme ça, quand on a trois minutes à tuer.

Une histoire, des likes, le partage d’un article tout pété d’une asso toute pétée, et on se sent vivant, bordel !

Moi je continuerai à faire le tour de la place quand des gamins font du skate, histoire de pas les emmerder, et aussi de pas me faire renverser parce que j’estimais à ce moment-là que c’était MA LIBERTÉ DE CONNARD de passer au milieu quand-même.

On partage quoi. Et s’il arrivait qu’un skate me défonce la gueule quand-même alors que j’ai fait le tour, j’irais pas sur les réseaux sociaux pour gueuler à l’injustice en créant des collectifs pour faire interdire le skate.

Parce que je saurai, au fond de moi, que vivre c’est risquer des trucs toute la journée. Je saurai que tout est mis en place pour qu’on se rapproche tous ensemble du risque zéro…mais je saurai aussi que les aléas existent, et qu’ils existeront toujours.

C’est une perspective de dingue qui reconnaît à la fois la prévoyance humaine nécessaire mais aussi la réalité inévitable de l’imprévu.

Mais que pèsent ces considérations face au rouleau compresseur de la connerie qui gangrène le débat public ? Face à des hordes peu motivées qui égrainent les anecdotes génératrice d’indignations compréhensibles par la masse ? Et créatrices de « likes » en plus ? Pas grand-chose sans doute. M’enfin ça se tente.

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5 Commentaires :
  1. dutey
    05/02/24

    je comprend votre délicat ce et votre bon sens ,merci de votre comportement , le fait de faire demi tour est un geste de politesse et en + de sécurité . merci du fond du cœur

  2. Gerard.ellebé
    06/02/24

    Le sage dirait :
    –  » N’argumentez pas avec les gens sur les réseaux sociaux. Rappelez vous que dans chaque classe, il y avait un enfant qui mangeait de la pâte à modeler. C’est peut être avec lui que vous êtes en train de vous prendre la tête
    aujourd’hui… »

  3. Lacombe
    06/02/24

    Pareil ! Quand nous voyons ces panneaux on fait demi tour on change de secteur pour chasser des images on partage dans la bonne humeur et la bonne entente ! Sans aucun problème !

  4. serge
    08/02/24

    Le partage c’est aussi quand un chasseur vide son arme à la vue d’un VVtiste, d’une mamie qui promène choupette ou lors du passage d’un groupe de marcheurs. Autant que je sache il n’y a pas beaucoup de tirs intempestifs en direction des usagers de la nature, un c’est déjà trop. Dans le cas contraire les médias sans autre procès s’en font l’écho et le chasseur n’en est pas un mais il devient un irresponsable à qui il faut demander de rendre son permis.

    1. Hervé
      09/02/24

      Oui Serge , mais en battue c est obligatoire de décharger son arme . C est encore le chasseur qui fait le bon geste et la normalité serait qu il ne devrait pas avoir à le faire si les panneaux chasse en cours étaient respectés. La liberté des uns s arrête ou commence celle des autres .
      En gros le chasseur devra toujours faire preuve de tact , de savoir vivre , de politesse et tout et tout envers les autres usagés de la nature qui eux se foutent royalement de ta pomme , de l organisation de ta battue , des traqueurs qui s arrachent dans les épines , du calendrier que tu as affiché en mairie , du même calendrier qu ils peuvent retrouver sur le site de ta fédè . Ils s en cognent pour eux la nature est a tout le monde et rien a cirer de la taxe hectare et de la location de bois que tu payes . Eux ils passent et il faut leur faire des courbettes , décharger son arme , être poli et bien veillant . Moi maintenant je baisse même mon froc , on gagne du temps .

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