Le président du Rhône a coupé net les subventions à trois associations environnementales, coupables d’avoir critiqué un projet d’aménagement : « J’en ai assez de ces associations de danseurs aux pieds nus »
Il y a des claques qui claquent plus fort que d’autres. Celle administrée le 4 avril dernier par le Département du Rhône à trois associations environnementales a résonné comme un avertissement général. Arthropologia, France Nature Environnement (FNE) et la Ligue de protection des oiseaux (LPO) ont vu leurs subventions purement et simplement supprimées. Leur faute ? Avoir co-signé un courrier critiquant le projet de port fluvial du Bordelan, à Anse. Un geste malvenu, selon Christophe Guilloteau, président (LR) du Département, qui voit dans cette prise de position une forme de trahison : « On ne peut pas prendre l’argent du Département et aller contre ses projets. »
Voilà, c’est dit.
L’âge de l’impatience
« J’ai un défaut : je vieillis », a reconnu Guilloteau. Et avec l’âge, les états d’âme passent mal. Encore plus ceux des « associations de danseurs aux pieds nus » — expression colorée qui résume assez bien l’agacement du président envers ce qu’il perçoit comme un écologisme de salon, toujours prompt à donner des leçons, rarement à se mouiller quand il s’agit de penser le développement territorial.
Car le fond de l’affaire est là : pour les élus du Rhône, le projet du port fluvial du Bordelan n’est pas un caprice bétonneur. Il s’agit d’un équipement stratégique, censé désengorger les axes routiers, fluidifier le transport de marchandises, et, osons le mot, participer à l’activité économique locale. Ce que contestent les trois associations, dénonçant dans leur lettre une artificialisation « équivalente à 30 terrains de football » et une atteinte à la biodiversité du secteur.
Subvention ou abonnement ?
Alors, une collectivité doit-elle continuer à financer des structures qui remettent en cause ses choix politiques ? Pour Christophe Guilloteau, la réponse est non. Il assume de transformer la subvention en contrat moral : on ne mord pas la main qui vous aide à tenir debout. Un raisonnement qui fait grincer des dents du côté des associations, qui rappellent qu’elles ne sont pas des prestataires de communication, mais des acteurs de la société civile, libres et indépendants.
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Mais le Département, lui, n’y voit plus une indépendance, mais une opposition. Et quand l’opposition vient de ceux qu’on soutient financièrement, la coupe est vite pleine. Résultat : 81 803 euros de subventions évaporés — 29 040 pour FNE, 28 350 pour la LPO, 24 413 pour Arthropologia. Sanction immédiate, sans appel.
Le prix de la critique
On peut voir dans cette décision un coup de balai salutaire contre des structures parfois perçues comme trop promptes à contester, jamais à proposer. On peut aussi y lire, plus prosaïquement, une forme de chantage institutionnel : « Sois d’accord ou tais-toi. » Entre les deux lectures, chacun choisira la sienne. Mais une chose est sûre : les rapports entre les pouvoirs publics et les associations se tendent.
Les trois ONG réclament désormais un rendez-vous avec le président Guilloteau pour plaider leur cause. Reste à savoir s’il les recevra — ou s’il considérera que la sentence est définitive. En attendant, un message clair a été envoyé à l’ensemble du tissu associatif : l’argent public n’est pas inconditionnel. Il a un prix. Et parfois, une clause de silence.
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Très bonne réaction du département. Ces associations ont oublié une chose essentielle : les subventions ne sont pas un droit.
Plus généralement il faudra un jour se poser la question de l’intérêt de subventionner des associations qui ne se manifestent que sur internet ou dans les tribunaux et ne font que peu ou pas d’actions de terrain. Et pas seulement dans le domaine de l’écologie.
23 milliards de subventions publiques aux associations par an. Et pratiquement pas de contrôle.
Sinon c’est bientôt le moment de déclarer vos revenus…et là, vous, vous serez contrôlés
Magnifique , il était temps . Espérons que ce monsieur ne revienne pas sur sa décision . Que les autres responsables de départements et de régions prennent exemple , ainsi nous arriverons peut-être à bout de ces associations tyranniques et inutiles .
Bravo belle initiative faut faire de même avec toutes ses associations qui ce servent de l’argent des contribuables pour faire des actions en justice sur tout et n’importe quoi il faut donner un bon coup de balai se qui pourrait faire des économies à l’état qui en a bien besoin
En marge de cette histoire il y a sûrement quelques anti chasse par ignorance et abreuvés des idées de ces associations qui frustrés de l’annulation du projet d’aménagement fluvial vont aussi se poser des questions par rapport à leurs idées anti .