Les natures mortes n’ont pas la cote !

Culture Chasse
date 17 octobre 2023
author Clémence Hyais

Vous avez sûrement déjà croisé ce tableau de nature morte, centré au-dessus de la commode de vos grands-parents, et vous vous êtes peut-être même dit à l’instant où vous détourniez le regard : « Il n’y a que les anciens pour avoir ça en décoration chez eux ». 

Si vous pensez cela, cet article est fait pour vous.
La peinture appelée « nature morte », est un genre artistique, et c’est au XVIIe siècle que le terme, qui signifie « vie silencieuse », apparaît.

Ce genre obtient tout d’abord sa notoriété dans les pays du Nord, où il est surnommé « Stilleven », un terme néerlandais qui se traduit par « la vie immobile ».

Ces peintures mettent en scène dans un cadre bien défini, des éléments inertes comme : des fruits, des légumes, du gibier, des fleurs, des repas, des insectes, et divers objets…

Les natures mortes, sont avant tout le reflet d’un siècle, et portent une profonde symbolique, comme par exemple le caractère éphémère de la vie.

Eh oui, tout est dans le détail, minutieusement réfléchi !

En figeant ses éléments du quotidien, la nature morte met en valeur ces objets habituellement ordinaires, et nous impose de les contempler en appréciant leur beauté naturelle.

La « nature morte » est donc une juxtaposition d’objets inanimés, et non une scène figurative.

Réfléchissons à présent sur le fond de ce genre, si nous prenons mot pour mot, au sens littéraire : nous avons la nature « le sujet principal », mais AUSSI la mort « aie ».

Que ce soient des crustacés, du gibier, ou encore des crânes humains dans les « vanités », la mort a une place centrale ; sans elle ces peintures seraient vides de sens et ce style inexistant.

Lorsqu’on relit des analyses faites récemment sur des natures mortes de Frans Snyders par exemple ou encore Willem van Ales mettant en scène le pelage ou les trophées de chasse, on remarque que le gibier a une place omniprésente, et c’est justement ce type de nature morte avec la présence de la mort d’animaux sauvages, qui dérange certains de nos « contemporains actuels ».

Comme c’est étonnant !

Un paradoxe entre beauté et cruauté.

Les habitants du XXIe siècle relèvent sans difficulté dans ces œuvres, la valeur esthétique ainsi que la virtuosité technique ; cependant ce symbole ambigu de la mort prend le dessus, et crée un vrai sujet de discorde.

De toute évidence, c’est cette représentation de la mort qui est de trop et qui met mal à l’aise !

Alors je vous vois venir, en justifiant ce regard actuel à coup de progrès des consciences et d’empathie… Il est évident que la pensée, et nos centres d’intérêts d’aujourd’hui, ont évolué par rapport au XVIIe siècle. Ces dépouilles ne faisaient pas non plus l’unanimité à l’époque, comme on dit, il faut bien de tout pour faire un monde, n’est-ce pas !

Alors, plaisir de la chasse ou malaise ?

Si cet art est maintenant pas mal décrié et remis en cause, permettez-moi de faire le rapprochement avec ce que nous vivons actuellement avec la chasse !
En peinture ou en pratique, la chasse est un art de vivre considéré comme obsolète, une tradition criminalisée et jugée illégitime par nos aimables “anti-tout”, mais surtout “anti-chasse”.


À ce rythme, les natures mortes vont avoir bien du mal à trouver de nouveaux admirateurs !

Reprenons les « vanités », qui sont aussi un genre de nature morte, où la mort est clairement affichée. Elle a pour but de démontrer la fragilité de la vie, de l’existence propre à l’humain, ainsi que le caractère éphémère de toute chose. Les vanités ont ce trait « extrême » avec comme sujet majeur le crâne humain, elles provoquent et offensent dans l’ but de bousculer le spectateur, et ainsi l’amener à s’interroger sur la temporalité de sa vie.

Bref, disons-le clairement, même si à l’époque, elle était plus visible, de nos jours la mort à mauvaise cote.

 
Notre société s’éloigne d’elle, la dissimule ; pourtant, elle fait partie du processus de l’existence, et ne devrait pas être un sujet tabou.


Mon discours, certes un peu philosophique, est simplement le miroir de ce que nous vivons aujourd’hui, chasseresses et chasseurs. Car la mort, nous la côtoyons, nous la provoquons et nous en parlons ! 


Cette relation, embarrasse ces personnes aseptisées, qui ont cette image de « la mort = le mal ».

Finalement, n’est-ce pas la chose la plus naturelle, qui fait la préciosité de la vie et y donne tout son sens ?

Pour aller plus loin, n’est-elle pas présente partout dans notre quotidien, où que nous soyons ?

Alors pourquoi la refouler, et pointer du doigt ceux qui font preuve de lucidité à son égard ?

Je vous laisse méditer sur le sujet, même si je pense deviner votre réponse.

Décorative, pourquoi ?

Nous sommes tous d’accord, pour dire que la nature morte relève d’une implacable maîtrise du détail, néanmoins l’intégrer dans son intérieur, c’est avant tout faire perdurer les valeurs existentielles qu’elle remet en cause. 


Certains parlent de violence et d’agressivité visuelle, dont le discours caresse l’antispécisme, laissez-les donc dans leur tristesse “ éthique ” !

Ces tableaux sont plus qu’une décoration ; ils sont une réponse à cette idéologie déconnectée, et davantage connectée à la bêtise. 
C’est pour cela, qu’au-delà de l’aspect esthétique fort appréciable, posséder ce genre de tableau chez soi, est simplement un reflet objectif de ce qu’est la vie : plaisir, réalité, fragilité et prospérité.

Restez donc des bons vivants !

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1 Commentaire :
  1. GUILLAUME MARKUS
    17/10/23

    Merci à Clémence pour son texte qui donne à réfléchir sur les natures mortes en peinture et merci aussi pour le choix des tableaux présentés.

    Mes peintres préférés en nature morte sont
    – Le Caravage (Italien)
    – Willem Kalf (Néerlandais)
    – Janet Fish (Américaine)
    Cette dernière plus proche de nous proposant une peinture inventive, colorée et audacieuse.

    Le prochain texte de Clémence: peut-être sur des tableaux où sont représentés des animaux.

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