Avant le premier tour, nous avons été un certain nombre à appeler à voter pour le candidat Emmanuel Macron, au nom d’une certaine vision de la chasse et de l’écologie, mais aussi au nom d’un bilan et d’une méthode de travail avec le Président de la République. Bien sûr, tout n’a pas été parfait pendant 5 ans, avec des ministres de l’Ecologie qui ont obligé le Président de la République à arbitrer souvent contre eux et un Conseil d’Etat qui s’est acharné contre les chasses traditionnelles. Mais le résultat est sans appel, avec un très bon bilan car la chasse a été défendue et développée pendant 5 ans grâce à un soutien sans faille du Président de la République. Pourtant les polémiques médiatiques ont été nombreuses et nos adversaires ont été très agressifs, mais ils n’ont empêché aucune réforme sur la chasse et sur la biodiversité.
Bien sûr, cela n’empêchera pas demain de devoir continuer à balayer devant notre porte, pour réformer ce qui doit l’être, rendre la chasse plus durable et mieux comprise par nos concitoyens.
Par Thierry Coste
Un appel à la vigilance
D’ailleurs, même Willy Schraen s’est engagé à titre personnel avec courage et détermination, avant le premier tour, pour appeler à voter pour Emmanuel Macron alors qu’il aurait pu ne rien faire. Il a voulu démontrer que nous chasseurs sommes mobilisés depuis toujours pour défendre une écologie pragmatique et une ruralité dynamique dans tous nos terroirs avec nos partenaires ruraux, et que cela nécessite de « mouiller sa chemise » plutôt que de rester au coin de la cheminée.
Pour ce second tour, le choix est encore plus clair et toutes les voix des chasseurs et des ruraux devraient aller vers le Président sortant, sans la moindre hésitation, car sa vision est radicalement opposée à celle de Marine Le Pen.
Pourtant, j’entends souvent des chasseurs me dire ouvertement que j’exagère et que Marine Le Pen ne remettra jamais en cause la pratique de la chasse, parce que c’est un loisir populaire, parce que c’est un mode de vie et qu’elle a toujours défendu « la France rurale des oubliés ».
Défendre une vision de la chasse et de l’écologie
Alors si vous faites encore le choix de voter pour Marine Le Pen dimanche prochain, il faut juste que ce soit en toute connaissance de cause.
Il n’y a pas besoin d’être devin pour prédire qu’il ne faudra pas longtemps pour dire adieu à votre passion, à notre passion, si elle gagne l’élection présidentielle.
Avec conviction, elle a déclaré à plusieurs reprises qu’elle était contre certaines chasses parce qu’elles étaient cruelles, demandant leur interdiction puis changeant d’avis pour prôner un référendum sur la chasse, ce qui revient au même, sans se salir les mains.
Mais elle est allée beaucoup plus loin suite à la polémique sur les accidents de chasse, en considérant qu’il fallait partager la nature le week-end et que cela devrait se faire par le dialogue avec ceux qui veulent voir la disparition de la chasse. Fini le droit de propriété et le droit de chasse, acquis de la révolution, pour satisfaire la vindicte médiatique alors que nous n’avons jamais eu aussi peu d’accidents et que l’on peut pratiquer en même temps la chasse et toutes les autres activités de nature.
Marine Le Pen cède par volontarisme aux requêtes des plus extrémistes des défenseurs des animaux et des anti chasse.
Marine Le Pen cède par volontarisme aux requêtes des plus extrémistes des défenseurs des animaux et des anti chasse.
Il faut dire qu’elle n’aime pas parler de la chasse, car elle est très proche de Brigitte Bardot, comme plusieurs autres dirigeants du FN. Il n’y a qu’à lire la dernière lettre de Brigitte Bardot au Président de la République qui insulte outrageusement Emmanuel Macron parce qu’il a osé prendre des engagements écrits à destination des présidents des fédérations de chasse pendant la campagne présidentielle. Dans ce courrier, Brigitte Bardot traite Willy Schraen de « tueur » et Emmanuel Macron de « Poutine de la nature et des animaux », alors qu’elle vient pourtant tout juste d’être condamnée pour ses insultes précédentes à l’égard du président de la Fédération Nationale des Chasseurs.
Entre la Marianne offerte par Brigitte Bardot à Marine Le Pen et l’avenue Brigitte Bardot à Hénin-Beaumont, fief des plus proches soutiens de la candidate RN, on sait exactement dans quel camp elle se situe.
D’ailleurs son absence systématique lors du grand oral du congrès des chasseurs tous les 5 ans, montre bien qu’elle n’a jamais eu le courage de venir parler de chasse, à la différence de son père Jean-Marie Le Pen qui était présent en 2002. C’est pourquoi elle ne s’est jamais mobilisée pour défendre nos nombreuses réformes sur la chasse, ni comme députée européenne, ni comme députée au Parlement français.
Lisez ses propositions détaillées pour la Présidentielle et vous aurez vite compris que la chasse n’aura plus sa place dans sa vision de la société. Marine Le Pen veut bien un grand ministère de la ruralité, mais elle tient surtout à modifier la Constitution pour accorder une reconnaissance constitutionnelle au statut juridique des animaux afin de remettre en cause toutes les réglementations actuelles et alourdir les peines encourues.
A cela elle ajoute la création d’un ministère de la condition animale ainsi qu’une Délégation Parlementaire aux animaux au sein du Parlement.
Et ce n’est pas fini, car elle annonce aussi la création d’un Défenseur des animaux sous la forme d’une autorité indépendante qui disposera des pouvoirs d’investigation les plus étendus.
Comme nous sommes des ruraux et donc minoritaires dans notre pays, Marine Le Pen pense avoir trouvé l’arme suprême pour interdire nos pratiques, sans avoir à en être responsable. Avec l’instauration du référendum d’initiative citoyenne qu’elle veut généraliser en divisant par 10 le seuil du nombre de signatures pour rendre obligatoire d’organiser un référendum sur un thème.
En passant de 4,5 millions à 500 000 signataires et en supprimant le passage obligé des 185 parlementaires signataires avec un droit de véto, c’est la porte ouverte à de très nombreux référendums d’initiative citoyenne notamment sur la chasse, sur la pêche ou sur certaines pratiques d’élevage.
Que chacun se souvienne que nous avons dû nous mobiliser par bloquer le Référendum d’initiative partagé (RIP) qui n’est pas allé à son terme grâce au refus de nombreux parlementaires de signer, au seuil de 4,5 millions de signatures et au soutien du Président de la République et du gouvernement. Pourtant, l’objectif annoncé était tout simplement l’interdiction des nombreuses formes d’élevage et de pratiques de chasse.
Bien sûr, pour parachever cette stratégie animaliste et anti ruraux, elle a confirmé qu’elle augmenterait le budget des associations animalistes, comme le demande L214, alors que ces dernières font déjà l’objet de financements très contestables de fondations américaines qui veulent investir dans le marché du végétal et des viandes de substitution et qui s’opposent systématiquement aux éleveurs et aux chasseurs.
Thierry Coste