Dans les Landes, à l’écomusée de Marquèze, des passionnés transmettent les techniques de chasse ancestrales, un patrimoine immatériel précieusement conservé. Ces traditions, bien plus que des méthodes de capture, racontent l’histoire et l’identité d’une région fière de ses racines.
C’est France 3 qui raconte – Au cœur de la petite commune de Sabres, où le temps semble s’écouler au rythme des traditions séculaires, Michel Larié, membre de l’ACCA (Association Communale de Chasse Agréée), nous ouvre les portes d’un univers oublié. Ce retraité, passionné de chasse depuis son plus jeune âge, a décidé de partager avec le public ses connaissances sur des techniques de chasse ancestrales, parfois vieilles de plusieurs siècles, et qui continuent de façonner l’identité landaise.
Le retour aux sources d’une chasse authentique
« Le Landais est un rusé et un patient », affirme Michel Larié avec une pointe de fierté. Pour ce passionné, la chasse n’est pas un simple loisir, mais une véritable discipline qui requiert des qualités humaines profondes. C’est cette philosophie qu’il transmet aux visiteurs de l’écomusée de Marquèze, un lieu dédié à la préservation et à la transmission du patrimoine régional. Ici, point de fusil moderne, mais des filets pour capturer la palombe et des lignes pour piéger la bécasse. Des techniques simples, mais diablement efficaces, qui plongent leurs racines dans le XIVᵉ siècle.
Ces pratiques sont au service de la tradition. « Si on fait perdurer ces façons de faire, ce n’est pas par prédation. C’est pour les traditions », insiste Michel Larié. C’est un retour à une époque où l’homme savait vivre en harmonie avec la nature, où chaque geste, chaque piège, était le fruit d’une observation minutieuse du milieu naturel.
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Un savoir-faire transmis de génération en génération
Aux côtés de Michel Larié, Pierre Darengosse, autre membre dévoué de l’ACCA, partage ses connaissances sur la chasse à la ligne, un art ancestral autrefois pratiqué par les bergers. « La ligne est une grande et fine tige de noisetier ou de bourdaine, reliée à un nœud coulant qui vient piéger la bécasse dès qu’elle s’en approche », explique-t-il aux visiteurs captivés.
L’écomusée de Marquèze, à travers ces ateliers, ne se contente pas de préserver ces traditions ; il les fait revivre. Chaque jour, ce sont des centaines de visiteurs qui viennent découvrir ces techniques, émerveillés par la simplicité et l’efficacité de ces méthodes d’un autre temps. « Les gens qui nous visitent veulent connaître les métiers et les techniques utilisées », explique Thomas Martel, responsable du service de la conservation à l’écomusée. Et de préciser, non sans fierté, que ces ateliers ne poursuivent aucun objectif politique, mais bien celui de la transmission d’un savoir-faire millénaire.
Un héritage à préserver coûte que coûte
Pour les visiteurs, cette immersion dans le passé est bien plus qu’une simple leçon d’histoire. C’est une découverte des racines profondes de la culture landaise, une culture où l’homme et la nature ont longtemps coexisté en parfaite symbiose. « Je n’en reviens pas qu’avec rien, on puisse attraper des animaux », confie un visiteur béarnais, émerveillé par ce qu’il a vu.
Si la modernité a depuis longtemps relégué ces techniques au rang de curiosités, elles n’en demeurent pas moins un témoignage précieux de l’ingéniosité et de l’adaptabilité des anciens. Pour Sophie, venue en famille du Gard, « c’est un lieu convivial » où l’on apprend à redécouvrir des pratiques « longues et compliquées ». Pour Jérémie, son mari, « c’est intéressant pour les traditions ». Et pour leur fille Lilou, c’est une plongée dans un monde où chaque geste a un sens, où chaque technique est le reflet d’un savoir-faire millénaire.
L’écomusée de Marquèze, en faisant revivre ces traditions, offre bien plus qu’un simple spectacle. Il rappelle à chacun d’entre nous l’importance de nos racines, et la nécessité de les préserver pour les générations futures. Un héritage inestimable, que les passionnés comme Michel Larié et Pierre Darengosse s’efforcent de transmettre, avec humilité et dévouement.
Cependant, il est triste de constater que ces chasses traditionnelles sont aujourd’hui la cible d’une guerre sourde menée au nom de la modernité et du progrès. Si retrouver ces pratiques dans les musées comme celui de Marquèze permet de préserver une part de notre héritage, elles n’en demeurent pas moins encore vivantes dans nos campagnes, portées par des passionnés qui en perpétuent les gestes ancestraux. Les interdire, c’est non seulement priver les générations futures d’une connaissance précieuse, mais c’est aussi, à terme, effacer un pan entier de notre histoire. Préserver ces traditions, c’est sauvegarder l’âme de nos territoires et le lien indissoluble qui unit l’homme à la nature depuis des siècles.
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Super article !
Cet article me fait penser à Raboliot de Maurice Genevoix. Cette connaissance de la nature, des animaux suivant les saisons. J’ai gardé un souvenir ému de ce personnage de cette période qui ne reviendra plus jamais.
Comment une personne déconnectée de la nature pourrait comprendre.