Premiers pas d’un chasseur de bécassines

Chasse Actu
date 25 septembre 2024
author Martin Le Noan

Il est des journées de chasse qui, même si elles n’ont pas été couronnées de succès, resteront gravées dans votre mémoire. Mes premières sorties à la recherche de la demoiselle des marais en font partie. 

Dans cet article je vous propose de vous éloigner un temps des illuminés de la grande secte des anti-tout pour venir parcourir quelques kilomètres de marais à la recherche des bécassines. Petites, rapides, discrètes et délicieuses nos migratrices au long bec n’ont pas fini de nous faire tourner la tête. 

Autant vous prévenir, il n’y aura pas de chance du débutant ni d’excuses alambiquées pour justifier ces dizaines de loupés honteux. J’y suis allé, j’ai tiré, j’ai loupé.

Mais s’il y a bien une chose que j’ai comprise au cours de ces matinées à déambuler dans les herbages inondés de la baie de Seine, c’est que je venais de mettre les pieds dans une chasse aussi difficile qu’addictive. 

Remarquez, il semblerait que ce soit un peu le lot de tous les chasseurs ou pêcheurs de migrateurs. Encaisser les échecs, se triturer les méninges à en perdre le sommeil pour finalement être récompensé par l’objet même de vos insomnies. L’oiseau de malheur devient un oiseau de pur bonheur, la boucle est bouclée et on y retourne sans se demander pourquoi. 

Si le pourquoi ne fait aucun doute (hormis pour vos proches qui se demandent encore pourquoi vous insistez à rentrer dans cet état et les mains vides), répondre à “où, quand et comment ?” est une autre paire de manches ! 

Sont-elles arrivées ? Si oui, où seront-elles ? Par où vais-je commencer mon parcours ? Ai-je les bonnes cartouches ? Tant de questions qui trottent dans votre esprit jusqu’à ce qu’enfin vous ayez enfilé vos bottes et mis les pieds dans le marais. 

La migration étant ce qu’elle est, si rien ne peut garantir que vous trouverez des bécassines,  vous découvrirez qu’un tout petit oiseau peut vous faire ressentir beaucoup (beaucoup) d’humilité. Vous savez, ce sentiment qui fait dire à des milliers de personnes chaque année “Non mais au moins j’ai pris l’air ! ”. Prendre l’air c’est bien, mais avec des bécassines, c’est mieux. 

Car il y a quelque chose de magique à se retrouver au milieu des marais, à parcourir quelques parcelles inondées en étant prêt à épauler le premier oiseau qui vous partira dans les jambes et à quand même se faire surprendre par la rapidité de son envol. Tout se joue en une fraction de seconde. Un cri, un éclair doré et la voilà qui file !

C’est frustrant mais dieu que c’est grisant ! 

Je me rappelle d’ailleurs très bien de ma première sortie. En vacances pendant quelques jours, quoi de mieux que d’aller se peler les miches en baie ! Tout était prêt dans ma tête depuis plusieurs jours. Deux parcours à faire en trois ou quatre heures de temps, de quoi être déjà bien rincé à la fin de la journée. 

Si je ne m’attendais pas à faire des miracles, je me suis vite retrouvé dépassé par le rythme de cette chasse. Premier parcours, j’attaque par quelques mares autour d’un gabion que je connais bien dans les pâtures inondées. Quelques oiseaux passent, des bécassines, quelques vanneaux mais bien trop haut. Je tente de les faire tourner mais il faut croire que mes talents de siffleur laissent à désirer…ou peut-être ai-je manqué de charme. Demi-tour direction la voiture.

“Ccchhut ! Cchuut !“ À droite ! A gauche ! Je tire mais manque les deux. Deux départs dans mes pieds et je n’ai rien vu venir.  Voilà deux oiseaux qui feront office de rappel. Tant que le fusil n’est pas rangé, la chasse n’est pas finie ! 

Deuxième parcours, deuxième biotope. Je tente ma chance dans les roseaux qui bordent la Seine. D’entrée de jeu j’aperçois deux sarcelles au loin. Je me baisse et me colle le long des roseaux pour les observer. Elles tournent et posent dans une crique. Je tente une approche mais à peine suis-je arrivé à leur niveau qu’elles décollent et filent hors de portée de fusil. 

Plusieurs mares se succèdent et c’est un enchaînement de loupés tous plus artistiques les uns que les autres… Derrière…trop bas…trop loin dans les roseaux je risque de la perdre si elle tombe…entendue mais pas vue…trop tard. Sur la bonne douzaine d’oiseaux levés, seulement quelques-uns auront été tirés…et loupés. Enfin bref,…une belle bredouille ! 

Sur le retour je croise deux autres chasseurs accompagnés d’un magnifique épagneul picard..les compères sont aussi bredouilles que moi. 

“Les bécassines, il y a ceux qui les chassent et ceux qui en tuent.” 

Un sauvaginier de la baie de Seine. 

C’est après plusieurs sorties infructueuses et quelques soirées à me demander si notre petit limicole était capable d’esquiver toutes les billes d’une gerbe, que j’ai finalement eu l’occasion de faire une sortie avec un sauvaginier qui n’en tue, lui. 

Et si je peux me permettre un conseil de débutant, chasser avec quelqu’un qui connaît le territoire ne pourra qu’être bénéfique. Déjà parce que ça vous fera gagner un temps monstrueux mais surtout parce que ça vous aidera à relativiser vos échecs. Eh oui, même les plus grands sont capables de louper lamentablement ! 

Ayant donc eu la preuve que la d’moiselle au long bec n’était pas un rêve inatteignable (je remercie d’ailleurs le tireur qui se reconnaîtra s’il passe par ici, de m’en avoir fait cadeau) je continue de parcourir le marais à sa recherche. Qui sait, cela fera peut-être l’objet d’une autre histoire.

En attendant je vous souhaite à toutes et tous une excellente saison de chasse. 

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3 Commentaires :
  1. Thierry
    25/09/24

    Bravo pour ce beau récit !!!
    Thierry

  2. Nico
    25/09/24

    La bécassine cette belle demoiselle adictive surprenante au cul levé, au chien d’arrêt ou même encore à la passe toujour de magnifiques manqués et de temps en temps la récompense

  3. FBZ
    26/09/24

    Je finis presque par la préférer à la bécasse ! Un de mes deux setters anglais est même spécialisé dans la bécassine 🙂
    Je les chasse avec mon Baby et des cartouches acier (basse pression évidemment) 9 voire 10. Je suis d’ailleurs convaincu que cet oiseau a été inventé par les armuriers pour vendre plus de cartouches !

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