Le déclassement du loup par la Convention de Berne suscite débats et interrogations : quels impacts réels sur la gestion de l’espèce ?
La décision de la Convention de Berne de rétrograder le loup d’ »espèce strictement protégée » à « protégée » marque un tournant, mais que cela implique-t-il dans les faits ? Si la symbolique est forte, les impacts réels sur la gestion du prédateur et sur les éleveurs restent à clarifier.
Des règles toujours encadrées, mais nationalisées
Ce changement ne signifie pas que la chasse au loup sera libre. La gestion de l’espèce sera davantage confiée aux États membres, qui devront définir leurs propres cadres juridiques pour encadrer les prélèvements. En France, où des tirs de loups sont déjà autorisés sous dérogation, cette évolution pourrait ne rien modifier dans l’immédiat. La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a affirmé que « toute destruction restera très encadrée ».
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Cependant, cette décision ouvre la porte à une simplification des démarches pour autoriser ces prélèvements, notamment dans les pays où le loup est moins présent ou au contraire si les tensions avec les éleveurs sont particulièrement fortes. Cela pourrait permettre des abattages préventifs ou une hausse des quotas annuels.
Un signal politique plus qu’une révolution
Le déclassement symbolise une prise en compte croissante des revendications des éleveurs dans le débat public. Ursula von der Leyen a salué une « nouvelle importante pour nos communautés rurales », alors que la pression des syndicats agricoles avait atteint son paroxysme ces derniers mois. Toutefois, les écologistes y voient un dangereux précédent. « C’est une boîte de Pandore« , avertit Nathan Horrenberger, redoutant que d’autres espèces emblématiques, comme l’ours ou le lynx, ne suivent le même chemin.
Quid des impacts sur les attaques ?
Les détracteurs de cette mesure rappellent que les tirs de loups, pratiqués depuis des années dans plusieurs pays européens, n’ont pas prouvé leur efficacité à réduire les attaques sur les troupeaux. Ils soulignent que désorganiser les meutes pourrait aggraver la situation en poussant des individus isolés à attaquer plus fréquemment le bétail.
Si la décision de la Convention de Berne reflète une tentative de compromis entre les intérêts ruraux et la conservation de la biodiversité, elle ne résout pas les tensions de fond. L’avenir de la gestion du loup dépendra des choix politiques nationaux, mais aussi de la capacité des acteurs à collaborer pour trouver des solutions durables qui intègrent la protection des éleveurs et celle de la faune sauvage.
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