Des générations de chasseurs de grands gibiers africains ont fait leurs armes au Sénégal derrière petits gibiers et phacochères. Dans l’extrême nord du pays, entre champs cultivés et denses zones marécageuses, les fameux suidés évoluent toujours en nombre et offrent l’opportunité de merveilleuses séquences d’approches.
Texte et photos : Philippe Aillery
Terre de phacos
Des marais gigantesques, des centaines d’hectares de couverts impénétrables en bordure du grand fleuve, de la nourriture abondante grâce à un impressionnant réseaux de cultures variées, et la quiétude offerte par proximité du Parc national des oiseaux du Djoudj, 3ème réserve mondiale pour l’avifaune aquatique, garantissent au plus populaire des « sangliers » africains de pouvoir s’épanouir sans véritable problème.
Hormis les chacals qui exercent une pression certaine sur les jeunes « phacos » durant les premiers mois de leur vie, ils n’ont de prédateurs au Sénégal que l’homme. Reste que dans un pays comptant 95 % d’habitants de confession musulmane, le suidé n’est tiré que dans le cadre de la protection aux cultures. Fort de ces données, il est alors facile de comprendre pourquoi la région de Saint-Louis abrite depuis toujours des densités d’animaux assez surprenantes. Cela fait plusieurs années que Gilles, notre chasseur, a intégré ces paramètres ? C’est la raison pour laquelle il se rend régulièrement à Kiroukou pour se mesurer aux phacos.
L’homme détecte d’abord, bien avant nous, à environ 90 mètres, une grosse femelle suitée de deux jeunes. Le trio est agenouillé et fouille vigoureusement le sol en quête de nourriture. Nous contournons cette famille très au large pour ne pas la mettre en fuite car ceci risquerait d’alerter les autres phacochères alentours. Chose faite, nous poursuivons en bordures des chenaux. Les arrêts sont très fréquents et notre ouïe est autant sollicitée que notre vue.
A portée de main
Daouda esquisse un sourire. Il est fier de son approche, c’est plus que légitime. De son côté, Gilles écarquille grands les yeux en serrant fermement sa carabine. Mâle ou femelle ? Impossible de le dire. Le temps de deux ou trois petites secondes, nous devinons la silhouette. Elle est massive et le blanc des défenses nous interpelle. Le guide est subitement formel et murmure : « Gros mâle… ». Dans l’instant, il se décale pour laisser la place à son chasseur qui s’empresse d’épauler. Malgré sa promptitude, le suidé a déjà disparu. Lâcher une balle dans ces conditions tient de l’inconscience. Gilles le sait bien et se ravise. Mais nous sommes toujours à bon vent et l’animal n’a pas pris la fuite, il poursuit simplement ses agapes en déambulant. Nous allons le remonter une seconde fois sans davantage le voir et il va finir par détaler dans un bruit de rouleau compresseur, que d’émotions. Il est maintenant inutile de poursuivre dans ce couvert car tous les phacochères du secteur ont dû détaler. Nous reprenons donc notre quête au milieu des rizières et des cultures maraichères. Dans le lointain, le son sourd et lourd d’un coup de carabine nous revient peu de temps après en écho. Une autre équipe de chasse vient de faire feu à plusieurs kilomètres de là.
Une dizaine de minutes plus tard, les dos et les arrière-trains de trois suidés sont aperçus à une centaine de mètres. Ils se tiennent au milieu d’une végétation clairsemée et desséchée qui ne permet pas d’identifier avec certitude les sexes et qualités des trophées des forces en présence. Le trio est agenouillé et retourne le substrat pour trouver pitance. Daouda veut gagner du terrain pour en savoir plus. Mais, la seule solution qui s’offre alors au binôme est de ramper. Pour ce faire, le pisteur prend en charge la carabine, se met à « quatre pattes » et commence à progresser. Son chasseur n’a d’autre choix que de l’imiter. Ils vont ainsi parcourir une bonne cinquantaine de mètres et s’apercevoir que leur objectif rassemble seulement des femelles. Le repli est par conséquent sonné. Gilles est ravi de la séquence qu’il vient de vivre.
Débuché dans les tomates
Tandis qu’ils appuient leurs bicyclettes le long d’un bouquet de tamarins, deux animaux fusent au grand galop et entreprennent de traverser la plantation dans sa diagonale. Gilles n’a rien perdu de la scène. Très sûrement, il épaule son arme et suit dans sa lunette la fuite des suidés. Dans les secondes qui suivent, il annonce : « Deux femelles, une adulte et une jeune…dommage car je les avais bien là… » Aussitôt, il baisse son arme en nous adressant un regard quelque peu déçu, ainsi va la chasse. Nous ne faisons pas d’autre rencontre jusqu’à notre arrivée au 4×4.
La chaleur monte et il est temps de regagner le camp de Kiroukou pour passer, à l’ombre, les heures les plus chaudes. Ce havre de paix sur lequel veille jalousement Dalila Thuillant, la propriétaire, est superbement arboré et parfaitement entretenu. S’y retrouver pour vivre la coupure du midi et les soirées est un réel plaisir. L’intermède de la mi-journée permet à chacun de profiter de la magnifique piscine et de s’accorder quelques moments de farniente dans la fraicheur des cases. C’est par ailleurs l’occasion, autour d’un repas préparé avec beaucoup soin et d’imagination par le chef Germain, d’écouter les récits des sorties vécues par les différents chasseurs. Celui que nous avons entendu tirer ce matin vit là son premier séjour en Afrique. Il a eu la chance de récolter un animal respectable. Son bonheur est perceptible.
Chasse express
Aussitôt, les deux complices s’engagent sur une diguette envahie d’arbrisseaux. Il est difficile de s’y mouvoir sans bruit, pourtant Daouda insiste et nous prouve dans les minutes qui suivent qu’il avait raison. Son ouïe des plus fines détecte des grognements sourds. Il est certain qu’un phacochère vient vers nous. Il positionne alors Gilles face à une petite fenêtre naturelle entre deux pieds de tamaris puis lui demande à voix basse de patienter et d’être attentif. Au fil des secondes, les sons se font de plus en plus perceptibles tandis que les pointes des typhas s’agitent et permettent de suivre désormais la progression du phacochère à une quarantaine de mètres de là. Faut-il encore pouvoir le voir pour en déterminer le sexe et la taille des défenses. Sans se soucier le moins du monde du danger qui le guette, le suidé avance à travers une étroite pointe de roselière d’où il va forcément devoir émerger s’il continue sa route.
Maral Platinum : le mariage entre l'élégance et l'efficacité légendaire de Browning
Vos pupilles se dilatent, votre rythme cardiaque s’accélère : vous avez le coup de foudre pour la Maral Platinum et nous vous comprenons ! Cette version luxueuse de la carabine à réarmement linéaire la plus rapide du marché se pare ici de splendides bois de grade 5. Une gravure arabesque finement ciselée sur la carcasse se marie à une boule de levier de culasse elle-aussi en bois.
Fermement appuyé sur la canne de pirsch, œil vissé à sa lunette, le broussard est concentré à l’extrême. Soudain, une face verruqueuse perce l’écran végétal. Daouda réagit aussitôt : « C’est un mâle avec des bananes moyennes, 25 cm maximum. Fais comme tu veux, mais tu peux tirer. » Gilles rêvait de cet instant. Le gibier s’offre maintenant en entier et de trois-quarts face. Sans plus attendre, le chasseur retire la sécurité de son arme, inspire et expire à deux ou trois reprises et presse sans à-coup la queue de détente. La détonation qui suit déchire l’atmosphère alors que la masse grise est comme happée par le sol. Elle ne se relèvera pas. Daouda et Gilles tombent dans les bras l’un de l’autre : « Je te l’avais dit que c’était pour ce soir ! ». Cette chasse aura duré seulement un quart d’heure, mais quel temps fort. Certes, le phacochère abattu n’est pas un trophée champion du monde. Néanmoins, son propriétaire est enchanté et c’est bien là l’essentiel.
Au cours de ce même après-midi, un autre chasseur va récolter un second phacochère. Au final, trois suidés figureront au tableau du jour, c’est une indéniable réussite qui participe à l’entretien de la bonne humeur ambiante véhiculée par tous les acteurs de Kiroukou. Si les nemrods sont fiers de leurs exploits, les pisteurs le sont tout autant. Ces derniers savent qu’un visiteur heureux a tendance à revenir régulièrement les voir et donc à les faire travailler. En attendant, la fête va battre son plein dès le retour au camp. De notre côté, nous sommes ravis de constater que la réputation de cette organisation n’est pas usurpée et dure au fil des années. Une bonne adresse où nous reviendrons, c’est certain.
Carnet de Voyage
TRANSPORT :
Plusieurs compagnies aériennes assurent des vols quotidiens, ou quasi-quotidiens, entre Paris et Dakar. Le temps de vol moyen est de 5h30. Après un accueil personnalisé à l’aéroport, une nuit à Thiès est ensuite prévue pour éviter de rouler de nuit. Le trajet entre cette ville étape et le camp se fait le lendemain matin en 4h30 de bon goudron.
SAISON :
La saison de chasse du gibier d’eau s’étend du début décembre à la fin mars. Celle des petits gibiers terrestres et du phacochère se poursuit jusqu’en avril.
TERRITOIRE DE CHASSE :
Plusieurs dizaines de milliers d’hectares composent le territoire de Kiroukou. Cette immensité alterne zones semi-arides, terres de maraichage, rizières, marigots, couverts de tamaris, d’épineux ou de typhas (roseaux) et plans d’eau. Partout, la vie grouille sous toutes ses formes.
GIBIERS :
La liste exhaustive de toutes les espèces chassables présentes à travers la zone de Kiroukou est longue si l’on veut s’attacher à citer l’ensemble des limicoles notamment. Nous nous bornerons donc à énumérer les variétés plus communes comme la sarcelle d’été, le souchet, le pilet, les dendrocygnes (veuf et fauve), le canard armé, l’ouette d’Egypte, l’anserelle naine, les bécassines (3 espèces), les chevaliers, les bécasseaux, le pigeon de Guinée, les tourterelles (5 espèces), la caille, le ganga à ventre brun, le lièvre et le phacochère.
CLIMAT :
Le débuts de saison, du début décembre à fin janvier, est frais, voire froid, la nuit et aux heures crépusculaires. La chaleur va ensuite crescendo jusqu’à la fermeture d’avril. Le risque de pluie est quasi-inexistant.
ÉQUIPEMENT :
De bonnes chaussures, des waders, des vêtements de chasse légers, des tenues civiles estivales, une polaire pour les petits matins frileux, des lunettes de soleil et une crème solaire à fort indice de protection et une lotion anti-moustiques (peu de diptères en fait) forment la panoplie de base. Un service de blanchisserie est assuré quotidiennement.
ARME :
Un fusil en calibre 12 ou 20 remplit parfaitement son office pour tous les petits gibiers du territoire pourvu que le chasseur soit déjà habitué à cette arme. Côté carabine, tous les calibres à compter du 7mm font l’affaire. Les distances de tir sur phacochères oscillent entre 30 et 150 mètres.
MONNAIE :
La monnaie du Sénégal est le franc CFA et deviendra prochainement l’éco. 1 euro = 655 francs CFA
Contact
Dalila et Didier Thuillant
Adresse Sénégal : BP 5865 – Bango Saint Louis – Saint Louis SOR – Sénégal
Adresse France : 5 route de Coutençon – 77154 Villeneuve les Bordes
Téléphone France : 06 73 39 83 79
Téléphone Sénégal : + 221 773 10 30 20
E-mail : campement-kiroukou@live.fr
Site : www.campement-kiroukou-chasse-senegal.com
Facebook : chassesenegalcampementkiroukou
Le Salon de la Chasse et de la Faune Sauvage 2023
Le Salon de la Chasse et de la Faune Sauvage de Rambouillet, qui aura lieu sur l’île Aumône, située en plein milieu de la Seine à Mantes la Jolie est connu comme le salon de chasse couvert le plus grand. Des exposants venus du monde entier se rassemblent pour présenter et démontrer les dernières nouvelles de l’industrie de la chasse en plein air couvrant autant des fusils de chasse que les vêtements à un public qualifié et intéressé. L’événement est une plate-forme de communication et information pour tous les chasseurs et les amateurs offrant d’excellentes occasions pour établir des nouveaux contacts.