Excédé, il tire sur des chasseurs

Chasse Actu
date 15 janvier 2025
author Dr Sirius Procyon

À La Breille-les-Pins, un conflit entre chasseurs et riverains éclate. Derrière les tirs (en direction des chasseurs), le reflet d’une ruralité sous tension.

Dans les méandres du bocage français, là où la ruralité s’épanouit encore entre plaines et forêts, un conflit d’un autre temps a ressurgi. À La Breille-les-Pins, un petit village du Maine-et-Loire, un homme de 68 ans, excédé par la présence de chasseurs près de chez lui, a décidé de répondre par les armes : des coups de feu en l’air, une confrontation brutale et une comparution devant le tribunal correctionnel de Saumur. Un fait divers, diront certains. Une parabole des fractures françaises, rétorqueront d’autres.

Car derrière ce coup de colère, c’est toute une société qui se dévoile, entre crispations rurales et malentendus sur la pratique cynégétique. Que reproche cet homme aux chasseurs ? D’approcher trop près de sa maison, de bousculer une tranquillité qu’il s’est imaginée inviolable. « Si ça continue, ils vont chasser dans mon jardin », a-t-il lancé devant les juges, comme pour justifier son geste. La famille de chasseurs, elle, parle d’intimidation, voire d’agression. Une mère évoque des « nuées de plomb », un fils affirme avoir été mis en joue. La peur s’est installée, réciproque, et le dialogue a laissé place au fracas.

Il y a, dans cet incident, l’écho d’un malaise plus large. La chasse, pratique enracinée dans nos campagnes, se retrouve souvent au banc des accusés dans une France où la ruralité se sent marginalisée. Elle dérange, elle inquiète, et parfois, elle suscite des conflits comme celui-ci. Pourtant, faut-il le rappeler, la chasse n’est pas une activité désordonnée. Elle est réglementée, encadrée, et les chasseurs eux-mêmes, souvent premiers protecteurs des écosystèmes, en sont les garants.

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Ce drame illustre aussi la difficulté d’une cohabitation harmonieuse dans un monde où les distances se réduisent, où les espaces de liberté des uns deviennent les limites infranchissables des autres. Entre chasseurs et riverains, le dialogue semble rompu, noyé sous des rancunes ancestrales et des incompréhensions mutuelles alimentées par ceux qui en tirent profit.

Mais au-delà des tensions individuelles, c’est la question de la gestion de nos campagnes qui s’impose. Quelle place pour la chasse dans une société qui tend à s’urbaniser ? Quelle reconnaissance pour ces traditions, parfois malmenées par des idéologies radicales ? Et surtout, comment prévenir ces débordements qui enflamment une ruralité déjà sous pression ?

La justice a fait son œuvre : cinq mois de prison avec sursis pour le tireur, interdiction de porter une arme, amendes symboliques. Une sentence mesurée, mais suffisante ? Rien n’est moins sûr. Car ce n’est pas dans les tribunaux que ces conflits doivent se régler, mais autour de tables où se rencontrent raison, respect et volonté commune d’apaiser.

Face à ces fractures, il est urgent d’écouter et de comprendre. De rappeler que la chasse, si elle respecte ses règles, est un patrimoine, et non un trouble. De garantir que la ruralité, loin d’être un champ de bataille, peut rester un espace de partage et d’harmonie. Sans cela, les coups de feu de La Breille-les-Pins ne seront que les premiers éclats d’un conflit qui n’aura jamais été désamorcé.

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2 Commentaires :
  1. Ambroise
    15/01/25

    Je vous soutiens tous à 2000%, et un chasseur passionné de surcroit, mais là, soyez honnêtes: le tireur est un chasseur et le conflit viendrait d’un vieux différent lié à la chasse (source Ouest France).
    Attention sur ce coup là de ne pas tomber dans la malhonnêteté permanente des anti chasse. Par contre, ces crétins ne vont pas se priver de relayer ça.
    Bien et à vous

  2. Sylvain
    15/01/25

    > La justice a fait son œuvre : cinq mois de prison avec sursis pour le tireur, interdiction de porter une arme, amendes symboliques.

    « interdiction de porter une arme » ? c’est encore le fameux « permis de port d’arme » qui n’existe pas mais qui veut dire en terme réels « inscription au FINIADA »? Ou est-ce que « interdiction de porter une arme » signifie retrait du permis de chasse? Ou les deux?

    Merci d’être précis sur les termes, ce qui est votre responsabilité d’éditeur d’un site qui a l’image de maîtriser le sujet des armes et de la chasse.

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