Depuis plusieurs années, la traque-affût connaît un développement accéléré à l’échelle nationale. Méthode de chasse médiévale tombée dans l’oubli au cours des siècles, son renouveau dans un grand nombre de régions interpelle et suscite de nombreuses discussions passionnées.
Ses pratiquants la définissent ainsi : « La traque-affût consiste à positionner les postés non pas en ligne, sauf exception liée au relief, mais à proximité des coulées de fuite des animaux, que ce soit à l’intérieur des enceintes ou à l’écart de celles-ci. Les postés sont souvent très éloignés les uns des autres, et en hauteur. Ceci permet d’autoriser le tir à 360 degrés à très courte distance ».
Dans les faits, elle conduit à une sorte de dilution des postés dans la nature, au cœur des parcelles forestières. Ainsi affranchis de la notion de voisins de poste, ils peuvent se concentrer totalement sur leur environnement périphérique. Généralement postés en hauteur, que ce soit sur des miradors ou en s’aidant du relief, ils sont parfaitement à l’aise pour bien identifier le gibier et prendre le temps de procéder à un tir dans les meilleures conditions de sécurité et d’efficacité possibles.
L’éthique de chasse repose alors sur la capacité à bien placer sa balle, plus que sur la prouesse spectaculaire de ce que certains qualifient de manière discutable de « sportivité du tir ». Là, il s’agit au contraire de mettre tous les atouts de son côté pour limiter autant que possible le risque d’infliger des souffrances au gibier.
Ainsi menée, la chasse se fait nettement plus discrète aux yeux du grand public qui ne voit plus des alignements de gilets orange dans les campagnes. La facilitation du tir fait chuter de manière très nette le nombre de balles tirées par animal au tableau ; de 7 en moyenne en battue, on descend généralement entre 1,5 et 2.
Contrairement à une idée préconçue, la traque-affût n’est pas une poussée silencieuse. Si elle peut effectivement être pratiquée sans chiens, la plupart des équipes ont au contraire l’habitude de traquer avec de nombreux chiens, y compris courants. On peut noter au passage que les chasseurs en montagne pratiquent souvent la traque-affût… Même s’ils l’appellent « battue » par habitude.
L’un des grands avantages de cette méthode est qu’elle permet de chasser bien plus facilement dans des territoires morcelés et/ou biscornus, là où la battue, avec sa logique très géométrique, serait une véritable gageure pour l’organisateur de la chasse. Quelques postes isolés sont souvent bien plus faciles à concevoir que des lignes droites, imposant aussi parfois de nombreux angles de non-tir supplémentaires du fait d’éléments tels que routes, bâtiments ou lignes de crêtes.
Un avantage non négligeable de cette méthode est aussi qu’elle permet souvent de positionner plusieurs postes sur la même coulée. Ainsi, cette redondance permet d’augmenter d’autant la rencontre avec le gibier et de réaliser de manière sereine des prélèvements très soutenus. Dans le contexte de la baisse du nombre de chasseurs et de l’augmentation des populations de grand gibier que nous connaissons depuis plusieurs décennies, une telle opportunité peut s’avérer déterminante dans de nombreuses régions.
Tous ces éléments ont aujourd’hui poussé des territoires emblématiques de la chasse française à passer à la traque-affût. Depuis trois ans, la forêt de Chantilly, dans l’Oise, s’y est convertie sur près de 7000 hectares. Cette année, c’est le Domaine National de Chambord qui a ainsi commencé à organiser ses premières chasses selon cette méthode, avec semble-t-il un certain succès.
D’ailleurs, cette chasse novatrice est amplement approuvée par les nouvelles générations : “L’Association Nationale des Jeunes et Nouveaux Chasseurs (ANJC), en partenariat avec l’ONF de l’Orne et la Fondation François SOMMER, a la chance de proposer aujourd’hui une expérience de “traque-affût gestion intégrée” sur son territoire en forêt domaniale du Pin-au-Haras. L’objectif est d’accueillir un maximum de jeunes et de nouveaux chasseurs issus des associations départementales pour leur faire découvrir la pratique de la traque-affût tout en y associant la gestion intégrée afin de tendre vers l’équilibre forêt-gibier. Une journée de chasse riche en apprentissage et en partage.” explique Alexandre Mercier, président de l’ANJC.
Loin de ces chasses prestigieuses, de nombreuses sociétés de chasse mues par la passion de leurs adhérents œuvrent à mieux la faire connaître du monde de la chasse et des gestionnaires de forêts, privées comme publiques. L’enthousiasme des uns rencontre l’adhésion des autres, et cette nouvelle proposition faite par les chasseurs, en complément des battues classiques, est une corde de plus à l’arc de la chasse française pour renouer avec l’opinion publique.
Chassant dans le Var depuis 35 ans je n’ai jamais connu d’autre mode e chasse collective du sanglier. Ce type de chasse n’est ni médiéval ni « nouveau » mais simplement moins rependu dans des territoires plus commerciaux. . Les séances de Tir des grandes chasses de la moitié Nord ont montré leurs limites, et c’est rassurant de revenir à une opposition plus discrète et plus intelligente entre nos suidés et nous même.
Je vous souhaite de redécouvrir les bois au matin, en allant se poster discrètement, en espérant surprendre une sanglier se faufilant, ou filant plein gaz devant des chiens tout en gorge.
Revenir à des chasses plus traditionnelles protege nos valeurs, et limite les attaques de nos détracteurs.
A quand le retour de la Glue ? Et l’arrêt des lâcher de faisant ?
Au plaisir de continuer à vous lire,
Ce mode de chasse est celui pratiqué en montagne avec des chiens mais ce n’est pas un rabat c’est une quette avec un lancé, les bêtes vont ou elles veulent, à nous de bien nous poster. La chasse aux postiers les une à coté des autres ne se fait que dans les « grandes chasses ». Pour ma part se retrouver seul au milieu de la nature à attendre le gibier est un vrai moment de bonheur; on fait parti d’un tout et on se sent à sa place.
Ce type de chasse est pratiquée régulièrement en Suisse romande, dans les cantons de la chasse à patente. Elle constitue le noyau dure d’une pratique de chasse ancestrale au chevreuil et au sanglier au Jura en particulier. Il s’agit de constituer de petites équipe de max 5 à 7 chasseurs qui à l’aide de chiens courants (type Bruno du Jura) débusquent le gibier. Le modeste équipage se déploie dans le terrain. Le gibier est attendu par les chasseurs aux postes clés. On l’aura compris, une connaissance des coulées passages et autres sentes est nécessaire. Cela permet effectivement d’espacer les chasseurs sur le terrain en diminuant fortement les risques inhérents aux accidents. La forte concentration de chasseurs est également évitée. Le fait de se retrouver -la même équipe- durant la saison pour une partie de chasse entre des amis choisis est très apprécié dans nos contrées. Convivialité, éthique, discrétion et sécurité sont ainsi réunis.