« La chasse à courre, une pratique d’aristocrates » fait figure d’argument phare des adversaires de la vènerie, comme nous le rappelle une récente tribune d’élus contre cette pratique cynégétique. Faux évidemment. Infâme ? Oui, aussi.
C’est une allégation que toute personne qui a deux sous de connaissance sur la question sait parfaitement fausse. Ce qui se confirme d’ailleurs régulièrement, aussi bien au travers d’études et sondages sur la sociologie de la vènerie, que dans des témoignages comme celui que Franc Aller nous à livré il y a peu dans ces colonnes.
Cet état de fait me rend heureux, ne serait-ce que parce qu’il signifie que la beauté de la vènerie peut toucher n’importe qui, et que grâce à elle, des gens qui auraient pu ne jamais se côtoyer partagent passion et bons moments.
Mais je dois dire que je regrette presque la facilité avec laquelle nous pouvons démontrer que cet argument anti-vènerie est infondé, car nous en oublions trop souvent de montrer qu’il est aussi abject.
Des gens de tous horizons chassent à courre, c’est un fait. Mais avant de constater cela, nous pouvons affirmer sans l’ombre d’un doute que tout le monde PEUT chasser à courre : la vènerie est ouverte à tous les horizons sociaux et toutes les bourses. Et c’est très important.
Parce que cela signifie que faire un argument avec « La chasse à courre, une pratique d’aristocrates », et le mettre au même rang que « La chasse à courre est une pratique cruelle de psychopathes », ce n’est pas dire « les descendant de la noblesse sont des salauds car ils chassent à courre ». C’est dire « la chasse à courre est une saloperie car elle est pratiquée par des descendant de la noblesse ». C’est frapper d’infamie une pratique au seul motif qu’elle aurait les faveurs d’une catégorie particulière de la population. Catégorie dont l’ascendance constituerait un crime en soi, ferait d’eux des citoyens qu’on peut pointer du doigt.
J’ai grandi, et je pense ne pas être le seul, en apprenant qu’on pouvait reprocher aux gens ce qu’ils font, mais certainement pas ce qu’ils sont de naissance – qu’il soit question de couleur de peau, d’origine sociale ou géographique.
Il est toujours inquiétant de voir que l’universalité de ce principe est aisément remis en cause pourvu qu’on choisisse bien sa cible. Que cette remise en cause puisse se faire sans être dénoncée, critiquée.
Cela peut paraitre bien anodin quand cela s’applique à la Vènerie et ses pratiquants. Mais l’actualité récente nous rappelle que renoncer à défendre des principes universalistes en toutes circonstances n’est jamais sans conséquences.