Charente-Maritime : miroir d’un mal national 

Chasse Actu
date 23 avril 2025
author Léa Massey

Dévastations agricoles, indemnités écrasantes, désengagement des jeunes… En Charente-Maritime comme ailleurs, les chasseurs sont au bord de la rupture. Face à la prolifération des sangliers, c’est toute l’architecture de la chasse populaire qui vacille.

Il n’y a pas que les Pyrénées, la Sologne ou les plaines céréalières de l’Est. En Charente-Maritime aussi, les chasseurs vacillent sous le poids d’un fardeau que beaucoup refusent encore de regarder en face : celui de l’indemnisation des dégâts de sangliers. Ce département côtier a versé l’an passé plus de 500 000 euros aux agriculteurs pour compenser la destruction de 380 hectares de cultures. Une somme astronomique pour une fédération départementale. Et un gouffre financier pour des chasseurs qui n’en peuvent plus.

Le président de la FDC17, Christophe Bouyer, est clair : sans aide publique, la fédération serait dans le rouge pour la cinquième année consécutive. Et même avec, elle ne tient qu’à un fil. Cette spirale budgétaire pose une question brûlante que beaucoup éludent par confort idéologique ou ignorance militante : combien de temps encore pourra-t-on maintenir une chasse populaire, accessible à tous, si les ACCA s’effondrent sous le coût de la régulation ?

La fin de la chasse populaire ?

Dans cette affaire, tout le monde y perdrait : les agriculteurs, premiers touchés par les dévastations ; les chasseurs, devenus les seuls gestionnaires d’une faune dont la prolifération est en grande partie le fruit de politiques publiques incohérentes ; et plus largement, la société toute entière, qui verrait disparaître un système de régulation fondé sur l’engagement bénévole et la solidarité rurale.

A lire aussi : Sangliers : la science pour une régulation efficace

Loin des fantasmes animalistes ou des caricatures urbaines, la réalité est implacable : la chasse coûte cher, très cher, à ceux qui la pratiquent. Et les jeunes générations, de plus en plus réticentes à s’impliquer dans la battue traditionnelle, pourraient bien être le prochain maillon qui casse.

Une problématique nationale masquée

L’article du Parisien, consacré à la Charente-Maritime, est à lire comme un symptôme national. Partout en France, des fédérations départementales tirent la sonnette d’alarme. Partout, les mêmes constats : des populations de sangliers en explosion, des indemnisations qui ruinent les structures locales, des agriculteurs en détresse, et une classe politique souvent plus soucieuse de séduire les plateformes militantes que de gérer sérieusement un problème de territoire.

En 2023, un accord tripartite entre l’État, la FNSEA et la FNC avait permis une bouffée d’oxygène. Mais jusqu’à quand tiendra-t-on avec de simples perfusions budgétaires ? Il faudra bien un jour que les pouvoirs publics — et les Français — regardent en face cette réalité : sans les chasseurs, ce pays ne tiendra pas longtemps face aux sangliers. Et sans moyens, les chasseurs ne tiendront plus.

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7 Commentaires :
  1. Alex
    23/04/25

    Il faut aussi que les chasseurs eux même jouent le jeux …. dans combien de chasse on épargne les laies et limite les prélèvements, tout ça pour « en garder pour l’année prochaine » sans parler des mecs qui tiennent l’organisation des battues empêchant toutes évolutions ou changement possible pour gagner en efficacité . Bref y’en a des choses a dire et surtout a faire avant d’aller pleurer au subventions

    1. Hervé
      23/04/25

      Par chez moi dans le grand Est , le schéma départemental cynégétique interdit les consignes de tirs … Si certaines ACCA ou adjudicataires les respectent , trop nombreuses sont ceux qui continus à ,donner des consignes de poids , de sexe et menacent d amendes ceux qui ne seraient pas dans les clous . Que l on commence par ce donner les moyens de faire respecter ce schéma départemental et peut être aurons nous une chance de voir les dégâts baissés .

    2. Pit
      24/04/25

      Tout est dit. Sauf que personne ne veut remplacer l’encadrement défaillant !

    3. Jeanmi
      24/04/25

      Je ne suis pas forcément d’accord, je chasse en Charente Maritime on ne fait pas de sélection sur les 40 sangliers qu’on a prélevé cette année une dizaine faisait moins de 20kg et on en a eu de très gros aussi. Sur les dégâts occasionnés il y a aussi de l’abus j’ai bcp de copains agriculteurs qui font des demandes de dégâts par principe des que 2 coup de nez de sanglier sont fait dans leur champ ils touchent un petit qque chose alors qu’ils n’ont pas de baisse de rendement . Et des petits+ des petits ça fait bcp. Maintenant ils sont après les lièvres pour les tournesols, ils après les palombes pour les maïs, ils ne supporte plus rien. Bcp était chasseur autrefois on leur a demandé de reprendre un permis pour nous aider à participer à la régulation mais ça ne les intéresse pas. C plus facile de réclamer des indemnités…..

  2. Ludo
    24/04/25

    Bonjour, le sanglier comme tous gibiers doit être géré par secteur. Car ce qui est vrai ici ne l’ai pas forcement là. Il faut donner des moyens au fédérations de faire pression sur les bonne zone. Et aussi permettre plus facilement le développement d autre mode de chasse comme l affût, les battues silencieux etc qui attire un nouveau public.

  3. serge
    24/04/25

    Présidentielle dans 2 ans probablement législative dans 6 mois le calendrier ne joue pas en faveur des chasseurs. Les « politiques » vont déjà assurer la ré élection en donnant à ceux qui crient fort des raisons de voter pour l’immobilisme. Le sanglier n’a pas fini de nous faire parler…

  4. VEQUAUD Stef
    26/04/25

    pourquoi ne pas faire payer les associations  » d’Ecologistes » aussi. Pierre Rigaux, Hugo Clément et tous ces autres » protecteur » de la nature en premier ??????

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