S’il y a bien un sujet qui fait hurler les anti-chasse, c’est bien celui-là. Imaginez un homme blanc pété de thunes qui se rend en Afrique australe pour buter des girafes. Toutes les conditions sont réunies pour un lynchage médiaque. Mais est-ce que cette chasse aux trophées ne possèderait pas quelque vertu inconnue du perpétuel indigné ?
Texte : Richard sur Terre
Vous n’êtes pas sans savoir que le Royaume Uni vient d’interdire la chasse aux trophées. Le fameux Trophy Ban. Et à première vue, quand on regarde les choses « vite fait », on a du mal à trouver que c’est une mauvaise nouvelle. C’est vrai…prendre l’avion c’est déjà plus très sexy, mais si en plus c’est pour aller flinguer la faune sauvage à des dizaines de milliers de kilomètres de chez soi, ça devient dur à défendre.
Mais (et comme d’habitude), il se trouve que les choses sont un poil plus nuancées dès qu’on prend la peine de s’y attarder.
Le site Fair Planet ouvre son article sur le sujet de cette façon : « Les pays d’Afrique australe mettent en garde contre les répercussions qu’une telle interdiction pourrait avoir sur les communautés locales vivant à proximité des animaux sauvages. »
Ah bah oui…on n’y avait pas pensé dis-donc…c’est vrai, que pèsent quelques villageois face à la vie d’un phacochère ? Une véritable économie de subsistance s’est créée au contact des riches occidentaux prêts à payer des fortunes pour ramener un trophée chez eux.
« La plupart des revenus de la chasse au trophée proviennent de chasseurs professionnels internationaux. C’est cet argent qui est réinvesti dans des activités génératrices de revenus par l’intermédiaire de fonds communautaires »
Mais ce n’est pas tout. Au-delà de l’aspect économique, il y aussi des intérêts en termes de biodiversité. Les « propriétaires » des droits de chasse, voyagistes occidentaux pour la plupart, réinvestissent des fortunes pour la conservation des espèces présentes sur leur territoire, gage d’attractivité et de réussite pour leurs clients : patrouilles effectuées par des membres de la communauté, programmes de protection des animaux et érection de clôtures à l’épreuve des éléphants afin de réduire les incidences des conflits entre les humains et la faune sauvage.
« Lorsque les communautés bénéficient des revenus tirés de la chasse au trophée, défend monsieur Simasiku, directeur exécutif de NCONGO, une ONG travaillant avec les communautés du Botswana sur les questions de gestion des ressources naturelles et de conservation de l’environnement pour le développement durable, elles se sentent « propriétaires » de ces animaux et jouent donc un rôle actif dans les activités de lutte contre le braconnage, notamment en alertant les gardes forestiers. »
Mais ce que ne sont pas capables d’anticiper les amis des animaux, toujours prompts à verser la larmichette devant une girafe morte, c’est que ces pays cherchent à se tourner vers d’autres acteurs, et en particulier à l’est :
Christopher Brown, directeur de la Chambre namibienne de l’environnement (NCE), a recommandé de « commencer à regarder vers l’est pour développer nos économies basées sur la faune sauvage, qui comprennent la viande de gibier, la chasse au trophée et un commerce réglementé de la corne de rhinocéros et de l’ivoire ».
Face à nos atermoiements occidentaux qui flinguent toute idée de pragmatisme, les chinois devraient prendre le relai et commencer par ne plus rien avoir à cirer de la conservation des biotopes locaux. Mais je suppose qu’on s’en carre, bien au chaud derrière son clavier à signer la pétition de plus qui devrait témoigner de la grandeur de son amour du « bien » ultime de son petit cœur tout mou.
Monsieur Brown pense que la Namibie et l’Afrique australe devraient également « continuer à faire pression au Royaume-Uni, aux États-Unis et dans l’Union européenne, pour essayer d’amener les politiciens rationnels et ouverts d’esprit à comprendre à quel point la conservation dans nos pays se porte bien ».
Bon courage.
Tinashe Farawo, porte-parole de l’autorité zimbabwéenne chargée de la protection de la faune et de la flore, a déclaré qu’une telle interdiction risquait d’avoir de nombreuses répercussions négatives involontaires, qui, selon lui, « doivent être analysées en consultant davantage les communautés concernées. »
Il poursuit : La suppression des mesures incitant les communautés et le secteur privé à coexister avec la faune sauvage, à la promouvoir et à la conserver, en particulier les espèces telles que l’éléphant et le lion, entraîne généralement des représailles de la part des victimes de conflits entre les humains et la faune sauvage ».
Il ajoute : « Sans les avantages substantiels qu’ils tirent actuellement de la chasse sportive durable, ces gens risquent de devenir des braconniers – puisque la pratique légale est supprimée, ce qui les prive de toute autre option de subsistance durable pouvant générer autant de revenus que la chasse ».
Est-ce que ces arguments ont de quoi faire trembler l’anti-chasse primaire ? Est-ce qu’une fois ses larmes séchées, il aura quelque pensée pour le zimbabwéen qui ne peut plus nourrir sa famille ? Non bien sûr. Il devrait nous annoncer très vite « qu’il doit bien exister d’autres solutions ». Bien entendu. Et en les attendant, on sera les témoins d’un braconnage sauvage qui alimentera les filières illégales. On avance dans la conservation.
Bon face à ces réalités de terrain, il semble que les anglais aient amendé leur texte afin de le rendre plus « souple ». Comme d’habitude quoi. On s’émeut, on légifère, et on se rend compte plus tard qu’on a peut-être fait une connerie.
Mais figurez-vous qu’il existe des militants en Afrique australe qui veulent attraper les politiques britanniques par la pointe des oreilles, et leur coller les miches dans un avion pour (je cite) « qu’ils prennent connaissance des stratégies de conservation employées par les communautés et les gouvernements locaux. »
Savoir avant de l’ouvrir quoi. Quel doux rêve dans cette belle société moderne et ignorante qui fait de l’indignation permanente son mode de pensée.
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Et le financement de la ligne de chemin de fer Tanzanie-Zambie, qui fut, en partie financée à la Chine, par de l’ivoire des Eléphants, qui s’en souvient ….???
Bravo pour l’article!
Je soutien à 1000% cet article.
Merci RICHARD
Richard,
Merci d’avoir mis en lumière ce sujet des grandes chasses à l’étranger qui coûtent une fortune au chasseur pour le droit de tirer une espèce exotique dans un parc africain ou autre.
Oui, c’est actuellement le moyen de préserver la faune de ces parcs, d’en éloigner le braconnage et d’aider une partie de la population autour de ces parcs.
Il n’y a que très peu de riches philanthropes souhaitant verser des fonds, directement ou via des fondations, pour préserver ces parcs et la faune qu’elle abrite, d’où la solution retenue par certains pays.
Le remède proposé par ces ‘’défenseurs d’animaux’’ , surtout pourfendeurs des extravagances de certains riches, est nettement pire que la situation actuelle comme il vient d’être montré.
N’oublions pas non plus, en plus de tout ce qui a déjà été dit, que chasser un trophée, revient à chasser un vieil animal, qui aura vécu, et engendré une descendance. On est sur du qualitatif, cynégétiquement parlant.
On est à l’opposé de nos battues, où l’on tire tout ce qui arrive, pourvu que ça diminue les populations (lol) et surtout que ça remplisse les congélos !
Bravo Richard pour l’ensemble de ton oeuvre.
La chasse aux trophées n’a rien à voir avec la chasse en battue. Ce n’est pas une chasse qui m’intéresse, surtout si c’est du sanglier, mais je n’ai rien contre ceux qui pensent en premier remplir leur congélateur de viande par ce moyen.
Je connais des chasseurs qui remplissent leur congélateur avec du sanglier, mais qui complètent leur approvisionnement en viande par le partage d’une carcasse de bœuf qu’ils achètent à plusieurs.
La chasse aux trophées ne m’intéresse pas plus que vous. Je la trouve même surfaite à notre époque. Toutefois si cela permet de faire vivre un peu mieux la population locale, si cela permet de combattre le braconnage sous toutes ses formes, pourquoi pas. Vous parlez de la chasse en battue, parlons en. Je chasse en battue car j’aime la convivialité qu’il règne dans l’équipe dont je fais partie. J’aime entendre le travail des chiens et des rabatteurs, et sentir l’adrénaline monter lorsque approche le gibier.. sera-t-il de taille , pourrais je bien placer ma balle, et aurais la chance de pouvoir le tirer? Au final, ce sera un superbe marcassin qui passe son chemin le plus calmement du monde, ou même un chevreuil effarouché par les chiens. Remplir le congélateur ne m’intéresse pas plus que ça. Si j’ai un morceau alors oui je le cuisinerais et le dégusterai avec des amis proches, chasseurs et non chasseurs. Et si je peux en faire profiter des gens que je connais qui sont dans le besoin, ne serait ce que pour améliorer leur difficile quotidien je le fais bien volontiers et dès que je peux. Pour finir si tous ces ultra riches qui peuvent se peayer ce genre de pratique pourquoi ne feraient ils pas des actions de protections en versant l’équivalent de leur séjour voire plus en numéraire. Ce serait aussi une bonne chose…
Ce genre d article putassier n est pas étonnant que sur un site qui propose une section voyage de chasse pour aller butter toute sorte de faune dans tout pays … Prendre quelques exemples où la mane d argent permettrai de auver quelque peu la faune est un biais fausses, a chaque fois on favorise uniquement l animal cible et non la faune dans sa globalité. Mais pour cela il faudrait un peu plus d honnêteté et de recherche que ce que ne propose Richard sana terre
Bof, bof !!!
Article ‘’putassier’’ ??
Je ne vois pas.
Hein? Keskidi ?Il y a trop ou pas assez de lettres dans les mots… du coup, le sens est perdu.
Chasse aux trophées, chasse à courre : Bouh ! Vilains les riches !
Il ne me viendrait pas à l’idée, si j’étais riche -ce que je ne suis pas- d’aller tirer une grosse bête dans un parc en Afrique contre une grosse somme, même en sachant pertinemment que je ne mettrais pas en danger la survie d’une espèce.
Pour moi, ce n’est pas réellement de la chasse, mais il est certain que l’argent de ces chasseurs permet d’entretenir ces parcs et en protège les animaux qui seraient, sans cela, la proie des braconniers.
Il faut rester pragmatique et reconnaître l’intérêt de ce modèle à défaut d’un autre.
Bonjour,
L’Entrée d’argent totale liée à la chasse de trophées en Afrique sub-saharienne s’élevait à 201 millions de $ en 2006. C’est beaucoup.
Mais c’est pas grand chose comparé aux 36 MILLIARDS de $ amené globalement par le tourisme sur la même année.
Et puis bon, faut voir où va tout cet argent aussi parce que y’a des trucs un peu opaques, j’ai l’impression (voir la publication « Missing the Mark »)
En plus de ça, il y d’autres pays où on n’a globalement pas besoin de la chasse de trophées pour protéger les espèces sensibles assez semblables à celles de la grande faune africaine (Éléphants, Rhino, Buffles, grands félins…) et où ça marche presque mieux qu’en Afrique…
Je parle du sous-continent Indien, pour ceux qui ne suivent pas.
De plus je m’étonne que vous puissiez qualifier de « chasse » ce genre de pratiques qui pour le coup se résument strictement à flinguer de la grande faune « mythique » dans un pays étranger.
Effectivement, la chasse aux trophées, c’est pas beau.
Bonjour,
Les propos divers tournent autour de la chasse aux trophées dans les parcs. Personnellement je n’ai rien vu de tel au Cameroun, Zimbabwe… où je ne suis rendu pour du comptage faunique avec une ONG (et oui même un chasseur peut le faire, juste pour aider les populations locales).
Allez à la rencontre des populations, ceux qui gravitent autour de l’activité cynégétique, eux seront vous raconter de belles histoires, eux qui restent sur place grâce à cette activité, au lieu de s’entasser (difficilement) dans une grande ville, pour vendre des bébés élephants en acajou et en ébène sculpté à longueur de journée, loin de leurs terres natales ou de leur famille.
Eh oui , il faut bien vivre ! Monsieur Sur Terre et sur Ecran (beaucoup sur écran), le vieux tutoyeur des vérités éternelles, promeut ici les housses à fusil et l’économie africaine. On notera au passage son louable effort pour s’ouvrir à la pensée d’autrui
quand il se donne la réplique à lui même….Sur le fond plutôt que d’enfoncer des portes ouvertes, on aurait aimé qu’il nous dise pourquoi lui , selon son aveu, il n’irait pas tirer le lion en Afrique.
Allez, contrairement à ce que vous dites Monsieur Sur Terre et sur Ecran vous pouvez faire mieux : vous pouvez faire encore plus désabusé, encore plus pauvre intellectuellement, culturellement et visuellement….
PS : Tous les passionnés de nature et tous les chasseurs ne sont pas de fervents admirateurs du style des Grosses Têtes ou de l’émission « Touche pas à mon poste ».
bien à vous