Les chasseurs sont une chance pour la biodiversité

Chasse Actu
date 08 mai 2025
author Richard sur Terre

En Sarthe, les chasseurs appellent à retarder la fauche pour laisser naître faisans et perdrix. Car sans vie sauvage, pas de chasse possible. C’est ce qu’on appelle un pragmatisme efficace.

C’est une scène banale de printemps, en apparence. Une faucheuse se met en route, les herbes ploient, les friches s’aplanissent. Et dans le vrombissement des machines, un nid est détruit, des œufs brisés, une couvée anéantie. Invisible, silencieuse, cette hécatombe saisonnière se répète chaque année. Mais en Sarthe, une voix familière s’élève pour rompre ce cycle mécanique : celle des chasseurs.

Oui, des chasseurs. Ceux que l’on caricature volontiers en viandards obtus ou en destructeurs de nature. Ceux-là mêmes qui, aujourd’hui, appellent à suspendre les broyeurs et à laisser pousser les herbes folles. Pourquoi ? Parce qu’ils aiment chasser. Et que pour chasser, encore faut-il qu’il reste quelque chose à chasser.

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En demandant aux agriculteurs et propriétaires de retarder la fauche des friches, les chasseurs de la Sarthe agissent en écologistes pragmatiques. Pas de grands discours théoriques, pas de slogans, pas de fantasmes d’une nature muséifiée. Juste une attention concrète à la reproduction du petit gibier — faisans, perdrix, canards — qui niche en ce moment dans les hautes herbes et les bordures sauvages.

Ce geste, qui peut sembler modeste, est en réalité le fruit d’une philosophie ancienne : celle de la gestion raisonnée des milieux. Car il n’y a pas de chasse durable sans un écosystème équilibré. Et il n’y a pas d’équilibre sans habitats préservés, ni de reproduction sans tranquillité.

Contrairement à ce que prétendent leurs détracteurs, les chasseurs ne tirent pas leur plaisir de la raréfaction. Ils ne se réjouissent pas de voir disparaître les espèces. Bien au contraire. Un chasseur n’a aucun intérêt à vider les haies de leurs nids ni les plaines de leur vie. Son intérêt est profondément lié à la richesse du vivant.

Et c’est là que le débat mérite d’être déplacé : plutôt que d’opposer affect contre affect, compassion contre passion, pourquoi ne pas miser sur cette forme de pragmatisme ? Le chasseur ne protège pas par principe, il protège par nécessité. Mais cette nécessité a plus de poids que bien des dogmes.

Ce n’est pas un hasard si ce sont les fédérations de chasse qui investissent chaque année des millions d’euros dans les jachères, les haies, les bandes enherbées, les plans de repeuplement. Ce n’est pas un hasard si ce sont elles, encore, qui rappellent aux agriculteurs que derrière les ronds de friche vivent des nichées entières.

Alors oui, les chasseurs aiment chasser. Et c’est peut-être la meilleure chose qui puisse arriver à la biodiversité ordinaire : celle qui ne fait pas la une des journaux, celle qui ne bénéficie pas d’espèces-totems ou de hashtags militants, mais qui dépend chaque jour d’une mosaïque de gestes, de choix et d’alliances.

En Sarthe, ce mois de mai, l’appel lancé est simple : attendez un peu. Laissez la vie sortir des œufs. Laissez les perdrix grandir, les faisandeaux s’ébrouer dans les herbes hautes. Retarder une fauche, c’est gagner une couvée. Et c’est, mine de rien, un acte de préservation.

Pragmatique, concret, efficace. Comme le sont souvent les chasseurs.

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