Éoliennes tueuses : la justice passe

Chasse Actu
date 08 avril 2025
author Léa Massey

Pour la première fois, un parc éolien est condamné à l’arrêt pour destruction d’espèces protégées. Un coup d’arrêt symbolique à l’aveuglement écologique.

C’est une décision inédite, et elle a fait l’effet d’un vent contraire dans les énergies renouvelables : le tribunal correctionnel de Montpellier a ordonné lundi 7 avril l’arrêt temporaire – mais immédiat – des 31 éoliennes du parc d’Aumelas, dans l’Hérault. Un revers cinglant pour EDF Renouvelables, reconnu coupable, avec neuf de ses filiales, de la mort de 160 animaux protégés, principalement des faucons crécerellettes et des chauves-souris.

À l’origine de cette procédure pénale rare : France Nature Environnement Occitanie-Méditerranée (FNE-OccMed), qui a poursuivi les exploitants pour destruction d’espèces protégées. Une « simple » citation directe, sans ministère public à la barre, mais dont l’onde de choc traverse déjà tout le paysage de l’éolien français.

Quand le vent tourne…

On savait les éoliennes bruyantes, moches, intermittentes, subventionnées à coups de milliards, mais on devait désormais aussi les considérer comme des machines à broyer la biodiversité ? Depuis des années, les associations alertent sur l’impact des pâles géantes sur les oiseaux migrateurs, les chauves-souris et les milieux naturels. Cette fois, la justice leur a donné raison.

160 cadavres recensés. Parmi eux, des dizaines de faucons crécerellettes, un petit rapace migrateur classé menacé. Il niche précisément dans le secteur d’Aumelas entre avril et août. Coïncidence ? C’est exactement la période pendant laquelle les éoliennes devront rester à l’arrêt, conformément à la décision du tribunal. « Il n’y aura pas de nouvelle mortalité cette année », a déclaré, soulagé, Simon Popy, président de FNE-OccMed.

Un verdict qui fait trembler l’éolien

Les condamnations sont lourdes : 500.000 euros d’amende pour chacune des dix sociétés (dont 250.000 avec sursis), six mois de prison avec sursis et 100.000 euros d’amende pour l’ancien PDG d’EDF Renouvelables, Bruno Bensasson. Et une humiliation médiatique : la publication, à leurs frais, du jugement dans Le Monde, Midi Libre et Reporterre. La note est salée : 2,5 millions d’euros d’amendes fermes, plus de 220.000 euros de dommages et intérêts aux associations (toujours dans les bons coups), et près de 75.000 euros à verser à l’État au titre du « préjudice écologique ».

A lire aussi : Fondation Brigitte Bardot : un sondage partial

Autrement dit, ce que les promoteurs appellent « énergie verte » vient d’être juridiquement reconnu comme cause de destruction massive d’espèces protégées. Une première.

L’arbre qui cache la forêt énergétique ?

Cette affaire soulève une question que les milieux écologistes les plus radicaux posent depuis longtemps, mais que beaucoup de technocrates ignorent avec constance : peut-on encore parler d’« énergie propre » lorsqu’elle provoque des dégâts aussi visibles sur les écosystèmes ? Peut-on sanctuariser la transition énergétique au point d’en oublier la protection de la faune sauvage ?

Les défenseurs du parc d’Aumelas répondront qu’aucune production d’énergie n’est sans impact. Les militants leur rétorqueront que quand on abat des centaines d’oiseaux protégés pour produire de l’électricité intermittente, il ne s’agit plus d’impact résiduel mais de destruction programmée. Et maintenant validée par la justice.

Une jurisprudence en devenir ?

Ce jugement pourrait faire date. Car derrière cette décision se cache un signal fort envoyé à toute la filière éolienne, en France comme en Europe. Le mythe d’une énergie « verte » et « respectueuse de l’environnement » vacille dès lors qu’on accepte d’ouvrir les yeux sur les dommages qu’elle inflige à la nature. Après avoir sanctuarisé les éoliennes au nom de la lutte contre le CO₂, la justice vient rappeler qu’aucune solution technique ne peut prétendre à l’immunité écologique.

L’affaire d’Aumelas n’est peut-être que le début d’un virage judiciaire. Et les prochains à se retrouver face au juge ne seront peut-être pas des multinationales, mais ceux qui ont couvert leurs projets : services de l’État, préfectures, bureaux d’études bienveillants… ou élus complaisants.

Il n’y a pas de transition écologique sans cohérence. Et peut-être, à l’heure où les oiseaux tombent du ciel et les juges prennent la plume, est-il temps de repenser la fameuse équation « énergies renouvelables = écologie ».

A voir aussi :

Partager cet article
5 Commentaires :
  1. Thierry
    08/04/25

    La France est ce pays merveilleux dans lequel l’idéologie verdâtre peut porter atteinte à l’autonomie stratégique en sabotant le nucléaire, faire installer de l’éolien en détruisant les paysages français que le monde nous envie et toucher de l’argent à l’issue des procès contre l’éolien.

  2. Ajh
    08/04/25

    Et ce qui est formidable c’est que l’on peut-être contre tout et contre le contraire sans être tenu d’apporter des propositions sérieuses de solutions à tout les problèmes .

  3. Ajh
    08/04/25

    Et ce qui est formidable c’est que l’on peut-être contre tout et contre le contraire sans être tenu d’apporter des propositions sérieuses de solutions à tout les problèmes .

  4. Ajh
    08/04/25

    Et ce qui est formidable c’est que l’on peut-être contre tout et contre le contraire sans être tenu d’apporter des propositions sérieuses de solutions à tout les problèmes .

  5. serge
    09/04/25

    Je pensais que le monde écologiste était pour les éoliennes, mais non sauf si elles ne tournent pas. Comprends pas.

Soumettre un commentaire

Dans la même catégorie

Articles les plus récents