Le sanglier Rillettes : un emballement médiatique et émotionnel

Chasse Actu
date 16 décembre 2024
author Perro Salchicha

Sous couvert de compassion, l’affaire de la laie apprivoisée « Rillettes » révèle surtout une folie collective où le bon sens et la rigueur s’effacent.

Image d’illustration

La pétition pour « sauver » la laie de Chaouce, mascotte d’un centre équestre, a tout du récit émouvant prêt à embraser les réseaux sociaux : une femme dévouée, un animal attachant et des « méchants » bureaucrates menaçant de tout détruire. Une histoire parfaite, sauf qu’elle repose sur une succession d’oublis, d’approximations et d’émotions surjouées, qui éloignent du vrai débat.

Une affaire gonflée par l’émotion

Le ton est donné dès les premières lignes de la pétition : une laie présentée comme une « mascotte » menacée de « détresse inacceptable ». Le langage est soigné pour toucher au cœur, faire pleurer dans les chaumières et mobiliser les foules. Or, derrière cet écran de fumée émotionnel, la réalité est autrement plus complexe.

A lire aussi : Sangliers de compagnie : entre émotions faciles et réalités légales

La détention d’animaux sauvages comme des sangliers n’est pas une lubie administrative mais une nécessité encadrée par le Code de l’environnement. Ces animaux, même apprivoisés, restent imprévisibles et peuvent présenter des risques sanitaires et sécuritaires. Le fait que cette laie soit attachante aux yeux des visiteurs n’efface ni sa nature d’animal sauvage, ni les obligations légales liées à sa captivité.

Les chiffres : du mythe à la réalité

Un des arguments les plus martelés concerne la prétendue baisse de 20% des effectifs de sangliers en France. Une affirmation aussi gratuite que stupide. Les chiffres officiels et les rapports des fédérations de chasse montrent une surpopulation persistante des sangliers depuis des décennies, avec plus de 800 000 prélèvements par an, contre à peine 50 000 dans les années 1970.

Cette explosion démographique entraîne des dégâts agricoles monstrueux (plus de 60 millions d’euros d’indemnités annuelles) et un risque sanitaire croissant, avec des maladies comme la peste porcine africaine à nos portes. Parler d’une « disparition » des sangliers revient donc à nier la réalité du terrain. Une baisse localisée ou temporaire des effectifs ne reflète en rien une tendance nationale.

Quand le bon sens disparaît

Alors que la pétition accumule les signatures, il est frappant de constater que le débat rationnel est absent. Qui a vérifié si l’enclos de 1200 m² répond réellement aux normes de sécurité pour un sanglier adulte ? Qui s’interroge sur les implications sanitaires d’une laie sauvage vivant au contact régulier des humains et des chevaux ? Pas grand monde.

On assiste à un phénomène bien connu : l’hystérisation. L’animal devient un symbole. Toute tentative de rappeler les règles ou d’expliquer les enjeux est perçue comme une attaque contre la compassion et l’humanité. Pourtant, il est tout à fait possible d’aimer les animaux tout en reconnaissant que la détention d’une laie sauvage n’est ni éthique, ni raisonnable à long terme.

Le rôle des médias et des réseaux sociaux

Les réseaux sociaux ont, comme toujours, servi de caisse de résonance. Partages compulsifs, indignation facile, commentaires agressifs : le cocktail habituel. Plutôt que d’informer, certains médias préfèrent surfer sur la vague émotionnelle. Le spectacle l’emporte sur les faits.

Ce qui est oublié dans ce tumulte, c’est qu’une solution existe : le transfert de l’animal dans une réserve adaptée ou un parc animalier. Une option qui répondrait à la fois aux besoins éthologiques de la laie et aux exigences légales. Mais ce type de proposition, moins spectaculaire que le « sauvetage » revendiqué, n’intéresse visiblement pas les foules.

Émotion vs réalité

L’affaire de la laie de Chaouce illustre à merveille l’époque dans laquelle nous vivons : les débats s’enflamment autour d’une cause émotionnelle, tandis que la rigueur scientifique et le bon sens sont sacrifiés. Derrière les larmes et les slogans, il y a pourtant une réalité incontournable : les sangliers sont des animaux sauvages, et leur détention n’est pas un droit mais une responsabilité encadrée.

Protéger la faune sauvage, ce n’est pas la transformer en mascotte captive, aussi attendrissante soit-elle. C’est garantir son bien-être dans un environnement adapté et durable. À l’heure où la nature est plus que jamais sous pression, ce message mérite d’être entendu.

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13 Commentaires :
  1. pierre
    16/12/24

    Une réserve adaptée ou un parc animalier… mais c’est du bon sens, en plus, elle aura des soigneurs animaliers et des vétérinaires dévoués à son bien-être. #bien-êtreanimal. Pourquoi s’y opposer ? C’est idiot comme comportement, pour le coup, ça reviendrait à la sauver, puisqu’elle aurait un espace pour vivre en semi-liberté, avec la nourriture, l’espace et les soins appropriés, au lieu d’être dans une captivité non seulement illégale mais aussi très contestable au niveau de son bien-être et de ses conditions de vie d’animal sauvage.

    1. Cherifi
      17/12/24

      Bonjour Pierre
      D’accord avrc vous. Cette solution semblerait raisonnable pour répondre à ses besoins tout en respectant le cadre légal. Mais les médias évoquent son euthanasie et pas du tout de la possibilité de transfert. D’où ce qui est nommé ici comme une vague d’Hysterisation ». Un peu plus d’informations sue les alternatives permettrait de ramener un peu de raison.

  2. granet
    16/12/24

    Mais bouffer le votre cochon ! Bouffer le !😂
    sic les bronzes font du ski

  3. Gigou annie
    16/12/24

    Dans ce monde où le pessimisme domine avec tant d horreurs, les animaux nous apportent énormément de douceur, rillette à l air si affectueuse, aussi intelligente, elle est complètement intégrée dans cette famille si chaleureuse qui a accueilli aussi des chiens en difficulté.
    Que tous les humains en prennent exemple, où est le cœur de certains hommes.
    Je pense qu il doit y avoir des vaccins et que rillette soit suivie par un vétérinaire avec un espace approprié pour rillette afin qu elle ne fasse pas de dégâts chez les voisins. Un grand remerciement à cette personne adoptant, ç est une belle personne.

    1. Raleur Né
      18/12/24

      La saison de chasse 2023-2024 c’est officiellement 841 726 sangliers abattus, et pourtant apparemment ça n’est pas suffisant au vu de la croissance inquiétante et exponentiel de cet animal dans nos forêts et sous bois. Alors qu’est-ce que le monde la chasse ou l’OFB en a faire s’il y a une laie dans un coin de France qui se promène dans une propriété privée grande comme le Champ de Mars ? Qu’on lui fiche la paie et en même temps ça fera économiser beaucoup de paperasse , de temps et d’argent, qui plombent nos finances publiques pour pas grand chose. Les chasseurs devraient justement défendre la cause d’Elodie: plaider pour une cause qui semble juste aux yeux de beaucoup de Français serait un moyen innespéré pour redorer le blason de cette passion souvent mal perçue… et ne leurs couterait que 1 / 846727 eme de sangliers abattus… en somme peanuts ! En fait les chasseurs ne sont pas plus rationnels que les défenseurs de Rillette.

  4. Jennifer
    16/12/24

    C’est drôle quand il s’agit de sangliers élevés pour la chasse en boîte (et ne parlons même pas des lâchers clandestins…) vous ne vous offusquez pas… Rien n’est plus hypocrite qu’un chasseur 🙃

  5. PAULY
    16/12/24

    Les chasseurs c’est eux qu’on devrait enfermer dans des enclos ! Des hypocrites hystériques !
    Normal qu’ils n’arrivent pas à comprendre la compassion qu’ont les gens normaux pour les animaux étant donné qu’ils n’ont pas de compassion. D’ailleurs il est scientifiquement prouvé que les gens qui s’en prennent aux animaux ont une part de psychopathie en eux … à méditer 😉

    1. Michel
      16/12/24

      « D’ailleurs il est scientifiquement prouvé que les gens qui s’en prennent aux animaux ont une part de psychopathie en eux … à méditer »
      Scientifiquement prouvé …donc des sources, merci de les renseigner

  6. Nestor
    17/12/24

    C’est quoi le QI d’un chasseur ?
    A jeun bien sûr car après il ne fait plus la distinction entre une laie, son propre chien ou un simple promeneur. 😄

    1. Ajh
      17/12/24

      Vous avez des articles de journaux à produire pour étayer vos dire sur les chasseurs et l’alcool en général ils sont friands de fait divers relatifs à la chasse ?

    2. Ajh
      17/12/24

      Vous avez des articles de journaux à produire pour étayer vos dire sur les chasseurs et l’alcool en général ils sont friands de fait divers relatifs à la chasse ?

    3. Jean
      17/12/24

      Nestor,vu vos commentaires je pensais que vous aviez un QI plus élevé,celui ci est complètement ridicule.pour ce sanglier qui ne représente pas de risque sanitaire et vit dans un enclos je ne vois pas où est le problème surtout que lui et la dame qui l a sauvé ont l air parfaitement heureux,qu on leurs foute la paix.de la part d un chasseur

  7. Lolo0126
    17/12/24

    Bien vu Perro, vous avez réussi à réveiller une famille de Troll qui était en hibernation…. dans quel parc d’attraction vivent-ils ces demeurés… ? Est-ce que la clôture est adaptée ? Est-ce que l’on à prévu une alphabétisation adaptée à ces QI -10 ?

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