Témoignage : Quand le véganisme conduit à la chasse

Antispécisme
date 09 décembre 2024
author Richard sur Terre

Peut-on être végan par amour des animaux, puis devenir chasseur sans renier ses convictions ? À travers un témoignage singulier qui nous vient de Suisse, c’est une réflexion profonde sur la consommation, la nature et la quête de sens qui s’offre à nous.

Suisse – Dans une époque où les positions se cristallisent souvent en camps irréconciliables, le parcours d’Emilia, d’abord végane convaincue, puis chasseresse passionnée, éclaire d’un jour nouveau les débats sur notre rapport à l’alimentation et à la nature. Ce qui pourrait passer pour une contradiction se révèle, au contraire, une quête d’intégrité et de cohérence. Retrouvez l’interview complète d’Emilia ici.

Une rupture décisive avec l’élevage industriel

Tout commence par un événement marquant : la prise de conscience qu’un « steak de cheval » n’est pas qu’un aliment, mais le produit de la vie sacrifiée d’un animal. Cette révélation, pour elle, fut un déclic. Elle décide alors de renoncer à toute viande issue de l’élevage, particulièrement celui, intensif, qui symbolise à ses yeux la négation de la dignité animale. Dans cette démarche, elle adopte le végétarisme, croyant y trouver une réponse définitive à son amour pour les animaux.

Mais bientôt, elle se heurte à un paradoxe. Si elle ne mange plus de viande, ses choix de consommation continuent d’entretenir des systèmes qu’elle désapprouve : cuir, plumes d’oie, caoutchouc issu de la déforestation… Partout, les compromis s’imposent, et la quête d’une vie parfaitement éthique semble une utopie. Ce constat l’amène à s’interroger plus profondément : comment vivre en réduisant au maximum son empreinte tout en acceptant les limites imposées par la société moderne ?

La chasse : une rencontre inattendue avec la nature

C’est dans ce contexte qu’elle découvre la chasse, à travers une connaissance. D’abord sceptique, elle accepte d’accompagner pour observer. Contre toute attente, elle y trouve bien plus qu’une activité cynégétique : une immersion totale dans la nature, un retour aux cycles fondamentaux de la vie, et une relation authentique avec les animaux.

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La chasse devient alors pour elle une pratique cohérente, en opposition frontale à l’industrialisation de la viande. Elle choisit de s’alimenter exclusivement de gibier et des légumes de son jardin. À ses yeux, chaque animal chassé a vécu une vie libre, loin des cages et des contraintes de l’élevage. Elle découvre aussi que le fait de traquer, observer, et parfois tuer un animal est une responsabilité lourde, qui impose une conscience aiguë de ce qu’implique chaque geste.

Un apprentissage rigoureux, loin des clichés

Passer son permis de chasser n’est pas une démarche anodine. Pendant deux ans, elle s’investit dans une formation exigeante, mêlant théorie – écologie, législation, biologie – et pratique, notamment le tir à la carabine et au fusil. En tant que femme n’ayant jamais touché une arme, elle évoque ses craintes initiales, mais aussi le plaisir qu’elle découvre dans cette discipline technique et introspective.

Elle détaille ses deux formes de chasse préférées : l’affût, où elle observe longuement les animaux dans le silence de la nature, et la battue, qui demande une organisation collective avec des camarades partageant la même éthique. À travers ces expériences, elle développe un respect profond pour la faune sauvage et ses équilibres fragiles.

Le regard des autres : entre incompréhension et respect

Son choix de devenir chasseresse suscite des réactions variées dans son entourage. Certains, surpris, la jugent en contradiction avec ses idéaux initiaux. D’autres la soutiennent, impressionnés par son engagement. Elle assume pleinement cette trajectoire atypique, qu’elle voit non comme un reniement, mais comme une évolution naturelle de ses convictions.

Elle insiste sur un point souvent méconnu : aimer les animaux est une valeur partagée par la majorité des chasseurs. Pour elle, la chasse n’est pas synonyme de brutalité, mais d’une connexion directe avec la nature. « C’est par amour des animaux que j’ai été végétarienne, et c’est ce même amour qui m’a conduite à chasser », affirme-t-elle avec force.

Un message d’humilité et de réflexion

Ce témoignage ne cherche pas à convaincre ou à polariser, mais à ouvrir une porte vers une réflexion plus nuancée sur notre rapport au vivant. Il souligne la difficulté de trouver une cohérence parfaite dans un monde complexe et interconnecté, mais aussi la beauté d’un cheminement personnel sincère, loin des dogmes et des jugements faciles.

Que l’on soit chasseur, végétarien, végan ou simplement curieux, cette trajectoire rappelle une vérité essentielle : comprendre la nature et nos choix alimentaires, c’est d’abord accepter leur complexité et leurs contradictions. C’est dans cette tension, entre idéal et réalité, que se dessine peut-être une voie vers une consommation plus consciente, plus respectueuse et, finalement, plus humaine.

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9 Commentaires :
  1. Alain
    09/12/24

    C’est un mouvement minoritaire mais qui tends à prendre de l’ampleur de part sa cohérence.
    J’en avais déjà entendu parler, je crois sur le blog de Swarovski Optics.

  2. Marc
    09/12/24

    voilà quelqu’un de censé qui ne renie pas son amour pour les animaux tout en acceptant son coté omnivore . Il me semble aussi que cette tendance fait de plus en plus d’adeptes . Il faut arrêter cette mauvaise viande issue d’élevages intensifs ou la maltraitance , la malnutrition et les traitement médicamenteux sont le lot quotidien de ces pauvres bêtes qui au final terminerons dans nos assiettes .

  3. Jean Pierre
    10/12/24

    Végétarienne =/= végane
    Non ?

    1. Vincent
      10/12/24

      C’est bien le problème, Richard et sa grâce objectivité, au service de qui, de si? 😅

    2. Vincent
      10/12/24

      C’est bien le problème, Richard et sa grâce objectivité, au service de qui, de si? 😅

    3. Vincent
      10/12/24

      *de qui, de quoi

  4. Patrick
    10/12/24

    À quel moment avez vous entendu qu’elle était végane ? Partir d’un mensonge pour en faire un article, c’est ce que l’on appelle de la manipulation grossière. Écoutez mieux son témoignage, alambiqué d’ailleurs, cela vous évitera de sombrer dans le ridicule.

    1. Hugo
      11/12/24

      ho mon dieu il a fait le raccourci vegan, alors qu’elle est végétalienne holala ! le manipulateur ! putain vous avait rien d’autre sûr quoi chialez ?!

      1. Patrick
        12/12/24

        À quel endroit lisez vous qu’elle est végétalienne ?🤔 Il va falloir éviter d’inventer, comme le fait également le rédacteur de l’article. Végétarien n’a strictement rien à voir avec végan. Grosse manipulation donc. C’est donc vous qui chialez en cautionnant le mensonge. Informez vous surtout sur ce qu’est le véganisme, cela vous évitera des interventions inutiles.

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