Agriculture : incantations animalistes vs régulation

Antispécisme
date 17 avril 2024
author Richard sur Terre

A l’heure où les animalistes se font entendre à propos de la régulation des corvidés, une petite mise au point s’imposait. Histoire de (comme d’habitude) de sortir des incantations magiques.

Un corbeau freux se pose dans un champs
Les corvidés, ennemis des semis

Nous vivons un paradoxe dont nous ne sommes pas près de sortir. D’un côté l’agriculture s’est largement développée pour répondre à l’augmentation des populations humaines, cependant que de l’autre, des espèces animales friandes de nos semis et cultures ont prospéré, occasionnant des dégâts aux dites cultures.

Les agriculteurs français, déjà pris à la gorge par la concurrence mondiale, voient leur travail (celui qui fait vivre leur famille) saccagé par des sangliers, cervidés, mais aussi par des oiseaux : pigeons ramiers, étourneaux, et corvidés.

La réponse animaliste à ces problèmes est toujours la même : arrêtons de tuer, des alternatives existent, assassins, ministres corrompus votez pour nous.

Une partie de moi (bien enfouie rassurez-vous) voudrait voir ces médailles d’or de l’incantation en responsabilités, histoire de vérifier une par une leurs propositions alternatives miracles. A l’heure surtout où ces mêmes magiciens supplient le monde de passer au « tout végétal », je me vois bien assis dans mon fauteuil préféré, un bon café à la main, en train de les voir se dépatouiller avec la colère de nos agriculteurs.

Agriculture 100% végétale moins la régulation des animaux qui se régalent de nos cultures = gros bordel en perspective (je synthétise).

A lire aussi : Le chasseur : cet ennemi confortable

Dans le seul département du Haut-Rhin, selon France 3, et alors que la régulation est en place, les corvidés ont occasionné un million d’euros de dégâts sur les seuls semis de maïs en 2023.

Maintenant je vous laisse extrapoler à la France entière en enlevant les tirs de protection des cultures.

Alors bien évidemment, les génies animalistes, friands de tours de passe-passe argumentatifs, vous expliqueront que la preuve est faite de l’inefficacité de la méthode. Ils lanceront leurs incantations magiques en dansant autour d’un feu de bois, à base de « refonte du système » et de « repensons notre rapport au vivant ».

Mais dans les faits, et comme dirait mon fils : tu vas rien faire. Parce que dans un monde où il est impensable de fermer ses frontières à la concurrence internationale (on peut essayer mais ça risque de piquer), toute tentative de « refonte du système » se traduira par une augmentation spectaculaire des prix qui verra nos objectifs d’indépendance alimentaire fondre comme des rillettes sur un radiateur.

Bref, on doit bien faire avec les cartes qu’on a entre les mains. Il ne s’agit pas de rêver un autre monde. Celui-là existe et pour l’instant, en dehors des rêves éveillés des utopistes, on n’en a pas d’autre.

Aujourd’hui l’équation est simple : un agriculteur, pour faire pousser des trucs qui nourriront les gens (y compris les végans moralisateurs), doivent semer des graines. Si les corbeaux mangent ces graines, pas de récolte. Donc pas de bouffe.

Si les « alternatives » étaient efficaces sans la régulation, les agriculteurs ne s’en priveraient pas. C’est leur gagne-pain, ils ne servent pas un lobby fantasmé de la chasse.

Donc en attendant que les Jean-Kévin de ce pays nous servent une solution qui garantit les récoltes, la compétitivité de nos agriculteurs, le tout sans réduire le nombre de ravageurs de cultures toutes espèces confondues, la régulation a de beaux jours devant elle.

Mais en vérité mes amis, la bête animaliste se nourrit des évidences du monde et n’excrète en réalité que les seuls minuscules incantations qui la gardent en vie. Se battre contre l’inéluctable, c’est accéder à la vie éternelle, non ?

A voir en vidéo :

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15 Commentaires :
  1. Walter
    17/04/24

    Et pour être Haut-Rhinois je peux vous confirmer que des alternatives ont été mises en place: des cannons à gaz qui pétaradent nuit et jour…
    Résultats les corvidés se sont tout d’abord déplacés puis habitués au coups de cannons.
    Finalement les seuls que cela agace, se sont les habitants, mais pas les corbeaux et autre corneilles et pies. La seule solution s’est le tir. D’ailleurs je ne comprends pas pourquoi nous n’avons plus le droit de tirer dans les nids. Attendre qu’ils volent est un non sens et une perte de temps…Mon avis… L’étique n’a pas sa place dans la régulation, sinon faut également interdire la chasse du renard à partir du 15 avril

  2. serge
    17/04/24

    Dans un monde utopique il est simple d’attraper les femelles corvidés de les stériliser et de les relâcher, dans un monde utopique…
    Bon courage à ceux qui vont organiser la capture. Idem pour les étourneaux, les pies, les geais et les pigeons en ville et au delà des cultures « alimentaires » pensons à nos amis sylviculteurs qui protègent autant que possible les jeunes plans qui ravissent le palais des chevreuils et des cervidés. La liste n’est pas exhaustive alors oui si quelqu’un a une solution que diable il faut vite en avertir l’OFB et le ministre.

  3. Nestor
    17/04/24

    Loin de moi l’idée de minimiser les difficultés du métier d’agriculteur, mais ce pamphlet n’a rien à envier à l’étroitesse d’esprit que vous reprochez à vos adversaires idéologiques (en tout cas sur cette problématique précise)…
    Pour eux c’est « c’est facile faut tout changer »
    et pour vous « c’est facile faut surtout rien changer »

    C’est symptomatique du conservatisme, si vous voulez mon avis (même si vous le voulez pas, d’ailleurs).

    Deux exemples dans votre article :
    C’est marrant que vous soyez les premiers à dire que le système agricole français est vérolé jusqu’à la moelle (pas du fait de l’écrasante majorité des exploitants, d’ailleurs) mais que dès que quelqu’un se dise que se serait une bonne idée d’engager une « refonte du système », alors vous vous dressez vent debout comme de bons chiens de garde…
    Bref, ne changeons surtout rien !

    Même chose pour « repenser notre rapport avec le vivant » : d’un côté les gens sont complètement déconnectés de la nature, qu’ils fantasment à longueur de journée (en substance, le sujet de beaucoup de vos articles quand même), mais de l’autre justement quand ces mêmes gens s’interrogent sur le rapport que la société entretien avec notre patrimoine naturel commun… Alors là ce sont des utopistes complètement **** qui n’y connaissent rien, alors qu’ils arrêtent de parler d’abord !

    Et en plus de ça, vous êtes quand même marrant pour des experts du monde rural : dire qu’il n’y a pas d’alternatives autres que des canons ou des fusils alors que des semis spéciaux corvifuges sont testés depuis 2018 avec des résultats plutôt encourageants…
    C’est clairement que vous ne voulez pas que des alternatives efficaces puissent être développées, tout simplement.

    C’est quand même bien plus facile de dire que les écolos, « c’est rien que des idiots païens qui dansent autour des feux de bois et qui y comprennent rien à la nature que nous qu’on connait d’abord parce que nos bottes elles sont sales »
    Sacrée élévation du débat, bravo.

  4. mouchous
    17/04/24

    des semis spéciaux corvifuges sont testés depuis 2018 avec des résultats plutôt encourageants… Bravo, qui en parle, si c’est si bien pourquoi on n’en voit pas. Et ce n’est pas un peu chimique votre truc. Moi personnellement j’ai les bottes sales car je suis régulièrement dans la nature pour la contempler, l’aimer et essayer de l’aider. Ce que l’on demande aux escrolos c’est de devenir , comme nous, des écolos et de donner des solutions viables et non fantasmées et surtout documentées et non mensongères.

  5. GUILLAUME MARKUS
    17/04/24

    France 3 fait état de dégâts occasionnés par les corvidés dans des cultures de maïs dans le département du Haut-Rhin qui se chiffrent à 1 million d’euros.

    Il est clair que nous avons certains animaux sauvages en quantités excessives (corvidés et ongulés) qui occasionnent des dégâts qui coûtent des dizaines de millions d’euros, d’ailleurs essentiellement, pris en charge par les chasseurs.

    Je ne suis pas de ceux qui pleurent sur le sort des agriculteurs en général. Les exploitations agricoles de cultures ou d’élevages représentent pour une grosse part un capital tout à fait conséquent et en plus ils reçoivent 9,6 Milliards d’euros de PAC. C’est un des secteurs économiques les plus aidés pour des personnes qui ne sont pas pauvres.

    Quand je vois à longueur de journaux TV les reportages où certains agriculteurs se plaignent de ne se verser qu’un tout petit revenu, je suis outré car ils oublient de compter le capital qu’ils accumulent année après année avec le remboursement des emprunts.

    Ceux qui annoncent ces difficultés ont souvent pris trop gros et certains ne se refusent pas grand chose en matière de machines agricoles (énormes tracteurs, épandeuses, moissonneuses, etc…).

    Pour les éleveurs laitiers avec une petite exploitation, il me paraît que c’est souvent difficile pour eux.

    Ils nous nourrissent mais ils se nourrissent généralement très bien, mieux que la moyenne.

    Pour les corvidés, corneille noire, corbeau freux, choucas, qui font des dégâts considérables non seulement aux semis mais aussi à la biodiversité, vu leur nombre excessif, il serait bien qu’on en fasse sérieusement diminuer le nombre. Et puis aussi, il serait bien que les agriculteurs fassent moins pousser cette plante tropicale qu’est le maïs (consommation d’eau).

    NESTOR évoque plus haut l’existence des produits corvifuges pour les semences qui sont en réalité des pesticides proposés par l’industrie chimique (il y en a déjà beaucoup trop) dont l’autorisation de l’UE cesse début 2025 et qui sont, outre leur dangerosité, pas du tout sélectifs. Au Canada, la commercialisation de ces produits dangereux est à l’abandon.

    1. Jean
      18/04/24

      Pour les corvidés entièrement d accord avec vous. par contre pour la majorité des agriculteurs c est faux.ils sont tellement dans l opulence qu un agriculteur se suicide tous les quatres jours.ceux que je connais.possedent des terres,en louent aussi mais tous ont d énormes crédits sur le dos,doivent faire face aux aléas climatiques (gel,grêle,ect.)quant a la pac elle favorise surtout les grosse exploitations.

      1. GUILLAUME MARKUS
        18/04/24

        Vous connaissez la fable de La Fontaine « La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf ».

        Avec les agriculteurs qui font faillite, qui sont en cessation de paiement, presque toujours nous avons des personnes qui ont vu bien trop gros et qui ne peuvent plus faire face aux échéances de crédits bien trop lourds.

        Ils étaient grenouilles et ils voulaient être bœufs. Ils voulaient trop grand. Ils voulaient des machines et des machines agricoles les plus grosses et les plus neuves possibles, ils voulaient de très grands hangars bien équipés pour leurs bêtes et de gros troupeaux, etc…
        Et puis, on peut dire que parmi ceux qui sont où ont été en grave difficulté, certains ne savent pas gérer.

        Je ne sais pas si vous oserez dire le capital que représente votre propre exploitation agricole, mais même pour les petits ça fait déjà un bon paquet de sous. Même pour les plus petits c’est souvent bien plus que le capital pour une activité commerciale moyenne.

        Pour rappel, le patrimoine des Français est assez faible. Un ménage français sur deux détient moins de 177.200€ de patrimoine, dettes non déduites, ce qui donne 124.800€ de patrimoine net après déduction des dettes. On parle bien de ménages.

        Remarquez que ces difficultés des petits exploitants font le bonheur des grosses exploitations qui grossissent encore avec ces reprises de fermes.

        Pour les suicides des agriculteurs, on en fait tout un toutim. C’est triste, regrettable, tout ce que vous voulez, mais le nombre de suicides chez les agriculteurs n’est pas si énorme que ce qui est dit par rapport à la population française.

        Ils se situent, comme je l’ai dit plus haut, essentiellement dans le secteur élevage-bovin-lait ou élevage-bovin-viande.

        Le taux de suicides chez les agriculteurs est d’environ 20% supérieur à la moyenne des suicides de la population générale. C’est monté à 28% en 2008 et 22% en 2009 moment de la crise économique, ce qui représentait 15% des décès contre 32% en raison de cancers et 19% en raison d’atteintes cardiovasculaires.

      2. RASMU
        21/04/24

        C’est amusant votre petite confrontation avec Markus au sujet des agriculteurs qui se suicident et le prix des fermes et les emprunts excessifs par rapport à ce que cela peut rapporter en tenant compte des aléas.

        Des suicides il y en a surtout dans les petites fermes et surtout parmi les paysans qui produisent du lait et qui ne s’en sortent pas ou pas bien.

        Ce qu’il faut dire c’est qu’une petite ferme ça ne peut être à moins d’un demi-million d’euros, ça commence plutôt pas loin de un million d’euros quand on compte les bâtiments, le matériel, les bestiaux.

        C’est beaucoup d’argent quand il faut emprunter.

        Une des grosses bêtises qui est faite c’est la manière traditionnelle de la transmission entre les parents qui arrêtent l’exploitation, partent à la retraite, et veulent que ce soit le fils aîné (qui n’a pas souvent fait de grandes études agricoles ou autres) qui reprenne la ferme.

        Même s’il y a du favoritisme vis-à-vis de l’aîné sur la valeur de la ferme qui est très souvent sous-évaluée, ça fait un énorme morceau à financer.

        Cette manière traditionnelle de vouloir que l’aîné devienne propriétaire de la ferme est une bêtise au regard de ce qu’il peut posséder en propre à ce moment-là.

        Pour diminuer le risque, il faudrait que les parents restent propriétaires d’une très grosse part, la loue et vendent l’exploitation par petits lots à l’aîné au fur et à mesure des gains.

        Si ce n’est pas en société, ça peut le devenir. Ça facilite certaines choses.

  6. Jose ZANATTA
    17/04/24

    Il n y a qu’une réponse !
    Faire payer les dégâts des cultures, part les les antis chasse et les associations qui attaques sans cesse les chasseurs.

  7. Jean
    18/04/24

    Markus,je n’ ai pas votre science,un exemple,a côté de chez moi,une famille d agriculteurs ou trois générations vivent ensemble, travaillent beaucoup plus de 35 heures viennent de demander un report pour rembourser les emprunts a cause de mauvaises recoltes ect(quasiment aucun revenu pour 2023).apparemment on ne vit pas dans le même monde ,allez sur le terrain au lieu de vous informer sur internet.

    1. GUILLAUME MARKUS
      18/04/24

      JEAN vous expliquez qu’à côté de chez vous une famille vit à trois générations sur une seule ferme et aurait eu une mauvaise récolte au point de devoir demander un emprunt à la banque pour ne pas capoter.

      S’il y a trois générations, il y en a une qui vit d’une retraite et des minima sociaux au moins.
      Comme ils sont logés, ils ne doivent pas peser économiquement sur la ferme.

      Vous dites mauvaise récolte, je vois difficilement ce dont il s’agit. Je veux bien croire qu’il s’agit de fruitiers ou bien de vignes, notamment dans une région comme le Languedoc-Roussillon avec une surproduction importante et des prix bas.

      Et cette ferme fait combien d’hectares ?

      Vous dites qu’ils travaillent plus de 35 heures pour des récoltes. Quelles récoltes ? Parce que s’il s’agit d’une ferme qui vit de récoltes on ne travaille pas 35 heures par semaine toute l’année, loin de là. Et on peut raconter n’importe quoi.

      S’il s’agit de cultures, on s’adapte. Par exemple, du maraîchage permet de produire une toute autre valeur que des cultures classiques.

      Peut-être que ces gens-là n’ont pas leur place dans une ferme car inadaptés.

      Vous mettez en cause ce que je dis. Sachez que j’ai toute une partie de ma famille qui est formée d’agriculteurs depuis de très nombreuses générations. Certains ont débordé dans l’agroalimentaire et même plus. Ça va bien pour eux, même très bien. Et puis j’ai un père qui est ingénieur agronome, etc… Voyez.

  8. Jean
    19/04/24

    Markus,moi je vous parle de vécu et non de théorie .les mêmes discours que vous avez écrits à-propos de monsieur schraen dont je vous donnais les raisons pour lesquelles il ne rassemblera pas, MALHEUREUSEMENT les sondages me donnent raison,même le parti Animalistes est devant,nous allons être ridicules.je vous laisse a vos certitudes .dernière fois que je vous répond.

  9. GUILLAUME MARKUS
    19/04/24

    Pour JEAN, le vécu c’est de rapporter ce que racontent des voisins et de considérer que c’est totalement vrai.

    A-t-il un début de connaissance des faits de ses voisins pour écrire qu’en 2023 les récoltes de leur ferme, où ils vivent à trois générations, auraient été si mauvaises qu’ils n’auraient eu quasiment aucun revenu. C’est où ? Une ferme de quelle taille ?

    Ces personnes n’auraient eu quasiment aucun revenu suite à des récoltes mauvaises et elles auraient été dans un département où il n’y aurait pas eu reconnaissance du caractère de calamité agricole ???

    Il faut connaître un peu le business pour ne pas gober n’importe quelle exagération.

    Juste pour ajouter que du côté de ma famille c’est plein d’agriculteurs (pas dans l’élevage) qui savent travailler et qu’il y a aussi expert comptable et notaire qui œuvrent pour le secteur agricole notamment. J’ai quelques informations, voyez vous, et j’essaie d’analyser ce qui se raconte pour trier ce qui paraît crédible et ce qui le paraît moins.

  10. RASMU
    19/04/24

    Les corvidés c’est vraiment une plaie. Ça fout un bordel pas possible dans les semis et puis ça bouffe aussi tout un paquet de petits animaux et ça bousille sérieusement la biodiversité.

    Un souci que nous avons avec ces oiseaux très intelligents c’est que que nous ne les mangeons pas. Pourtant, en dehors de ceux qui sont dans des villes, ces volatiles devraient être comestibles.

    Les écolos et les animalistes c’est toujours à côté de la plaque quand il s’agit d’animaux.

  11. VOKsxhtL
    26/04/24

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