Un rapport récent, gonflé par une vidéo choc, prétend dénoncer une « tuerie de masse » des animaux sauvages en France. Mais derrière l’indignation, une méthodologie bancale et des amalgames trompeurs.
Un document publié le 23/10/24 sur le site animal-cross.org prétend fournir une « estimation rigoureuse » du nombre d’animaux tués en France chaque année par la chasse. L’estimation avancée, entre 25 et 36 millions d’animaux, est amplifiée par une vidéo sensationnaliste qui plonge le spectateur dans une vision apocalyptique de la chasse. Mais quand on analyse ces sources de plus près, une réalité apparaît : ce rapport est bien loin de l’objectivité revendiquée (surprise !).
Derrière les chiffres et les images chocs se cachent des approximations grossières, une méthodologie douteuse et une dramatique absence de rigueur, servant à manipuler le public au lieu d’informer.
Des données vieillottes réchauffées
Le document s’appuie en grande partie sur des chiffres de 2013-2014, rapportés par l’ancien ONCFS, et non sur des données actuelles, bien que les dynamiques de populations animales changent rapidement. Dix ans, c’est une éternité en termes de gestion cynégétique, mais le rapport se garde bien de le préciser. On tente de colmater ce fossé avec des ajustements mineurs à partir de quelques données départementales de 2022, mais l’ensemble n’a rien d’une analyse sérieuse ou actuelle. En réalité, il s’agit d’un mélange de données désuètes et de projections hasardeuses, présenté sans la moindre transparence sur ses limites.
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Certaines espèces d’ESOD (Espèces Susceptibles d’Occasionner des Dégâts) voient même leurs chiffres extrapolés à partir d’un échantillon de seulement 14 départements, comme si cette poignée de cas pouvait refléter une réalité nationale. Ce niveau de négligence scientifique est non seulement trompeur mais met en doute toute la crédibilité du rapport.
La vidéo : une Machine à chocs visuels et numériques
La vidéo qui accompagne le rapport verse dans une surenchère émotionnelle indigne d’une analyse sérieuse. Avec des images alarmistes et des comparaisons grotesques – comme l’idée que les corps des sangliers abattus couvriraient à eux seuls 42 hectares – elle se place dans la pure manipulation de l’opinion. Le chiffre de 25 à 36 millions d’animaux sauvages tués chaque année est brandi comme une certitude « vertigineuse », alors qu’il est basé sur des approximations sans vérifications. La vidéo se garde bien de préciser que ces millions incluent des animaux d’élevage spécifiquement relâchés pour la chasse et dont la survie en milieu naturel est faible. Cette ambiguïté laisse volontairement le spectateur croire que chaque animal chassé représente une perte irréparable pour la faune sauvage, alors que beaucoup n’ont aucun impact sur les écosystèmes.
L’amalgame avec les populations sauvages : un mensonge
Les 20 millions d’animaux d’élevage lâchés pour la chasse chaque année (dont nous ne sommes pas fans ici), dont 14 millions de faisans et 5 millions de perdrix, sont volontairement mélangés aux chiffres des populations sauvages pour grossir le bilan des prélèvements. Ces animaux, lâchés pour le tir, ne survivent pas, majoritairement, en milieu sauvage et n’ont aucune contribution à la biodiversité. Les auteurs du rapport, ainsi que de la vidéo, jouent de cet amalgame, laissant croire à une destruction massive de populations sauvages, alors que la plupart des animaux d’élevage ont une durée de vie extrêmement limitée une fois relâchés. Ce manque de rigueur frôle la malhonnêteté : il met délibérément de côté la gestion responsable, pourtant en place, qui régule les prélèvements pour les espèces sauvages.
Des statistiques manipulées pour amplifier l’indignation
La vidéo s’acharne aussi à dramatiser la chasse d’espèces comme la marmotte ou la bécassine des marais, sans contextualiser les régulations qui encadrent ces prélèvements. Le choix des mots – « tuerie de masse », « destruction de la biodiversité » – est manifestement destiné à provoquer un choc émotionnel, et non à informer sur les réalités complexes de la gestion cynégétique. Il est impossible de considérer ce genre de discours comme une source crédible quand il ne vise qu’à créer une vision caricaturale de la chasse en France, en déformant les faits.
Gestion des ESOD : une vision complètement biaisée
Le rapport aborde également les espèces dites « nuisibles », comme les renards et les martres, en critiquant les régulations sans aucune mention de l’impact réel de ces espèces sur les milieux agricoles et la biodiversité locale. Ignorer l’importance de ces régulations dans certains écosystèmes fragiles relève de la malhonnêteté intellectuelle. Ces espèces jouent certes un rôle écologique, mais la gestion raisonnée de leurs populations vise précisément à préserver l’équilibre des territoires, souvent en proie aux déséquilibres provoqués par la surpopulation de certaines espèces. L’omission totale de ce contexte souligne encore le parti pris du rapport, qui préfère accuser les chasseurs sans aucune nuance.
Une tentative de manipulation sous couvert d’information
Ce rapport et la vidéo qui l’accompagne ne sont rien de plus qu’un exercice de manipulation. En omettant de distinguer les espèces d’élevage des populations sauvages, en gonflant les chiffres avec des projections non fondées, et en usant d’images chocs, les auteurs se servent d’un discours alarmiste pour avancer une idéologie anti-chasse sans fondement scientifique. Une véritable gestion durable nécessite de la rigueur, de la transparence et des données mises à jour. Tant que ces rapports continueront d’être fondés sur des biais aussi évidents et une approche émotionnelle et manipulatrice, ils ne feront que détourner l’opinion publique des véritables enjeux de la conservation et de la gestion raisonnée de la faune sauvage.
A voir en vidéo :
Frapper les esprits avec des chiffres aberrants pour générer du rejet… C’est toujours la même démarche, hélas !!!
le plus drôle c’est qu’ils relèvent la soit-disant ignorance des chasseurs. Ha bon, c est plutôt le contraire !!!!!!
Bien dit !
Rien que d’entendre la voix de la narratrice fait sortir les mouchoirs. Le malheur veut que ces vidéos touchent beaucoup de gens. Une contrepartie bien étayée serait la bienvenue. Action, réaction.