Chenilles processionnaires : un vrai danger 

Chasse Actu
date 07 mars 2025
author Léa Massey

Chenilles processionnaires : un danger rampant pour l’homme et l’animal. Urticantes et invasives, elles colonisent toute la France. Prudence !

Chaque année, elles réapparaissent, insidieuses et menaçantes : les chenilles processionnaires. Petites mais redoutables, elles prolifèrent partout en France, portées par le réchauffement climatique et l’évolution des paysages. Classées nuisibles depuis 2022, elles ne sont pas seulement une menace pour les arbres qu’elles dévorent, mais aussi pour la santé humaine et animale.

Une invasion silencieuse mais massive

Deux espèces de chenilles processionnaires sont présentes sur notre territoire : la chenille du pin (Thaumetopoea pityocampa) et celle du chêne (Thaumetopoea processionea). La première affectionne les conifères comme le pin sylvestre ou le cèdre de l’Atlas, tandis que la seconde s’installe sur les chênes. Leur nom vient de leur habitude de se déplacer en longues files indiennes, un comportement caractéristique qui les rend aisément identifiables.

Ces larves de papillons nocturnes passent la majorité de leur cycle de vie dans les arbres, où elles tissent des nids de soie blanche. Dès les beaux jours, elles descendent le long des troncs pour s’enfouir dans le sol et se transformer en chrysalides. Quelques semaines plus tard, les papillons adultes émergent, s’accouplent, et les femelles pondent de nouveaux œufs en haut des arbres, recommençant ainsi un cycle destructeur.

Un problème national aggravé par le climat

Autrefois limitées aux zones méditerranéennes et atlantiques, les chenilles processionnaires du pin remontent inexorablement vers le nord et l’est du pays depuis les années 1960. En cause : des hivers de plus en plus doux qui favorisent leur développement. L’Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique (ONERC) considère même leur progression comme un biomarqueur du changement climatique.

Aujourd’hui, il n’existe plus aucun département métropolitain épargné. La processionnaire du chêne, quant à elle, pullule principalement dans le nord-ouest, en Île-de-France et dans l’est du pays, où elle se multiplie depuis plusieurs décennies.

Un danger pour la santé humaine et animale

Contrairement à d’autres insectes nuisibles, les chenilles processionnaires ne piquent ni ne mordent. Leur arme redoutable ? Leurs poils microscopiques et urticants, remplis d’une toxine puissante : la thaumétopoéine. Ces poils se détachent facilement au moindre contact ou par simple courant d’air, devenant une menace invisible et persistante.

Pour l’homme, les risques sont multiples :

  • Irritations cutanées sévères : boutons, cloques et démangeaisons semblables à des brûlures.
  • Atteintes oculaires : rougeurs, gonflements, voire lésions de la cornée pouvant altérer la vision.
  • Troubles respiratoires : toux, crises d’asthme et gêne respiratoire en cas d’inhalation des poils volatils.
  • Réactions allergiques graves pouvant mener à des chocs anaphylactiques dans les cas les plus sévères.

Pour les animaux, notamment les chiens et les chats, le danger est encore plus critique :

  • Contact buccal : un chien curieux qui lèche une chenille peut subir une nécrose de la langue, parfois fatale.
  • Salivation excessive, œdème facial, détresse respiratoire : autant de signes qui doivent alerter.
  • Urgence vétérinaire impérative en cas de contact.
A lire aussi : Les chasseurs luttent contre les chenilles processionnaires

Même hors saison, le danger subsiste : les nids vides restent gorgés de poils urticants, qui se dispersent avec le vent ou lors de l’élagage des arbres infestés.

Se protéger efficacement contre ces envahisseuses

Face à cette menace rampante, il existe plusieurs mesures préventives :

Ne jamais toucher une chenille, ni un nid, ni un arbre infesté.
Éviter les zones à risque (forêts, parcs infestés) lors des périodes critiques (janvier à août selon l’espèce).
Porter des vêtements couvrants lors de promenades en nature.
Ne pas laisser sécher son linge dehors près d’arbres colonisés.
Être particulièrement vigilant avec les jeunes enfants et les animaux domestiques.
Faire appel à des professionnels pour l’élimination des nids.

En cas de contact suspect, une douche immédiate et un changement de vêtements sont recommandés. Pour toute réaction sévère (détresse respiratoire, œdème), il faut appeler immédiatement les secours (15, 112 ou 114 pour les personnes malentendantes).

Lutter contre l’invasion : une bataille en cours

Depuis leur classement parmi les espèces nuisibles, les autorités locales sont dans l’obligation de mettre en place des stratégies de lutte adaptées. Parmi les solutions les plus efficaces :

  • Les pièges à chenilles : installés autour des troncs, ils capturent les larves lors de leur descente.
  • Les nichoirs à mésanges et chauves-souris : ces prédateurs naturels raffolent des chenilles processionnaires et contribuent à leur régulation.
  • La lutte biologique avec le Bacillus thuringiensis, une bactérie naturelle qui tue les larves sans impact sur les autres espèces.
  • Les pièges à phéromones pour limiter la reproduction des papillons adultes.
  • L’élimination manuelle des nids par des spécialistes, qui les brûlent pour éviter la dispersion des poils urticants.

Il n’existe pas de solution miracle pour éradiquer totalement ces espèces envahissantes, mais une gestion intelligente et concertée permet de limiter leur prolifération.

Vigilance et action collective

Les chenilles processionnaires ne sont pas seulement un problème pour les forêts, elles représentent un véritable enjeu de santé publique. Leur progression sur le territoire français est un signal d’alerte sur les effets du réchauffement climatique et la nécessité d’adapter nos pratiques de gestion des espaces naturels. Face à cette menace rampante, la vigilance individuelle et les actions collectives restent nos meilleurs remparts.

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2 Commentaires :
  1. Bruckner daniel
    08/03/25

    Un combat qui n’intéresse visiblement pas les associations animalistes. Pourtant la biodiversité qui leur est tellement chère est en danger. En plus le chien du cousin Besson et les cerfs de l’autre, là, sont tous en danger.

  2. Marc
    09/03/25

    Chaque années nous avons droit à différents articles dans la presse écrite ou télévisée sur les chenilles processionnaires mais jamais on ne nous parles du papillon . Je crois que c’est un papillon de nuit mais … De quoi se nourrit-il , est-ce un pollinisateur comme la plupart des papillons ? Ces bestioles ne sont pas que des nuisibles , elles ont bien un rôle à jouer dans l’écosystème . Ce serait bien d’approfondir le sujet .

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