Lobbyiste de la chasse ou opportuniste ? Accusé de double jeu par nos confrères de Chassons.com, Thierry Coste répond sans détour à nos questions
Le 10 février 2025, Chassons.com publiait un article incendiaire signé Baudouin de Saint Léger, accusant Thierry Coste de vendre son influence au plus offrant, quitte à naviguer entre des intérêts contradictoires. Présenté comme un stratège de l’ombre, un homme d’influence aux alliances changeantes, le lobbyiste des chasseurs était décrit comme ayant monnayé ses services aussi bien pour la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) que pour la Fondation Assistance aux Animaux, une organisation affichant ouvertement des positions anti-chasse.
Le point central de l’attaque ? Une série de conventions signées entre 2015 et 2019, par lesquelles la Fondation Assistance aux Animaux aurait versé plus de 700 000 € à la société Lobbying & Stratégies, dirigée par Coste, pour des prestations de lobbying. Une somme qui, selon Chassons.com, jette une lumière troublante sur son positionnement. Comment un homme censé défendre les chasseurs peut-il, dans le même temps, conseiller une organisation qui milite contre eux ?
Le média va encore plus loin en dénonçant un « conflit d’intérêts manifeste », et en remettant en cause l’intégrité même du personnage. On l’accuse de tirer profit de chaque camp, d’être un opportuniste qui place l’argent au-dessus des convictions. L’article évoque également sa proximité autoproclamée avec plusieurs présidents français ainsi que son rôle supposé dans la chute de Nicolas Hulot.
Face à ces accusations, Thierry Coste a accepté de répondre sans détour à nos questions. Dans cette interview, il revient sur son rôle auprès de la Fondation Assistance aux Animaux, réfute les accusations de conflit d’intérêts et éclaire sa stratégie politique. Voici sa version des faits.
Chasses Eternelles : Thierry, aujourd’hui, c’est toi qui es sous les projecteurs. On te connaît comme l’homme des coulisses, celui qui défend la chasse auprès du pouvoir. Mais Chassons.com t’accuse d’avoir joué sur deux tableaux : travailler pour une fondation anti-chasse tout en étant rémunéré par la FNC. Un grand écart qui fait grincer des dents, au point que le média pose la question frontalement : doit-on encore faire confiance à Thierry Coste ?
Thierry Coste : Soyons clairs : mon métier ne repose pas uniquement sur la chasse. Et non, je ne suis pas financé par une fondation anti-chasse. Je travaille pour le monde cynégétique depuis 30 ans, c’est mon ADN. Je suis un défenseur acharné de la chasse, connu et reconnu comme tel par tous les politiques et organismes. Donc je ne sais pas quel est le crétin qui pourrait douter de ma détermination à défendre la chasse. Il suffit de regarder l’historique de mes actions pour voir que je suis sur tous les fronts ! Mais oui, je peux aussi collaborer avec des ONG de protection de la nature ou des organisations de protection animale qui ne sont pas sectaires. C’est une stratégie pertinente, on va en parler.
CE : Peux-tu détailler précisément ce que tu as fait pour cette fondation ? Parce que 700 000 €, ce n’est pas rien. Tu ne leur as pas simplement écrit une newsletter, j’imagine ?
Thierry Coste : Rien de ce que j’ai fait pour la Fondation Assistance aux Animaux n’a été confidentiel. J’en ai d’ailleurs consacré sept pages dans mon livre (Le plan secret de nos élites contre le monde rural – NDLR). Cette fondation n’est pas anti-chasse – même si certains de ses vétérinaires le sont. Elle n’a rien à voir avec Brigitte Bardot, 30 Millions d’Amis ou les anti-chasse de Bougrain-Dubourg ou de One Voice. Mon rôle était d’aider cette fondation à faire évoluer la réglementation afin que, comme les éleveurs, elle puisse soigner ses animaux en dehors du monopole vétérinaire. C’est la deuxième plus grande fondation de protection animale en France en nombre de dispensaires. C’est ainsi que j’ai commencé à travailler avec eux. À aucun moment, cette mission n’a été en contradiction avec la chasse.
CE : Alors pourquoi ces accusations, selon toi ?
Thierry Coste : Parce qu’on est dans un monde où personne ne vérifie rien. Pourquoi deux journaux ont-ils écrit ça ? (Thierry Coste fait référence à un article publié par Le Chasseur Français – NDLR) Parce qu’ils ne prennent même pas la peine de passer un coup de fil pour recouper leurs informations. Où est la déontologie journalistique quand on n’appelle même pas la personne concernée ?
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Depuis huit ans, Brigitte Bardot me considère comme ‘le lobbyiste de la mort’. Elle a rompu tout lien avec cette fondation en dénonçant ma présence. Bougrain-Dubourg et certains vétérinaires anti-chasse ont fait de même. La FNC (Fédération nationale des chasseurs – NDLR) était parfaitement au courant de ma mission pour cette association. C’était écrit noir sur blanc dans ma déclaration à la Haute Autorité, sur ma fiche Wikipédia, et dans mon livre. Depuis des années, dans mes centaines de débats contradictoires dans les médias avec des écolos, j’ai toujours affirmé que l’on pouvait être lobbyiste des chasseurs et lutter contre la maltraitance animale, en annonçant que j’étais lobbyiste de la Fondation Assistance aux Animaux. À chaque fois mes opposants étaient ridicules dans leur posture extrémistes. Cette fondation n’est pas idéologue, à la différence de la Fondation Brigitte Bardot, de 30 millions d’amis, de L214 et de One Voice.
CE : Parlons de ta stratégie et de ton influence politique. L’article de chassons.com insinue que tu as revendiqué – à tort – la chute de Nicolas Hulot. Qu’en est-il vraiment ?
Thierry Coste : Cette histoire est grotesque. Sans doute, la personne qui a écrit cet article n’a pas lu mon livre où j’expose l’affaire dans le détail. Ce qui m’étonne parce qu’elle en a pourtant fait la promotion. Cette histoire avait déjà été racontée dans d’autres livres, écrits par d’autres auteurs, qui décrivaient le clash provoqué par Hulot contre moi. C’est Nicolas Hulot lui-même qui a fait cette déclaration en direct sur France Inter le matin de sa démission. Il a dit mon nom, clairement : ‘C’est à cause de Thierry Coste.’ La journaliste a d’ailleurs précisé : ‘Vous parlez bien de Thierry Coste ?’ Ce n’était pas moi qui me vantais, c’était lui qui me désignait. Il s’en prenait à Emmanuel Macron, évidemment. Mais certains adorent réécrire l’histoire et me diaboliser. Ce sont des journalistes jaloux. La notoriété, ça attire forcément de l’animosité.
CE : On te reproche aussi ta proximité auto-proclamée avec plusieurs présidents français et même des régimes autoritaires. Jusqu’où va ton influence ?
Thierry Coste : Franchement, tout est dans mon livre ! J’y raconte tout en détail ! J’ai travaillé avec cinq présidents de la République. Si j’avais inventé quoi que ce soit, l’un d’eux l’aurait déjà démenti. Quant aux régimes autoritaires, soyons sérieux. Je suis lobbyiste. J’ai travaillé avec Poutine, Erdogan, Idriss Déby. C’est écrit sur ma fiche Wikipédia. J’ai toujours été transparent.
CE : Pour rester dans le domaine politique, on dit aussi que tu as saboté la campagne de Willy Schraen pour les européennes. Que réponds-tu ?
Thierry Coste : N’importe quoi. J’ai dit à Willy qu’il fallait vérifier si le contexte était favorable. J’ai vu que le RN avait occupé tout l’espace politique et que les gens voteraient plus pour leur pouvoir d’achat que pour leurs loisirs. Je lui ai dit qu’on allait droit dans le mur. Il n’a pas voulu écouter, j’ai quitté la campagne en décembre. Puis les journalistes sont venus me chercher pour demander pourquoi la liste n’existait plus. J’ai simplement répondu la vérité : je m’étais retiré. C’est tout.
CE : Après cette polémique, la FNC a-t-elle encore intérêt à travailler avec toi ?
Thierry Coste : Écoute bien : la confiance n’a jamais été remise en question. Le conseil d’administration et le bureau m’ont renouvelé leur confiance, comme toujours. Je continuerai à défendre la chasse et les campagnes. Certains me détestent parce que je suis là depuis longtemps, que je parle sans filtre, et que je dérange. Mais on ne peut pas nier que je suis efficace.
Un débat qui révèle un malaise plus profond
Au terme de cette interview, une chose est claire : Thierry Coste ne recule pas face aux attaques. Loin de s’excuser ou de jouer la carte de la défense, il assume pleinement sa stratégie et son rôle dans le paysage politique et cynégétique français. Il rejette les accusations de double jeu et de conflit d’intérêts en expliquant que sa collaboration avec la Fondation Assistance aux Animaux relevait d’une logique pragmatique et non d’un revirement idéologique.
Toutefois, cette polémique met en lumière une réalité plus large : la place du lobbying dans le monde de la chasse. Depuis plusieurs années, les chasseurs se battent sur le terrain médiatique et politique pour préserver leurs droits face à des attaques de plus en plus virulentes des mouvements animalistes. La question qui se pose alors est la suivante : un lobbyiste doit-il se cantonner à une cause unique, ou au contraire, doit-il jouer sur plusieurs tableaux pour être plus efficace ?
L’article de Chassons.com traduit aussi une inquiétude plus profonde au sein du monde cynégétique : celle d’un sentiment d’abandon ou de trahison face à un combat qui nécessite un front uni. Que l’on apprécie ou non la méthode Coste, il est indéniable qu’il reste un acteur incontournable du paysage cynégétique français, capable d’influencer les décisions politiques les plus stratégiques.
Reste à savoir si cet orage médiatique aura des répercussions sur son avenir au sein de la FNC, ce qui ne semble pas être le cas. Une chose est sûre : les attaques contre lui ne l’ont jamais fait reculer, et cette affaire ne semble pas près de changer la donne.
A voir en vidéo :
Les articles de chassons.com ont été, et sont souvent approximatifs voir carrément biaisé parfois même jusqu’à dire n’importe quoi, les personnes avec un minimum de sens critique se sont rendu compte que ce média tiens plus du torchon publicitaire que d’un bon journal cynégétique.
Un peu prétentieux,quelle influence sur le monde politique pour défendre la chasse,on perd tout,j aimerais qu il me cité une avancée par contre moi je peux lui faire celle des restrictions.,surtout avec ce qu il nous coûte.
Personnage charismatique difficile à cerner .
J’espère qu’il est vraiment de notre côté .
Il n’a jamais caché avoir pour seule motivation le montant de ses prestations. Pour avoir été, à plusieurs reprises, face à lui dans des débats, j’ai toujours été sidéré par la platitude de ses arguments. Je me rappelle même d’un sujet sur les animaux de zoos où, en arrivant sur le plateau, il a posé comme question « aujourd’hui je suis pour ou contre ? » par provocation sûrement, mais c’est tellement représentatif de ce qu’il est, une machine à fric sans foi ni loi.
Il n’a jamais caché avoir pour seule motivation le montant de ses prestations. Pour avoir été, à plusieurs reprises, face à lui dans des débats, j’ai toujours été sidéré par la platitude de ses arguments. Je me rappelle même d’un sujet sur les animaux de zoos où, en arrivant sur le plateau, il a posé comme question « aujourd’hui je suis pour ou contre ? » par provocation sûrement, mais c’est tellement représentatif de ce qu’il est, une machine à fric sans foi ni loi.
Le garçon est complexe. Sulfureux et provocateur c’est certain.