La mort du sanglier qui fait pleurer les mangeurs de viande

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date 12 mars 2024
author Richard sur Terre

Deux sangliers abattus « de jour, devant des enfants », et c’est toute l’histoire de notre vie moderne qu’on se prend dans le pif.

Depuis plusieurs mois, des sangliers se promènent près d’une résidence de Saint-Maximin, dans l’Oise. Ils ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan de suidés qui pullulent dans le département, tant et si bien que le préfet a décidé de faire appel à des lieutenants de louvèterie pour abattre les plus audacieux d’entre eux.

Une bonne chose ? Une mauvaise ? Je n’en sais rien, je ne connais pas la situation locale ni les dégâts occasionnés par les animaux en vadrouille. Toujours est-il qu’une opération d’abattage a été organisée.

Mais ce qui m’intéresse ici, c’est la réaction des habitants d’une part, et des animalistes d’autre part. Les premiers font part de leur émotion aux journalistes du Parisien, les seconds crient au scandale en tentant (quelle surprise) d’amalgamer la chasse à cet acte préfectoral, à l’image de Sandra Krief du Parti Animaliste, une rompue à l’exercice :

Et moi de poser une question : qu’a-t-il donc fallu à notre espèce pour qu’elle se goinfre de viande « tuée par les autres » tout en pleurant la mort d’un sanglier ? Vont-ils aller noyer leur tristesse dans un fast-food avec de la viande « garantie sans vision de la mort » ?

Ce que révèle cet épisode (pour la énième fois), c’est que les humains sont coupés de leur alimentation. Et de cet aveuglement, découle une totale mise à l’écart de la mort des animaux.

Lâcher deux cordons bleus dans une poêle est un acte tellement banal qu’il n’émeut personne. Pourtant, derrière, il y a des animaux qui ont dû être abattus. Cette conscience disparue est un drame. Pour les humains, et pour les animaux qu’ils élèvent.

C’est pour ça que les humains chasseurs entourent la mise à mort de rituels. Ces fameux « honneurs rendus au gibier », brocardés à l’envi par les anti-chasse, sont une manière de reconnaître l’individu qui vient de mourir. Ils sont aussi une manière de ne pas banaliser un acte fort, ancestral, et commun à tous les peuples.

Et le monde moderne. Biberonné au « bien-être animal » mais qui se goinfre de viande de batterie. Paradoxe très bien illustré par ce fait divers.

La viande n’est plus associée, dans nos sociétés modernes, à la mort d’un animal. Elle est un produit qu’on jette dans un caddy de supermarché, au milieu de la pâte à tartiner « sans huile de palme » parce que vous comprenez les orang-outans tout ça.

Et après, bien au chaud, à l’abri de leur ignorance des conséquences de leurs habitudes de consommations, les humains pleurent à la vue d’un sanglier qui meure. Triste réalité d’un monde en béton et de ses habitants réduits à ne considérer la nature que dans ses représentations accessibles.

Je sais que mon rapport à la mort me vient de la chasse. C’est peut-être pour ça que je ne mets pas les pieds dans les fast-foods, que je m’applique à manger la viande de ma chasse et celle des éleveurs dont JE SAIS qu’ils prennent soin de leurs animaux avec le respect qui leur est dû.

Peut-être ne pleuré-je pas à la vue d’un sanglier blessé. Parce que j’en ai vu d’autres. Mais j’ai conscience, tous les jours, que ma consommation de viande tue. Et cette conscience m’oblige.

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9 Commentaires :
  1. Servien
    12/03/24

    C’est juste un coup de pub : »Le 9 juin votez pour « oin.oin » c’est ce que l’on voit en fin de leur article, c’est moins fatiguant que d’aller coller des affiches.

  2. Deuch
    12/03/24

    Il faut forcément qu’une bête meurt pour avoir de la viande elle ne naît pas en barquettes sous cellophane quand aux pseudo protecteur des animaux tout est bon pour attaquer la chasse

  3. Edouard
    12/03/24

    Loin des yeux, loin du cœur, c’est tout le drame de notre société.
    Et une vision de la mort et de la souffrance complètement biaisée.
    Il suffit d’entendre les cries poussés par « maman chacha » quand son gentil matou lui ramène fièrement sa souris.
    Pourquoi fait on autant de « pub » pour l’euthanasie ?

    1. fugier
      13/03/24

      on peut tuer loin des habitations zut, ily a tant d’accidents de chasse déjà dangereux !!!!!!

  4. Françoise
    13/03/24

    Peut-être faudrait-il envisager une forme de pédagogie qui ferait connaître, sans être trop agressive, cette réalité de la mort nécessaire pour que la vie continue. Tout le monde n’à pas de papa ni de papi chasseur. Cette connaissance, il faut bien qu’elle vienne de quelque part…

  5. serge
    13/03/24

    Peut-être faudrait il dans les cours d’éducation civique introduire la liste des services de l’état et dire que le préfet a à sa disposition des équipes un peu particulières comme les lieutenants de louveterie, qui ne sont pas des chasseurs au sens entendu par nombres d’urbains. L’humain est déconnecté de sa nourriture au point d’aller en boucherie parce que là au moins je ne tue pas un animal. Le steak de soja n’est pas un steak, c’est du soja. Du lait d’amande ce n’est pas du lait, c’est un jus à base de végétal etc… Allez au salon de l’agriculture et vous constaterez que les vaches produisent du lait et que l’industrie fabrique des briques où le lait est versé. Les lardons vendus sous vide sont issus d’un animal mort et élevé dans ce but. Dans l’océan ce n’est pas Marcel FINDUS qui pêche des poissons carrés et déjà parés de chapelure, les marins pêcheurs attrapent des poissons vivants qui sont tués et transformés. De grâce, passez un peu de temps à la campagne pour ramasser des champignons, des escargots discutez avec des pécheurs des chasseurs mettez les pieds dans la terre…

    1. Michaël Huss
      08/05/24

      Complètement d’accord avec vous et Françoise.

  6. serge
    13/05/24

    Enfant j’aidais mon père et ma mère lors de journées où nous tuions des poulets et des canards pour mettre au congélateur. Chaque année j’étais chez Maurice, le grand père voisin qui tuait le cochon en novembre. La mort est une réalité, celle des hommes et des animaux. La barquette de lardons ne pousse pas dans les arbres, la rondelle de saucisson de Corse si fièrement ramenée de vacances est composée de porc, enfin il me semble. Le saucisson n’est pas une extraction d l’animal comme le lait ou la laine. C’est bien avec la mort de l’animal que la rondelle de saucisson se fabrique et c’est si bien à l’apéro. Un steak de soja, pourquoi un steak si il n’y a pas de viande ? Tout un monde rural et réel où les gosses allaient dans les champs les bois à la chasse avec papi et à la pêche est disparu et le nouveau monde ne me dit rien. Je ne me résoudrai pas à vivre dans une sphère aseptique entouré de théoriciens obscures.

  7. Jc
    14/05/24

    Tout à fait en phase avec Serge, même si mon rapport à la mort ne vient pas de la chasse ou de la ruralité mais de celle de proches quand j’étais minot.
    En revanche je n’ai pas compris le rapport entre l’huile de palme et les orang-outans ^_^

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