Un sondage IFOP commandé par 30 Millions d’Amis affirme que 78 % des Français veulent interdire la chasse le dimanche. Problème : les biais sont partout.
En janvier 2025, l’IFOP a mené un sondage pour 30 Millions d’Amis, dans le cadre de son étude annuelle sur le bien-être animal. L’enquête a été réalisée auprès de 1 515 personnes, sélectionnées selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession, région, type d’agglomération), et administrée en ligne sur deux jours.
L’objectif ? Mesurer (pour ce qui nous occupe) l’opinion des Français sur plusieurs restrictions liées à la chasse, notamment son interdiction le dimanche, pendant les vacances scolaires et les jours fériés. Les résultats annoncés sont massifs : 78 % des sondés se disent favorables à une interdiction dominicale, et des taux similaires sont relevés pour les autres périodes.
Présenté comme un baromètre de l’opinion publique, ce sondage est en réalité un outil militant bien rodé. Entre formulation biaisée des questions, effet d’accumulation et absence de mise en contexte, cette enquête oriente subtilement les réponses pour appuyer des revendications anti-chasse. Décryptage.
Un sondage orienté par son commanditaire
L’association 30 Millions d’Amis est connue pour ses positions anti-chasse, ce qui pose la question de l’objectivité de l’étude. Dans ce contexte, la formulation des questions devient un élément central de l’analyse.
Les questions du sondage insistent sur le fait que la nature est « très fréquentée par des familles, randonneurs, joggeurs, cyclistes, cavaliers », plaçant immédiatement la chasse en opposition avec ces autres usages. Le choix du terme « période de repos », plutôt que « période d’affluence dans la nature » ou « jours spécifiques », oriente la perception du répondant en suggérant que la chasse est une source de perturbation.
Un échantillon peu détaillé sur les populations rurales et cynégétiques
Le sondage a été réalisé auprès d’un échantillon de 1 515 personnes, représentatif de la population française adulte. Cependant, il ne précise pas la part des ruraux et des chasseurs interrogés. Or, une analyse fine de l’opinion publique sur la chasse nécessiterait une distinction entre les urbains, souvent plus éloignés des réalités cynégétiques, et les ruraux, pour qui la chasse est une activité ancrée dans la culture locale.
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L’absence de pondération en fonction des zones géographiques peut donc biaiser les résultats en faveur d’une opinion majoritairement citadine et potentiellement plus critique à l’égard de la chasse.
Un effet d’accumulation amplifiant les réponses négatives
Le questionnaire ne se limite pas à une seule question sur l’interdiction de la chasse le dimanche, mais propose trois scénarios cumulables :
- Interdiction durant les vacances scolaires
- Interdiction les week-ends et jours fériés
- Interdiction du dimanche
Chaque nouvelle proposition renforce l’idée que la chasse est un problème et pousse les répondants à une réponse cohérente avec les précédentes. Un répondant ayant déjà répondu favorablement à l’interdiction durant les vacances scolaires aura tendance à répondre de la même façon pour les week-ends et le dimanche, par effet de logique et de cohérence interne.
Cet effet d’accumulation gonfle artificiellement l’adhésion aux interdictions, sans pour autant refléter une opposition radicale à la chasse en général.
Une absence de mise en contexte des restrictions déjà en place
Le sondage ne rappelle à aucun moment que la chasse est déjà fortement réglementée en France, avec des périodes de fermeture, des quotas de prélèvements et des restrictions locales.
En l’absence de cette information, les répondants peuvent avoir l’impression que la chasse est pratiquée sans aucune contrainte toute l’année, ce qui peut les inciter à exprimer une opinion plus défavorable.
Une communication orchestrée pour manipuler l’opinion
La possibilité de chasser 7j/7 en saison cynégétique perturbe grandement les ruraux. Afin de préserver leur sécurité et donner un peu de répit à la faune sauvage, près de 8 Français sur 10 souhaitent le dimanche sans chasse [Baromètre Fondation #30millionsdamis / @IfopOpinion]. pic.twitter.com/3r13jBCDeb
— Fondation 30 Millions d'Amis (@30millionsdamis) February 9, 2025
L’exploitation du sondage par 30 Millions d’Amis pousse encore plus loin la manipulation. Leur tweet officiel présente :
Un cadrage anxiogène : la chasse « perturberait grandement les ruraux » et mettrait en danger leur sécurité. Aucune donnée ne vient appuyer cette affirmation.
Un visuel trompeur : un chasseur en action, un faisan en vol et un slogan rouge agressif pour accentuer un sentiment de menace immédiate.
Un usage des chiffres biaisé : « 8 Français sur 10 » regroupe les réponses « plutôt favorables » et « très favorables » sans distinction, masquant la réalité d’une opinion plus nuancée.
👉 L’objectif n’est pas d’informer, mais d’alimenter un climat anti-chasse en simplifiant le débat à un faux duel « chasseurs vs nature et promeneurs ».
Une utilisation militante des résultats
Ce sondage est un outil de communication pour 30 Millions d’Amis, destiné à soutenir des revendications anti-chasse. Il ne cherche pas à apporter une vision équilibrée du débat, en omettant des éléments clés comme le rôle de la chasse dans la gestion de la faune, son impact économique ou son importance culturelle dans certaines régions.
Conclusion : un sondage à visée militante plus qu’un véritable baromètre
Ce sondage illustre bien comment un questionnaire peut être formulé de manière à orienter les réponses dans une direction donnée. Entre la formulation biaisée des questions, l’effet d’accumulation, l’absence de distinction entre urbains et ruraux et le manque de mise en contexte des réglementations existantes, il apparaît plus comme un outil militant que comme une enquête objective sur l’opinion publique.
Plutôt que de se fier aveuglément à ce type de sondage, un véritable débat sur la chasse en France devrait inclure toutes les perspectives, en tenant compte des réalités du terrain, des enjeux écologiques et des dimensions socio-économiques.
A voir en vidéo :
Que la fédération nationale commande le même et on verra la différence.
Bonjour, le ou les sondages devraient se faire avec les personnes concernées directement(pas ceux dans leurs canapés devant la télé le dimanche), dans mon secteur, nous saluons les promeneurs et cyclistes,qui nous renvois la pareille,pas de problème, les problèmes viennent d’antis chasse notoires,qui pour certains font exprès de venir à la confrontation avec des provocations. Les sondages et d’ailleurs les référendums sont compliqués pour le peuple Français toujours prêts à la contradiction et Jamais contents,comme disait quelqu’un « comment peut-on gouverner un pays avec 246 variétés de fromages »(en vérité bien plus).
Esque 30 millions d’amis à dit aux personnes sondé que si ont interdit la chasse le dimanche il ne pourront plus se promener dans 80% des bois tout les jours de la semaine car vus que l’on paye des impôts comme propriétaire ont peut accepter chez nous qui ont veut se qui serait vraiment dommage pour la majorité des personnes qui ne font pas d’histoire et avec les quelles nous avons de très bons rapports
Tout a fait d’accord avec vous il faudrait commencer par la! Je suis pas chasseur et je remercie les chasseurs de samedi qui m’ont présenté leurs chiens de chasse,et remercie le propriétaire qui a toléré ma présence sur sont terrain !
Pourquoi ne pas interdire les promenades le dimanche dans les bois (75 % de la forêt est privée) pour la quiétude des animaux. Les sangliers déjà en périphérie des zones urbaines pourraient être contemplés sur les parking de IKEA et le midi manger au self. Hein, pourquoi pas ?
Si un jour on réglementer les sondages avec des questions nettes , franches et claires , il n’y aurait plus de sondages puisqu’on ne pourrait plus influencer les sondés donc les réponses . Je crois que les sondages sont fait pour apporter de l’eau au moulin de celui qui l’a commandé .